Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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mardi 15 octobre 2024

Le Sachez Tu !? 😮 Talion : du latin tālĭo, tālĭōnis dérivé de talis signifiant "tel"

 Le Sachez Tu !?

😮 Talion
Oui, cette loi nous dit à tous quelque chose :
"Oeil pour oeil, dent pour dent"...
Les plus érudits, ceux qui ont lu Exode, chapitre 21, verset 23, savent même qu'il y a une suite :
"main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, plaie pour plaie..."
Les "Happy Few" savent même que cette loi du talion a été, en fait, recopiée du Code de Hammurabi, premier texte juridique babylonien, datant de 1750 avant J.-C.
Hammourabi, celui qui promulgua ce premier répertoire des "peines planchers" fut le sixième roi de Babylone, et régna de - 1792 à - 1750.
Hammourabi fit de Babylone, le phare des métropoles de la Mésopotamie, bien avant Nabuchodonosor II et ses jardins suspendus.
(Bonus gratuit :
Μεσοποταμία Mesopotamía, de μέσος mésos, « entre» + ποταμός potamós, « fleuves », soit entre le Tigre et l'Euphrate)
L'intérêt de cette loi claire, outre de calmer certains, était surtout d'éviter les vendettas et vengeances familiales qui pouvait perdurer sur des générations.
Et "Talion", alors !? me direz vous.
Non, ce n'est ni un roi, ni un pays...
Talion est beaucoup plus tardif que le code d'Hammurabi, puisque le mot date de la traduction de la bible en latin, et vient du latin tālĭo, tālĭōnis dérivé de talis signifiant "tel", "idem", "pareil", "kif kif"
et c'est bien le sens de cette loi...
Ci-dessous :
Jacob Grimmer (entre 1525 et 1592) ou école de Grimmer
Tour de Babel
L'histoire de cette tour, qui figure dans la bible, a sous doute été inspirée par la construction d'une ziggurat de sept étages dédiée au dieu Mardouk à Babylone, dont les reste ont été retrouvé à Etemenanki.
Le mythe de cette tour inachevée, parce que les ouvriers parlant différentes langues et ne se comprenaient pas, vient sans doute d'une simple erreur de traduction ("lost in translation").
En akkadien, langue du règne de Hammurabi sous lequel fut construit cette tour, "Bāb-ilani" ou Bab ilim signifie « la porte de Dieu » ou "porte des Dieux"
("Bab" signifie toujours "porte" en arabe).
Mais ce récit, transcrit en hébreu, prend un autre sens puisque la racine hébraïque BaLaL, signifie « bredouiller », « confondre ».
Cette erreur de traduction aurait pu alimenter le mythe de la construction d'une immense tour "orgueilleuse", allant jusqu'au ciel, (évidemment, pour les Hébreux, celle du peule voisin babylonien).
La multiplicité des origines des ouvriers et esclaves, venus de partout, et aux dialectes différents, aurait rendu difficile la compréhension des consignes.
Dans le mythe, Dieu aurait puni les architectes orgueilleux (et le commanditaire) en faisant écrouler la tour, avant qu'elle n'atteigne le ciel.
Il semblerait que la tour n'ait pas été achevée et se soit écroulée avant la fin de la construction...
Un problème d'architecture plutôt que de sabir des ouvriers, sans doute...
Néanmoins, le mythe s'est répété et c'est bien une simple confusion entre les inches et les mètres qui est à l'origine de la perte en 1999, de la sonde "Mars Climate Orbiter", un engin de 120 millions de dollars, qui comme Icare, s'étant trop rapproché du soleil, se brûla les ailes...
Décidemment, les mythes on la vie dure... 😉

lundi 14 octobre 2024

Le Sachez Tu !? 😮 monde et immonde : immundus : impur, mot à mot : "hors du monde",

 Le Sachez Tu !? 

😮 monde et immonde :
Encore deux mots qui ont un lien inattendu...
Immonde vient du latin immundus, signifiant impur, sale, mot à mot : "hors du monde", de mundus, monde.

Mundus signifiait également, initialement, "ornement", "bon arrangement", "ordre".

On peut faire le parallèle avec κόσμος, kósmos, vu récemment, qui a évolué du sens de "en ordre", "beau" (cosmétique) vers celui de "monde", "univers".

