Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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mercredi 1 mars 2023

Le Sachez Tu !? 😮 Septentrional : de septem, sept et triones : bœufs de labour : la grande Ourse

 Le Sachez Tu !?

😮 Septentrional
appartient à ce que l'on appelle à présent le "langage soutenu" en classe de 4 ième, ce que nous appelions "l'écrit", et signifie simplement "au nord", terme opposé à "méridional", ou "au sud" du latin meridies, de medius + dies : midi.
Or, on se dit bien qu'il doit y avoir une histoire de chiffre sept en regardant le mot septentrional, mais sept quoi !?...
Et bien figurez vous que "septentrional" fait référence à la constellation du nord, notre "Grande Ourse" :
en effet, les romains l’appelaient "septentrion",
de septem, sept et triones : bœufs de labour.
Les Romains imaginaient que les sept étoiles de la "casserole et sa queue" (moins poétique) formaient un chariot de quatre étoiles tiré par trois bœufs attachés en ligne et formant les trois étoiles devant.
Pour les Grecs, en revanche, cette constellation représentait Callisto, la nymphe aimée de Zeus.
Quand l’épouse ombrageuse de Zeus, Héra, découvrit leur relation, Zeus changea Callisto en Ourse pour la cacher.
Zeus changea aussi son fils Arcas en Petite Ourse pour les soustraire à la colère d’Héra.
La jalouse Héra, rageuse, demanda justice à l’Océan :
La grande ourse et la petite ourse furent alors condamnées à tourner perpétuellement autour du pôle Nord sans jamais pouvoir se reposer (sur un chariot ?)...
Ci-dessous :
Phillipe de la Hire
Planisphère antique septentrional de 1720
Carte finement gravée des constellations de l'hémisphère nord, conçue par Gabriel Phillipe de la Hire, l'un des astronomes les plus réputés de France et membre de l'Académie royale des sciences.
Les figures de la constellation de La Hire sont influencées par le grand atlas d'étoiles de Johann Bayer ( Uranometria, 1603)
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mardi 28 février 2023

Le Sachez Tu !? Foutriquet, freluquet, paltoquet... Adolphe Thiers (1797-1877)

Le Sachez Tu !? Foutriquet, freluquet, paltoquet...
Voici trois injures désuètes, surgies d'autrefois, mais dont l'une est redevenue à la mode récemment, et désignant un homme prétentieux, arrogant, méprisant et arriviste.
"Foutriquet", avant d'être le titre du pamphlet critique de la présidence écrit par Michel Onfray, et paru le 2 mars 2022 chez Albin Michel, fut déjà le sobriquet d'un autre président jugé condescendant et dédaigneux, et de petite de taille :
Adolphe Thiers (1797-1877).
Certains critiques estiment d'ailleurs que sa volonté d'ascension sociale, son opportunisme et son ambition servirent de modèle à Balzac pour son Rastignac.
Second président de la république, ayant habillement tiré parti des troubles de l'époque, on reprochait à Thiers d'avoir plusieurs fois changé de camp et soutenu les monarchistes ou les bonapartistes puis les républicains en fonction de ses intérêts personnels variables.
On lui reprocha surtout d'avoir réprimé la révolte des Canuts, en avril 1834, puis celles des Communards, en mai 1871, dans la violence et le sang, avec une stratégie cynique et sans aucun état d'âme.
Dès lors les caricatures de "Foutriquet" furent innombrables dans la presse satirique...
Etymologiquement, foutriquet est un mélange de "Jean-Foutre" et paltoquet (de paletot, sorte de "pardessus" paysan porté sur les vêtements) et freluquet.
Freluquet vient de freluque, ou freluche, boucle de cheveux, de fanfreluche, issu de l'ancien français fanfelue signifiant "bagatelle", de fanfeluce, issu du latin famfaluca bulle d’air, issu lui-même du grec πομφόλυξ, pomphólyx, bulle d'air.
Ci-dessous
Caricature d'Adolphe Thiers, Président de la République du
31 août 1871 au 24 mai 1873
datée du 6 janvier 1872
Parue dans le journal satirique britannique
"Vanity Fair" (1868-1914).
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Le Sachez Tu !? 😮 Zinaida La princesse Zinaida Nikolayevna Yusupova (1861-1939)

 Le Sachez Tu !?

