Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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mardi 28 février 2023

Le Sachez Tu !? 😮 "Il y a un Truc" ... "Trick" signifie astuce et Tricher, truquer viennent du latin tricari

 Le Sachez Tu !?

😮 "Il y a un Truc" ...
Certains se souviennent encore de cette émission de 1975-76 où le fameux Gerard Majax (en réalité Maurice Faier, né en 1943) dévoilait, avant le repas, le "truc", l'astuce du tour de son magie, à ses petits téléspectateurs éberlués...
(berlue : lésion de la vue où l'on voit des "mouches" qui n'existent pas 😉 )
"Truc" est un mot mis encore aujourd'hui à toute les sauces, un bouche-trou polyvalent pour toute chose dont on ne fait pas l'effort de connaitre le nom exact...
Mais l'étymologie de truc est incertaine :
encore une conjonction, une confluence, sans doute...
"Trick" signifie astuce, tour de passe-passe, en anglais, s'applique au tours de magie et vient de tricher.
Tricher, truquer viennent du latin tricari (chercher des détours, chicaner, tromper)
Truccare en italien signifie aussi : maquiller, tromper, tricher..
Aujourd'hui encore, on se demande ce que le parolier Jean Constantin entendait exactement par "Mon truc en plumes" qu'il faisait chanter en 1961 par une Marcelle Jeanmaire, dite Zizi (1924-1961) tout en sourires coquins et sous-entendus émoustillants ("rien dans les mains, tout dans le coup de reins 😉 )
Ci-dessous :
John George Brown (1831–1913)
"A card Trick" (Le tour de cartes) 1880 :
Dans une Amérique encore pourtant très ségrégationniste,
quatre pauvres petits gamins des rues, jouent et rient ensemble sur un trottoir :
le plus âgé est assis sur sa boite de cireur, son pantalon et sa chaussure déchirés, ses ongles noirs, et c'est le petit noir qui, très fier, execute son tour de carte qui les fait tant rire tous...
Il y a un truc émission de 1975 :
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Le Sachez Tu !? 😮 Tannhäuser et Venus 1873 de Otto Knille.

 Le Sachez Tu !?

😮 Tannhäuser et Venus 1873 de Otto Knille.
Cette version met en scène un Tannhauser bouleversé par la menace de Venus, lorsqu'il lui signifie son départ...
Cette situation fait penser à Ulysse, ensorcelé par la magicienne Circée et incapable de rentrer vers sa femme Pénélope ...
Ce thème, de la liaison toxique, que l'homme souhaiterait quitter mais n'en a pas la force est repris dans beaucoup d'oeuvres, picturales et littéraires :
une version amusante est " le Fil à la Patte " de Feydeau "où Fernand de Bois-d'Enghien vient chez sa maîtresse la diva Lucette Gautier, pour lui annoncer sa rupture.
En effet, son mariage avec la fille de la baronne Duverger, Viviane, est en effet annoncé dans le Figaro du jour.
Il lui devient encore plus difficile de rompre...

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Le Sachez Tu !? 😮 Les Marionettes du Ranelagh Portrait of Richard Jones, 1st Earl of Ranelagh (1641–1712)

 Le Sachez Tu !?

😮 Les Marionettes du Ranelagh
Quand mes enfants étaient petits, je les emmenais, lors de nos séjours parisiens, voir les "marionettes du Ranelagh", dans le joli jardin du même nom du très chic 16 ième arrondissement, et mon père, parisien depuis toujours, m'avait raconté y avoir lui-même vu des spectacles étant petit, dans les années 30...
Je me suis souvent demandée pourquoi ce drôle de nom très british pour un parc si parisien.
Voilà, l'énigme enfin résolue :
Richard Jones, 1er comte de Ranelagh (1641-1712), paire d'Irlande, était membre des parlements d'Angleterre et d'Irlande, sous Charles II et Jacques II.
Or, Ranelagh avait la passion de la construction et des jardins, et il fit édifier l'hôpital de Chelsea, ainsi que sa maison voisine "Ranelagh house", dont les splendides jardins d'agréments ont été rattachés à l'hôpital et existent encore sous ce nom.
Il fonda également la "Ranelagh School" près de Cranbourne, transférée depuis à Bracknell.
Mais construire coûte cher, et Ranelagh fut finalement exclu des Communes en 1703, lorsqu'on découvrit qu'il s'était approprié plus de 900 000 £ de fonds publics...
La postérité lui a manifestement pardonné cet écart, mais étrangement, son nom reste aujourd'hui attaché à Guignol, celui qui sait si bien se jouer des gendarmes pour le plus grand plaisir de générations de petits spectateurs enthousiastes...
Ci-dessous :
Peter Lely (1618–1680)
Portrait of Richard Jones, 1st Earl of Ranelagh (1641–1712)
montrant ses magnifiques jardins et parcs.
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Le Sachez Tu !? 😮 Brigadier et brigand, brigade, une troupe : de l'italien brigata, bande

 Le Sachez Tu !?