La « bête immonde » est une réplique de la pièce "La Résistible Ascension d'Arturo Ui", satire de l'ascension d'Adolf Hitler,
écrite par Bertolt Brecht en 1941.

La "bête immonde" désignait donc le nazisme (dans la traduction américaine seulement), mais on retrouve déjà la métaphore de la "bête immonde" (mad brute) pour désigner Guillaume II, l'empereur allemand, dès la première guerre mondiale, en Amérique, où il est représenté en gorille sur des affiches de propagande.

Ci-dessous :
Harry Ryle Hopps (1869-1937)
"Destroy This Mad Brute, Enlist"
« Détruisez cette brute enragée, enrôlez vous »
affiche de propagande américaine de 1917 pour enrôler des recrues.

Cette affiche, qui inspirera le film "King Kong", est elle même inspirée de la sculpture d'Emmanuel Frémiet,
"Gorille enlevant une femme" (1887).

L'ennemi allemand est un gorille coiffé d'un casque à pointe prussien avec l'inscription Militarism, les moustaches blondes du Kaiser Guillaume II, tenant un gourdin avec l'inscription "Kultur" et enlevant une femme nue ressemblant à la statue de la Liberté.
Au sol : "America", au loin : l'Europe en ruine.

Copyright Laurence Chalon 2019
Le partage est bienvenu,
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Retrouvez toutes mes étymologie sur ma page : "Le Sachez tu ? 😮 Chronique étymologique et culturelle" 

Le Sachez Tu !? Nigaud de Nicodème, un disciple de Jésus

 Le Sachez Tu !? Nigaud et Nicodème

Saviez vous que notre "nigaud" est une antonomase (nom commun venu d'un nom propre) du personnage biblique de Nicodème !?

Nigaud est aussi une "apocope" (abréviation)
puisque les deux dernières syllabes ont disparu
(comme télé..vision).

Nicodème est, en fait, un des premiers disciples de Jésus, cité trois fois dans l'évangile de Jean, venant de nuit pour le rencontrer.

Ce riche pharisien, juif religieux fervent, était même l'un des soixante et onze sages de l'assemblée législative d’Israël, nommée le "Sanhédrin".

Mais dans l'Evangile, Nicodème a marqué plutôt par ses questions naïves à Jésus, des questions candides, niaises, même, parfois...

Par exemple, quand Jésus lui explique que le baptême sera une "renaissance", Nicodème le prend au pied de la lettre, et demande : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ?
Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? »
(Jean, chapitre 3, verset 1)

Quant au prénom "Nicodème", lui-même, il vient du latin Nicodemus, calqué sur Νικόδημος, Nikódēmos, "victoire du peuple" que l'on peut décomposer en :
- νίκη, níkē (victoire, avec vos chaussures) +
- δῆμος, dêmos (peuple).

Nota benêt.e :
lorsque vous voyez, dans des wc publics :
"Nike la police", (ou ta mère) il ne s'agit pas de :
"Victoire de la police" (ou de ta mère), mais de l'arabe populaire نك nik, (couvrir la femelle), de نكاح nikāḥ (coït),
lui même issu de "forniquer" du latin fornicari,
issu de fornix (voûte, arcade) et par extension « prostituée ».

Accessoirement, ce genre de graffiti méritent quelques coups de pieds au cul, avec ou sans Nike...

Ouf...
(Je me demande comment, en partant de l'évangile de Nicodème, j'ai pu en arriver jusqu'à "niquer", moi !..) 😃

Ci-dessous :
Jacob Jordaens (1593–1678)
peintre flamand, né à Anvers, élève de Adam van Noort,
successeur et contemporain de Rubens et Anthony van Dyck
"Jésus instruisant Nicodème".

La petite lampe à huile qui éclaire le visage de Nicodème, dans l'ombre, symbolise la lumière qui se fait subitement dans l'esprit de celui-ci, après les explications de Jésus, alors qu'il était dans le noir...

Comme toujours, la multiplicité des mains, dans des poses variées, semblant se mélanger et s'étreindre, représente les échanges verbaux, et figurent les questions et réponses entre les personnages.

La richesse de Nicodème apparait dans ses luxueux habits.