😮 Zinaida
La princesse Zinaida Nikolayevna Yusupova (1861-1939) fut la seule et dernière héritière de la plus grande fortune de Russie de son temps.
Sa fortune, essentiellement foncière, estimée en 1917 à 600 millions de dollars de l’époque, était composée de plusieurs millions d’hectares de terres des khans de la horde Nogaï, conservées par leurs descendants, c'est à dire davantage que le tsar Nicolas II lui même...
Célèbre pour sa beauté, sa culture raffinée et son hospitalité, parlant couramment toutes les langues européennes, elle fut une figure les plus emblématiques de la société russe pré-révolutionnaire.
En 1882, à 21 ans, elle épousa le comte Felix Felixovich Sumarokov-Elston (1856-1928) lui même noble russe de très ancienne famille, qui fut en 1914 gouverneur général du district militaire de Moscou.
Mais Zinaida est surtout connue comme étant la mère du prince Felix Yousoupov, l'instigateur du complot visant à éliminer, le 17 décembre 1916, le toxique et mystique conseiller du tsar Nicolas II et de son épouse, Alexandra Feodorovna :
Grigori Efimovitch Raspoutine.
Zinaida échappa à la Russie révolutionnaire et passa ses dernières en exil avec son fils Felix et sa bru Irina à Paris où elle est enterrée.
Ci-dessous :
François Léopold Flameng (1856-1923) peintre parisien
Zinaida Yusupova, en son palais Yussoupov de la Moïka à St Petersburg...
à son cou : la fameuse perle Pérégrine,
qui appartint autrefois au roi Philippe II d'Espagne.
1894
Musée de l'Hermitage
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Le Sachez Tu !? 😮 Aborigène, à l'origine...

 Le Sachez Tu !?

😮 Aborigène, à l'origine...
Enfant, (je me suis couchée de bonne heure, oui, aussi .. 🙂 ) et surtout, j'ai longtemps cru, très bêtement, (mais nous sommes entre nous, et je sais que cette confidence restera privée.. 😉 ) que les aborigènes australiens avaient des ancêtres qui vivaient dans les arbres ...
Oui, je sais, c'est politiquement totalement incorrect aujourd'hui...
J'avais sans doute entendu parler des théories darwiniennes en même temps et découvert la réplique de Dumas, géniale mais certainement apocryphe, comme toutes les reparties célèbres :
« Au fait, cher Maître, vous devez bien vous y connaître en nègres ?
– Mais très certainement.
Mon père était un mulâtre,
mon grand-père était un nègre et
mon arrière-grand-père était un singe.
Vous voyez, monsieur :
ma famille commence où la vôtre finit".
(En réalité, l'allusion perfide était celle faite au "nègre" de Dumas, Auguste Maquet (1813-1888), qui écrivait toute la partie historique)
Bref, évidemment, rien à voir...
Le mot aborigène, du grec Ἀβοριγῖνες désignait, initialement, un peuple vivant en Italie avant les romains.
Car "aborigène" se décompose simplement en :
ab + origines (à l'origine) et désigne les peuples, indigènes et autochtones, qui vivaient sur une terre, un continent, à l'origine...
Indigène se décompose en :
"indu", dans, + -gena (né de), du verbe genere, engendrer.
Autochtone se décompose en :
αὐτός , autos, soi + χθών , khthốn, terre, comme dans tectonique.
Origine vient du latin origo, issu de orior, naitre...
Ci-dessous :
Thomas Bock (1793-1855).
Tunnerminnerwait Aborigène australien.
Tunnerminnerwait (vers 1812–1842) fut un aborigène d'Australie, connu pour des actes de résistance contre l'occupation coloniale de son territoire.
Il mena une guérilla au sud de Melbourne, attaquant des colonies blanches, mettant le feu à plusieurs fermes, échappant aux forces de l'ordre pendant deux mois,
actes qui lui valurent une condamnation à mort.
Podcast sur les aborigènes d'Australie :
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Le Sachez Tu !? 😮 Sir John Falstaff un bouffon rabelaisien, créé par William Shakespeare

 Le Sachez Tu !?

