Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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vendredi 22 avril 2022

paroles...Palabres et Paraboles : παραβολή, parabolê.

Le Sachez Tu !? 😮 "Paroles, paroles"...Palabres et Paraboles :
En ces temps de promesses électorales, les Français en ont entendu, des paroles, mais connaissent-ils le lien entre ces trois mots ?
Parole vient du latin parabola (comparaison, similitude), emprunté au grec παραβολή, parabolê.
A l'usage, le "b" a fini par disparaitre et le mot parabola s'est contracté en paraula, en latin vulgaire.
Palabre vient de l'espagnol palabra signifiant parole et issu du latin parabola.
L'évolution a été différente en espagnol et le R s'est transformé en L, la syllabe bola est devenue bra, du fait que les R sont "roulés";
les R étaient également roulés en français jusqu'à la révolution, et c'est l'impératrice Joséphine qui a importé la mode créole des R peu prononcés, mode reprise par les mouvements des jeunes "inc'oyables et "me'veilleuses".
Aujourd'hui, palabres a pris le sens particulier en français de longues discussions oiseuses ou de marchandage.
Enfin parabole, qui désigne, en français, les allégories morales utilisées par Jésus et rapportées dans les Evangiles, vient du grec παραβάλλω, parabállô (comparer) et
παραβάλλω peut être décomposé en παρά, pará (contre) + βάλλω, bállô (lancer).
Il existe 49 paraboles dans les évangiles mais les agadas étaient déjà souvent utilisées dans la tradition religieuse juive et le Talmud.
Une parabole utilisée par Jésus de Nazareth, très connue, est celle du "Bon samaritain".
Les Samaritains formaient une communauté juive de Samarie, au nord, que les juifs du royaume de Judas, au sud, considéraient comme impie (un peu comme les protestants et les catholiques).
Un jour, un voyageur qui allait de Jérusalem à Jéricho, fut attaqué, dévalisé et laissé pour mort par des bandits.
Un prête sacrificateur, un cohen, passa devant lui sans lui porter secours, puis un Lévite prenant la même route, passa devant le mourant, sans davantage l'aider.
Mais un Samaritain, (quoique considéré comme impie par les juifs) passant devant l'homme, fut ému, lui porta secours, soigna ses plaies, le jucha sur sa monture, le conduisit jusqu'à une auberge où il paya son séjour et précisa à l'aubergiste qu'il règlerait le surplus éventuel à son retour.
Jésus montre ainsi que l'homme bon est bien le Samaritain, alors que les deux juifs "orthodoxes", censés être très pieux, se sont détournés du mourant car c'est le Samaritain qui, seul des trois, a obéi au précepte biblique : " tu aimeras ton prochain comme toi même" (Lévitique).
Ci-dessous :
Beaucoup de peintres ont illustré cette parabole, j'ai choisi
deux versions du "Bon Samaritain" :
- celle d'Eugène Delacroix de 1852 et
- la copie dans un miroir qu'en a fait Vincent van Gogh en mai 1890, deux mois avant de se tirer une balle dans la poitrine.
Van Gogh a exécuté, dans son style, plusieurs copies de grands maitres de la peinture, dont Millet (voir la Sieste, vue récemment) et plusieurs de ces chefs d'oeuvres ont été effectués à l'aide d'un miroir pour obtenir une image inversée.
Delacroix a choisi d'illustrer le moment où le bon Samaritain vient en aide au mourant, et tente de le jucher sur sa monture, avec beaucoup de difficultés.
Le Samaritain a fait un bandage sur le front du pauvre homme dont même les vêtements ont été arrachés.
Le blessé, blême et jaune, le regard dans le vide, s'agrippe compulsivement à son sauveur.
On remarque à gauche, ouvert et jeté au sol, le coffret plein d'argent qui a été vidée par les bandits.
On voit également le Lévite, lisant la Thora et tournant le dos, au sens propre comme au figuré, qui s'éloigne tranquillement et, plus haut, sur le même chemin, le Cohen, qui a passé outre également et a abandonné son prochain à son triste sort, dans la version de van Gogh...
Le cheval a des œillères, comme, au sens figuré, les deux juifs qui viennent de passer sans rien voir...
Van Gogh a choisi, pour adapter le tableau à son style lumineux et coloré, de modifier les couleurs.
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Manoir, masure, manant, demeure, rémanence : du latin maneo,

 Le Sachez tu !?