Tous droits réservés Laurence Chalon 2019
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Théodore Géricault

 Théodore Géricault n'a pas peint que le "Radeau de la Méduse", en 1819 , et tant s'en faut :

il a exécuté de nombreux portraits saisissants et, passionné de chevaux, de nombreuses peintures équestres.
Le malheureux Théodore Géricault est mort à seulement 32 ans : encore un qui aurait pu encore apporter beaucoup au monde de l'art, s'il n'avait eu la vie dissolue qui l'a conduit si jeune à la mort.
Il est justement mort d'une de ses nombreuses chutes de cheval, à Paris, car il adorait dompter des chevaux fougueux.
Cette dernière chute fatale lui brisa la colonne vertébrale et son agonie dura six mois.

Mais il est vraisemblable que son état de faiblesse fut surtout provoqué par une maladie vénérienne...

Entre autres frasques, Théodore, logé quelques temps chez son oncle maternel, le banquier et collectionneur Jean-Baptiste Caruel, Baron de Favreuse (1757-1847), s'éprit d' Alexandrine Modeste de St Martin (1785-1875) la toute jeune épouse de son oncle, de vingt-huit ans la cadette de son vieux bar(b)on de mari.

De la relation quasi incestueuse qui dura plusieurs années, entre Théodore et Alexandrine, naquit un fils illégitime :
Georges Hippolyte (1818-1882), déclaré à sa naissance comme le fils de la bonne, Suzanne, et de père inconnu.

Cette naissance fut évidemment un scandale familial.
(Notons que Hyppolyte signifie "qui aime les chevaux" 😉 )

À la mort de Géricault, malade, banni, ruiné, en 1824, son fils illégitime, Georges Hippolyte, alors âgé de six ans, fut reconnu de justesse, par le père de l'artiste, son grand père donc, Georges-Nicolas Géricault (1743-1826).

Il retrouva ainsi son nom, mais sans avoir jamais connu son vrai père, que par ses autoportraits qu'il admirait, et en perdant aussi son grand-père juste deux ans plus tard.
Triste vie aussi, puisque Georges Hippolyte fut retrouvé seul, le 31 décembre 1882, mort à 64 ans, dans une petite chambre d'un hôtel de Bayeux, après avoir fait ériger un tombeau à un illustre père qui ne l'avait même pas reconnu...

Quel naufrage... 😉

Quant à la belle Alexandrine, peinte plusieurs fois par Gericault, et ici sous le nom de "Suzanne" (et les vieillards ?) elle était morte le 9 août 1875 à l'âge vénérable pour l'époque de 90 ans.

Ses deux fils légitimes firent une magnifique carrière dans le tabac, la banque et la politique.

(Partage bienvenu,
mais reproduction du texte, même partielle et sans le nom de l'auteur, interdite) 



Le Sachez Tu !? 😮 Squale et desquamer du latin squalus, signifiant âpre "squama" écaille

 Le Sachez Tu !? 

😮 Squale et desquamer
C'est la fin de l'été, avec les "coquillages et crustacés qui s'en sont allés", il faut affronter un autre moment tragique :
la desquamation..

Tout votre beau bronzage s'effrite en petites peaux immondes...

Mais auriez vous imaginé que squale et desquamer viennent du même mot latin !?..

(Heureusement, super étymo-Lolo est là, et vous allez encore apprendre quelque chose de passionnant, n'ayons pas peur des mots...)

Squale vient du latin squalus, signifiant âpre, hérissé, sale, à cause de la peau du requin ou "chien de mer", si raboteuse qu'elle sert à polir le bois.

Desquamer, lui, vient du verbe latin desquamare (écailler) ou
de+squamare, enlever les "squama" (écaille),
apparenté à squāleo ( être rugueux ) de l'adjectif squālus (malpropre, rugueux).

Et voilà, pas plus compliqué que cela...

Requin, lui, viendrait de quin, forme normande de "chien" et/ou de l'ancien français reschin « grincheux » et du verbe reschignier (regimber, ruer, montrer les dents comme un chien), allusion au chien de mer aux crocs acérées qu'on retrouve dans l'anglais
« dogfish sharks » (Requins poissons chiens) et
l'italien pescecane (poisson chien).