😮 Sir John Falstaff
est un personnage comique, un bouffon rabelaisien, créé par William Shakespeare et apparaissant dans ses pièces"Henry IV" et Les "Joyeuses Commères de Windsor".
Falstaff, paillard fêtard, appartient à une bande de voleurs, à laquelle s'est joint le jeune prince de Galles, héritier de la Couronne d'Angleterre, sous le nom de Hal.
La bande se propose de dépouiller pendant la nuit un groupe de riches pèlerins.
Hal est convoqué à la Cour par son père Henri.
Prévoyant une entrevue houleuse, Falstaff lui propose de jouer la scène, en tenant le rôle du roi.
Ils inversent ensuite les rôles.
Le shérif et ses hommes se présentent à l'auberge à la recherche des voleurs.
Falstaff et ses compagnons se cachent pendant que Hal se fait connaître, disant que ce qui a été dérobé sera rendu.
Ils partent tous pour la guerre, Hal ayant donné à Falstaff un commandement dans l'infanterie, ce qui ne l'enchante guère.
Falstaff est aussi un opéra-bouffe de Giuseppe Verdi, sur un livret d'Arrigo Boito, tiré des Joyeuses Commères de Windsor créé à la Scala de Milan en 1893.
L’action se déroule à Windsor sous le règne d'Henri IV d'Angleterre (1399-1413).
C'est le dernier opéra créé par Verdi âgé de 80 ans.
Falstaff de Verdi :
Ci-dessous :
Adolf Schrödter (1805–1875)
Falstaff et son Page 1867
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Le Sachez Tu !? 😮 Oripeaux : composé de "aurea" (or) et "pellis" (peau), était autrefois une lamelle de cuivre

 Le Sachez Tu !?

😮 Oripeaux :
Voici, encore une fois, un mot qui a eu une carrière étrange et pleine de vicissitudes et signifie à peu près le contraire, aujourd'hui, de son acception ancienne...
Oripeaux évoque aujourd'hui : un accoutrement ridicule, un affublement surprenant, une défroque étrange, une guenille de théâtre, des haillons, des hardes, des loques...
Or, oripeau, composé de "aurea" (or) et "pellis" (peau), était autrefois une lamelle de cuivre, fine comme de la peau, brillante comme de l'or, et que l'on pouvait broder sur un vêtement.
Cette lamelle de cuivre brillante, utilisée pour remplacer l'or, et moins cher que l'or, est devenue peu a peu synonyme de clinquant, d'éclat factice, puis a glissé vers le sens de "tape à l'oeil", "toc", pour finir avec cette connotation péjorative..
Ci-dessous :
L'empereur de Chine

Qianlong (1711-1799)
en habits de cérémonie, robe brodée de fils d'or (du vrai..),
de neuf dragons,
neuf étant le symbole du pouvoir
Dynastie Qing
Pékin
Podcast : ces mots bizarres
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Le Sachez Tu !? 😮 Adèle, la femme en or ou le portrait d'Adèle fut peint par Gustav Klimt en 1907.

 Le Sachez Tu !?

😮 Adèle, la femme en or
Ce portrait d'Adèle fut peint par Gustav Klimt en 1907.
Adele Bloch-Bauer (1881-1925) fille du banquier viennois Moritz Bauer, épousa Ferdinand Bloch-Bauer, propriétaire d'une sucrière d'Autriche, et collectionneur d'art et devint l'une des muses de Gustav Klimt.
Ses deux portraits de Klimt furent récupérés par les nazis.
Après la guerre, rendu à l'Autriche par l'Allemagne, le second portrait fut exposé à la galerie du Belvédère de Vienne jusqu'en 2006 :
En effet, ans son testament, Adèle avait exprimé le vœu que ses portraits de Klimt entrent au Belvédère après la mort de son mari.
Mais ces mots n’avaient pas de valeur juridique :
car c’est Ferdinand qui fut finalement le dernier propriétaire légal des toiles après la mort prématurée de sa femme Adèle, due à une méningite.
Donc, en 2006, après une longue bataille judiciaire, devenue un film, le portrait fut rendu à la descendante :
la "doublement" nièce d'Adèle Bloch-Bauer, Maria Altmann, fille de Thérèse, la soeur d'Adèle, mariée au frère de Ferdinand.
Celle-ci le vendit immédiatement pour 88 millions de dollars à l'animatrice de télévision américaine Oprah Winfrey, qui le revendit elle-même à un investisseur chinois non identifié, et ce pour 150 millions de dollars, faisant ainsi une splendide plus-value...
Triste histoires de spéculations pour un si beau portrait,
qu'on ne pourra plus admirer...
Podcast du collège de France sur l'histoire du portrait d'Adèle :
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