😮 Manoir, masure, manant, demeure, rémanence :
saviez vous que tous ces mots, pourtant si différents de sens aujourd'hui, avaient la même origine latine ?
Il s'agit du verbe latin maneo, manere, demeurer, rester, apparenté au grec μένω, ménô demeurer, rester.
Le sens de "manant" a évolué :
initialement, c'était un paysan propriétaire, donc obligé de demeurer au même endroit, et attaché à une terre.
Manant prend son sens actuel d'homme grossier, mal élevé, seulement en 1694.
Manant a suivit la même évolution que "vilain", devenu péjoratif, lui aussi, mais qui n'était, initialement que le villanus, l'habitant d'une "villa romaine", une ferme.
C'est aussi le cas de l'évolution de "roturier" qui, venant du latin ruptura, désignait initialement celui qui "défriche la terre" pour finir par désigner celui n'est n'a aucun "quartier" de noblesse (sous entendu : aucun ancêtre noble sur ses huit ascendants).
Gageons que ce mépris des paysans nous est venu des rats des villes et des habitants des bourgs : les "bourgeois" 😉
Rémanence est composé de re+ maneo (rester) et définit la propriété d'une sensation à subsister après la disparition de sa cause : une image, une sensation rémanente.
Ci-dessous :
Georges Diéterle (1844-1937)
Masure à Saint-Léonard, 1878 (entre Fécamp et Criquebeuf)
Georges Diéterle était artiste peintre, architecte, conservateur du Musée de Fécamp et maire de son petit village Criquebeuf-en-Caux, sur les côtes normandes où il avait acheté une ferme.
Georges Diéterle , lui même fils de peintre, était l'ami de "papa Corot", reçu chez lui en 1872, dont on sent l'influence dans cette peinture et qui a aussi peint des fermes dans cette région.
Cette masure est une "chaumière" : elle a un toit de chaume.
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jeudi 7 avril 2022

Le Sachez Tu !? 😮 : Bug, Beatles et autres cucaracha (ou : punaise, scarabées et cafard).

 Le Sachez Tu !?

😮 : Bug, Beatles et autres cucaracha
(ou : punaise, scarabées et cafard).
Vous savez, sans doute, que "bug", même en informatique, signifie "punaise" ou "insecte" en anglais ("pinaise" comme dit Homer Simpson dans la V.F, traduction du "d'ho" anglais).
Mais saviez-vous que, selon une légende, le 9 septembre 1947, 15h45, fut l'heure du premier bug :
un papillon de nuit se serait en effet bloqué dans le calculateur Mark II de l’université Harvard aux Etats-Unis et l’informaticienne Grace Hopper, qui l’aurait retrouvé, le scotcha dans son carnet de bord.
Très joli...
Mais peut-être un petit peu trop précis, car on trouve déjà mention de “bug” dans les notes de l’inventeur Thomas Edison (1847-1931).
Il appelait en effet « bug » les problèmes techniques qu’il rencontrait lors du développement du télégraphe quadruplex, un appareil pouvant envoyer quatre télégrammes à la fois, en 1876 et un journaliste anglais reprit sa formule.
Beatles :
vous saviez que ce nom avait été influencé par le mot anglais "beetle" (scarabée), à ceci près que, si la prononciation est identique, l'orthographe est un jeu de mot avec "beat" (battement, rythme).
C'était surtout un clin d'oeil, une référence musicale au groupe "The Crickets" le groupe de rock & roll américain du chanteur et compositeur Buddy Holly, dont le premier succès fut :
"That'll Be the Day" en 1957,
année même de la formation des Beatles... 😉
Le film "Beetlejuice" (jus de scarabée) de 1988 est un jeu de mot : il se prononce de la même façon que "Betelgeuse", l'étoile lointaine
Last, but not least :
La Cucaracha (le cafard) est une très ancienne comptine traditionnelle espagnole dont les paroles ont été modifiées par les partisans des révolutionnaires mexicains, tels que les hors-la-loi Emiliano Zapata (1879-1919) et Pancho Villa (1878-1923).
Les paroles modifiées se moquent de la démarche claudicante du général et dictateur mexicain Victoriano Huerta (1850-1916) dont le surnom était cafard :
"le cafard ne peut marcher car il n'a plus qu'une jambe".
Il faut dire que Huerta, addict à l'alcool et à la marijuana, avait tout du cafard avec ses lunettes noires et sa redingote crasseuse.
Il faut noter que, si son surnom chez les révolutionnaires était bien "Cucaracha", son nom n'est jamais mentionné dans la chanson.
Ci dessous :
Balthasar van der Ast, (1593-1657) peintre néerlandais spécialisé dans les natures mortes,
"Nature morte aux coquillages et insectes"
On remarque une libellule en haut à gauche, un lézard en bas à gauche, deux scarabée, trois papillons, un Bernard l'ermite et d'autres petits insectes vivants, ce qui théoriquement, devrait retirer à ce tableau la dénomination de "nature morte".
Musée des Beaux Arts de Lille
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Le Sachez Tu !? 😮 Sarah Bernhardt fut, aussi, une sculptrice. "Ophelia" 1880

