Le Sachez Tu !?
L'art "Pompier"
Mais pourquoi ce qualificatif si méprisant ?
(C'est d'ailleurs bien snob de mépriser les courageux pompiers...)
un art ultra académique, figuratif, opposé aux "modernes",
aux impressionnistes, eux-mêmes vite snobés par les post-impressionnistes, pointillistes, fauvistes, cubistes... eux-mêmes détrônés bientôt par les non figuratifs !
Comme si l'art était affaire de mode, et de "-isme" intellectualisé...
d'avant-gardistes faisant du passé, table rase...
D'où vient cette appellation ?
La peinture académique représente des sujets "pompeux" (du latin pumpa, procession) sujets grandiloquents et historiques, où grecs et romains, guerroient, nus, mais armés, et dont le casque, brillant au soleil de Rome, Carthage ou Athènes est objet de moquerie des mouvements plus novateurs.
Ces mouvements s'intéressent davantage à "l'impression" (le mot est lâché), à la sensation, qu'à la précision du trait, la justesse de la composition et des proportions, aux effets de brillance, se moquant des lignes de fuites et des raccourcis ...
D'autres plus médisants encore, vaniteux et condescendants, auraient émis la supposition que ce genre de tableaux, "pompeux" était admiré par les pompiers casqués, ceux gardant les salles d'expositions (ceux qui fument ) et tout juste bons à être accrochés dans leur humble logis pour décorer le dessus de leur buffet...
Cette appellation a englobé, aussi, par la suite, les scènes de "genre" dont on raffolait sous le second empire, amalgamant ainsi tout ce que l'on trouvait mièvre, "kitch", ringard, archaïque, arriéré, démodé, dépassé, désuet, périmé !
C'est oublier que les générations poussent les plus anciennes pour se faire de la place, et que l'on finit toujours par être le "démodé" de quelqu'un d'autre....
Le plus étonnant c'est que cet art "kitsch, pompier", fut, déjà en son temps une contestation !
En effet, le "Salon des refusés" eut lieu à Paris en 1863 en marge du Salon officiel, et constitué de 1 200 œuvres refusées, mais choisies ("repéchées") par Napoléon III et Viollet-le-Duc, dont "Le déjeuner sur l'herbe de Manet" qui faisait scandale.
L'empereur jugeait que le jury officiel était trop sévère :
ce jury avait refusé 3 000 œuvres sur les 5 000 présentées !
Aujourd'hui, on redécouvre le charme du passé et la douceur de la nostalgie, on se laisse attendrir par le démodé :
ce qui compte, finalement, c'est l'émotion...
(Et puis moi, le pompier, ça m'enflamme !)
Ci-dessous :
1) -Jacques-Louis David
(et pas Jean Louis, le coiffeur... )
Les Sabines arrêtant le combat entre les Romains et les Sabins, 1799
2)- Jacques-Louis David 1814 (Louvre)
Léonidas aux Thermopyles
Ce style de peinture fut qualifié de "style pompier", à la suite d'une réplique d'un vaudeville, "La soeur de Jocrisse" , pièce comique de 1841 où l'on trouve cette réflexion, prononcée en regardant le tableau :
"Passage des Thermopyles ! Ah C’te bêtise !
Ils se battent tout nus ! ...Ah ! non, non, ils ont des casques…
c’est peut-être des pompiers qui se couchent".
Puis Théodore de Blainville en repris l'idée l'année suivante, en 1842, dans ses "Contes féeriques" :
« Les Romains bizarres du grand peintre David, qui du les faire ainsi nus et coiffés de casques, éveillèrent tout de suite l’idée du “pompier qui se déshabille” »
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
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