Quant à "sarcastique", nous avons déjà vu que ce mot vient de σαρκάζω, sarkazô (arracher la chair, montrer les dents), et de σάρξ sarks (chair) qui a donné sarco-phage (qui mange les chairs, comme les bébés-requins).

Surprenant, isn't it ? 😃

Maintenant, quand vous verrez des requins sarcastiques montrer leurs crocs de chien devant votre desquamation post-estivale, vous saurez pourquoi... 

des Brigands de Offenbach à l'Opéra Garnier

 Merci à celui qui m'a fait une si belle surprise

et m'emmène voir des Brigands...
à l'Opéra...

Acte I
Les bandits de Falsacappa, (ténor) règnent sur les montagnes d’Italie, d’autant que les carabiniers, chargés de maintenir l’ordre et la tranquillité des honnêtes gens arrivent toujours « trop tard » (Thème d'ouverture) sur les lieux de leurs méfaits.

Le Prince de Mantoue (ténor) s’est perdu dans la montagne et arrive par hasard près du camp de Falsacappa.

Au lieu de livrer le jeune homme aux brigands, Fiorella (soprano), la fille de Falsacappa, lui indique le chemin de la ville et permet ainsi au Prince reconnaissant, et séduit par la grâce de la jeune fille, de s’échapper.

Fiorella est amoureuse du chocolatier Fragoletto (mezzo-soprano), qu’elle souhaiterait épouser.

Mais ce mariage est impossible tant que le jeune homme n’aura pas « fait ses preuves ».

Le voici justement qui arrive :
il a fait prisonnier un jeune homme chargé de porter un courrier officiel de la plus haute importance.

Falsacappa s’en saisit et apprend ainsi que le Prince de Mantoue doit épouser la Princesse de Grenade.

Ce mariage permettra au Prince de réduire à trois millions seulement la somme d’argent qu’il doit à la cour espagnole.

Une délégation espagnole accompagnant la princesse doit arriver de façon imminente en Italie.

Après les noces de la Princesse de Grenade et du Prince de Mantoue, elle rentrera à Grenade avec les trois millions…

Une idée germe alors dans l’esprit de Falsacappa : et si ses brigands parvenaient à faire prisonniers les membres de la délégation espagnole et à remplacer la princesse de Grenade par Fiorella?

Ils pourraient ainsi s’emparer sans peine des trois millions !

Ce projet est célébré par une grande fête au cours de laquelle le jeune Fragoletto intègre officiellement la troupe des brigands.

ACTE II
Une auberge, située très exactement à la frontière " italo-espagnole" (sic 😉 !)

Les aubergistes s’apprêtent à recevoir les délégations italienne et espagnole, mais sont arrêtés dans leurs préparatifs par les brigands de Falscappa, déguisés en mendiants, qui les enferment dans la cave et revêtent leurs habits.

Les brigands ont ainsi tôt fait de faire prisonniers les membres de la délégation italienne, conduite par
-le baron de Campotasso (ténor) ainsi que
-le chef des carabiniers (baryton) et de les enfermer dans la cave.

Arrivent alors les Espagnols, conduits par le Comte de Gloria-Cassis (ténor).

Ils ne montrent guère plus de résistance, et ce ne sont pas les carabiniers, appelés à la rescousse mais fort enivrés après leur petit séjour à la cave, qui peuvent leur venir en aide…

Les brigands revêtent les habits des Espagnols, Fiorella s’habille en Princesse de Grenade, et tous prennent la route de Mantoue.

Acte III

Antonio (ténor), le caissier de la Cour, se morfond car il a dépensé les trois millions dont il avait la charge et qui devaient permettre de régler la dette du Prince.
En effet Antonio a distribué ces trois millions à ses différentes maîtresses.

Arrive la fausse délégation espagnole : la bande de brigands de Falsacappa, avec la fausse Princesse de Grenade : en réalité Fiorella.

Falsacappa exige que lui soient versés les trois millions.

Il devient furieux lorsque le caissier ne lui tend qu’un misérable petit billet de mille, représentant tout ce qui reste d’économies dans les caisses de la Cour de Mantoue…

...
Pour connaitre la fin, allez à l'Opéra 😉

ci-dessous :
Salvator Rosa - "Paysage le soir", 1640




https://www.youtube.com/watch?v=0Ul90JqCmDk