Le sachez tu !? :o Chronique Ă©tymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique Ă©tymologique et culturelle par Laurence Chalon

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mardi 9 mai 2023

Le Sachez Tu !? 😼 L'art "Pompier" de "Passage des Thermopyles ! Les pompiers qui se couchent".

 Le Sachez Tu !?

😼 L'art "Pompier"
Mais pourquoi ce qualificatif si méprisant ?
(C'est d'ailleurs bien snob de mépriser les courageux pompiers...)
On sait ce que cela désigne :
un art ultra académique, figuratif, opposé aux "modernes",
aux impressionnistes, eux-mĂȘmes vite snobĂ©s par les post-impressionnistes, pointillistes, fauvistes, cubistes... eux-mĂȘmes dĂ©trĂŽnĂ©s bientĂŽt par les non figuratifs !
Comme si l'art était affaire de mode, et de "-isme" intellectualisé...
d'avant-gardistes faisant du passé, table rase...
D'oĂč vient cette appellation ?
La peinture acadĂ©mique reprĂ©sente des sujets "pompeux" (du latin pumpa, procession) sujets grandiloquents et historiques, oĂč grecs et romains, guerroient, nus, mais armĂ©s, et dont le casque, brillant au soleil de Rome, Carthage ou AthĂšnes est objet de moquerie des mouvements plus novateurs.
Ces mouvements s'intéressent davantage à "l'impression" (le mot est lùché), à la sensation, qu'à la précision du trait, la justesse de la composition et des proportions, aux effets de brillance, se moquant des lignes de fuites et des raccourcis ...
D'autres plus mĂ©disants encore, vaniteux et condescendants, auraient Ă©mis la supposition que ce genre de tableaux, "pompeux" Ă©tait admirĂ© par les pompiers casquĂ©s, ceux gardant les salles d'expositions (ceux qui fument 😉 ) et tout juste bons Ă  ĂȘtre accrochĂ©s dans leur humble logis pour dĂ©corer le dessus de leur buffet...
Cette appellation a englobé, aussi, par la suite, les scÚnes de "genre" dont on raffolait sous le second empire, amalgamant ainsi tout ce que l'on trouvait miÚvre, "kitch", ringard, archaïque, arriéré, démodé, dépassé, désuet, périmé !
C'est oublier que les gĂ©nĂ©rations poussent les plus anciennes pour se faire de la place, et que l'on finit toujours par ĂȘtre le "dĂ©modĂ©" de quelqu'un d'autre....
Le plus étonnant c'est que cet art "kitsch, pompier", fut, déjà en son temps une contestation !
En effet, le "Salon des refusĂ©s" eut lieu Ă  Paris en 1863 en marge du Salon officiel, et constituĂ© de 1 200 Ɠuvres refusĂ©es, mais choisies ("repĂ©chĂ©es") par NapolĂ©on III et Viollet-le-Duc, dont "Le dĂ©jeuner sur l'herbe de Manet" qui faisait scandale.
L'empereur jugeait que le jury officiel était trop sévÚre :
ce jury avait refusĂ© 3 000 Ɠuvres sur les 5 000 prĂ©sentĂ©es !
Aujourd'hui, on redécouvre le charme du passé et la douceur de la nostalgie, on se laisse attendrir par le démodé :
ce qui compte, finalement, c'est l'Ă©motion...
(Et puis moi, le pompier, ça m'enflamme !)
Ci-dessous :
1) -Jacques-Louis David
(et pas Jean Louis, le coiffeur... )
Les Sabines arrĂȘtant le combat entre les Romains et les Sabins, 1799
2)- Jacques-Louis David 1814 (Louvre)
LĂ©onidas aux Thermopyles
Ce style de peinture fut qualifiĂ© de "style pompier", Ă  la suite d'une rĂ©plique d'un vaudeville, "La soeur de Jocrisse" , piĂšce comique de 1841 oĂč l'on trouve cette rĂ©flexion, prononcĂ©e en regardant le tableau :
"Passage des Thermopyles ! Ah C’te bĂȘtise !
Ils se battent tout nus ! ...Ah ! non, non, ils ont des casques…
c’est peut-ĂȘtre des pompiers qui se couchent".
Puis Théodore de Blainville en repris l'idée l'année suivante, en 1842, dans ses "Contes féeriques" :
« Les Romains bizarres du grand peintre David, qui du les faire ainsi nus et coiffĂ©s de casques, Ă©veillĂšrent tout de suite l’idĂ©e du “pompier qui se dĂ©shabille” »
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
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