😮 Brigadier et brigand :
Saviez vous, bien que, l'un appartienne aux gendarmes et l'autre aux voleurs, l'étymologie de ces deux mots est commune ?
En effet, autrefois, un brigand était seulement un membre d'une brigade, une troupe de soldats.
Mais les pillages et les exactions sur les civils, ont fini par transformer le mot brigand en bandit (de "banni"), gredin (du scandinave grådig, cupide) vaurien (vaut-rien), larron (du latin latro, mercenaire).
Brigade vient de l'italien brigata, bande.
De même, soudard dérive de souldart, a la même racine que soldat et solde (de sou), la paye du soldat avant de désigner un grossier personnage
Ci-dessous :
Louis-Leopold Robert (1794–1835)
Brigand de la campagne Romaine 1821
Les trois brigands, conte de Tomi Ungerer
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Le Sachez Tu !? Bordel : Encore un mot devenu "gros" : "cabane de planche"

 Le Sachez Tu !? Bordel :

Encore un mot devenu "gros", mais qui ne signifiait rien de plus que "cabane de planche" au XIIe siècle, puisqu'il vient du bas allemand "borda" ou maison de planche.
Bordel est donc à rapprocher du "bordage" ou ensemble de planches constituant la coque externe d'un bateau, que les pirates franchissent lestement (ou pas) en criant "à l'abordage"...
Les lieux dits "Les Bordes" (les cabanes) sont d'ailleurs nombreux encore dans les campagnes françaises, sans que leur attribution ne prête à confusion...
Au Moyen âge, ces maisons de plaisir(s) ou bordelages, où officiaient les "ribaudes" (de "riber", folâtrer), étaient reléguées à l'extérieur des villes, maintenant leurs volets clos, et se signalant par une simple lanterne rouge allumée durant les heures d'ouverture.
Sous le consulat, les maisons "closes" ou de "tolérance", sont
justement "tolérées" mais les visites médicales mensuelles obligatoires, pour endiguer la propagation de la syphilis.
Marthe Richard (1889 -1982) Conseillère municipale de Paris, dite la "veuve qui clôt" ( 😉 ! ) fit fermer ces maisons "closes" en 1946, lieux qu'elle connaissait pour y avoir elle même contracté la syphilis.
Marthe Richard avait, en effet, été prostituée dès l'âge de 15 ans, et elle dut même effectuer plus de 50 passes par jour (sic !) dans un bordel à Soldats nancéen, avant d'épouser Henri Richer, riche industriel, puis ThomasCrompton, directeur financier de la fondation ROCKEFELLER.
Ci-dessous :
Josef Engelhart, (1864 -1941) peintre viennois,
"Loge dans la Sofiensaal" de Vienne
Une jeune prostituée effrontée et souriante vient proposer ses services à un vieux monsieur attablé dans une loge privée de la salle de spectacle "Sofien salle" nommée ainsi en l'honneur de l'archiduchesse Sophie, mère de François-Joseph Ier et belle mère de "Sissi".
Cette salle de spectacle a entièrement brûlé 16 août 2001, lors de la refection de la toiture et seule la façade a été conservée et intégrée dans un ensemble moderne.
Histoire des "maisons closes" : podcast 2000 ans d'histoire https://blog-histoire.fr/200.../9629-les-maisons-closes.html
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Maslenitsa (Масленица) Mardi gras à la russe

 Maslenitsa (Масленица) :

La fête populaire de la Maslenitsa, ou la fête du gras, est une fête folklorique slave qui date de l'ère païenne et symbolise la fin du long hiver russe avec ses foires, kermesses, et spectacles populaires.
Maslenitsa est célébrée la semaine précédant le Grand Carême. orthodoxe, sept semaines avant Pâques, et a donc lieu entre mi-février et mi-mars.
Elle est l'équivalent slave du Carnaval et la viande, le poisson, le lait et les oeufs sont aussi interdits aux chrétiens orthodoxes pendant la semaine de Maslenitsa.
Carnaval vient aussi de "carne levare" : signifiant "enlever la viande".
Maslenitsa est comme "Mardi gras", c'est à dire le dernier jour où l'on peut manger "gras" et faire la fête avant le Carême de 40 jours de jeûne et d'abstinence précédant Pâques :
on en profite pour faire la fête, manger des blinis, danser dans les bals masqués, faire des batailles de boules de neige, des courses en toboggan et en "montagnes russes", des jeux de balançoire, et des promenades en troïka.
La fête s'achève en apothéose le dimanche soir quand "La Dame de la Maslenitsa" est déshabillée et brûlée sur un feu de joie et ses cendres sont enterrées dans la neige afin de fertiliser la terre.

Ci-dessous :
Boris Kustodiev (1878 –1927) peintre, décorateur de théâtre
Fête de Maslenitsa ( Масленица) 1916

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Le Sachez Tu !? 😮 Diaphane, épiphanie, et cellophane... διά, diá (au travers) + φαίνω phaínô

 Le Sachez Tu !?

😮 Diaphane, épiphanie, et cellophane...
Diaphane vient du grec διαφανής, diaphanês, transparent, que l'on peut décomposer en
διά, diá (au travers) +
φαίνω phaínô signifiant "briller", puis "paraitre" au sens figuré,
et même "apparaitre", comme dans épi-phanie, l'apparition de dieu le 6 janvier aux rois mages, et même "théophanie", apparition de dieu chez les orthodoxes.
On retrouve aussi la racine φαίνω phaino dans cellophane, par exemple, ce papier transparent fabriqué initialement à partir de cellulose.
Au sens figuré, une peau diaphane, est si fine, si délicate et si fragile, qu'elle laisse passer la lumière, comme celle de cette Ophélia en fleurs.
Ci-dessous :
Jules Joseph Lebfevre (1834, Tournan-en-Brie-1912, Paris)
"Ophélia" 1890
collection particulière
(Merci à Fabien Perucca)
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