 Le Sachez Tu !?

😮 Sarah Bernhardt fut, aussi, une sculptrice.
"Ophelia" 1880, sculpture de Sarah Bernhardt (1844-1923).
Tragédienne ET sculptrice, Sarah Bernhardt fut la première comédienne à faire des tournées triomphales sur les cinq continents.
La mère de Sarah, Judith-Julie Bernhardt était une petite modiste sans le sou, elle même fille d'un marchand de spectacles néerlandais itinérant.
Judith était une courtisane parisienne juive connue sous le nom de Youle.
On ignore qui était le père de Sarah Bernhardt...
Sarah Bernhardt eut trois sœurs et souffrit de la préférence de sa mère pour sa jeune sœur Jeanne-Rosine, également comédienne.
Délaissée par sa mère Youle qui choisit la vie mondaine à Paris, la petite Sarah passa une enfance solitaire chez une nourrice de Quimperlé qui ne parlait que le breton.
Le duc de Morny, amant de sa tante, pourvut à son éducation en l'inscrivant dans l’institution religieuse.
Bern Hardt signifie en allemand dur comme un lion (Bern)
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mercredi 6 avril 2022

Le Sachez Tu !? 😮 Costume et coutume, habit et habitude : le latin consuetudo

 Le Sachez Tu !?

😮 Costume et coutume, habit et habitude :
quel lien étrange unit ces mots ?
On l'aura compris : costume et coutume ont la même origine, le latin consuetudo, et son accusatif consuĕtūdinem, signifiant justement ...habitude ! 😉
Habit et habitude ont aussi la même origine :
le latin habitus, (tenue) pour habits et le latin habitudo (coutume) pour habitude.
On a en effet associé le vêtement à la manière habituelle de se "vêtir", ou de porter une "veste" et cela fut vrai dès Moyen Age, à l'époque des corporations, des guildes, où chaque métier avait une tenue particulière et indentifiable, ainsi qu'un saint Patron, une chartre et des règles :
le costume du clerc de notaire, ses attributs, étaient différents de celui du boucher, l'habit de l'orfèvre, distinct de celui du forgeron : chaque métier avait l'"habitude" de porter un "costume" traditionnel qui le caractérisait, c'était la "coutume".
Aujourd'hui encore, grace à leurs costumes, il est impossible de confondre un facteur et un pompier, un serveur et un infirmier...
Enfin, vous vous demandez peut-être pourquoi un "customer" est devenu un "client" en anglais :
le mot à évolué de "customer client", "client habituel" à, juste, "customer" (un habitué, qui ne l'est donc plus forcément en l'occurrence).
Au XVIII°, en France, on disait une "pratique" pour un client "habitué".
Ci-dessous
Heinrich Bürkel (1802-1869)
Changement de chevaux au relais de poste.
Heinrich Bürkel est un peintre munichois, la scène de genre ici décrite se déroule donc en Allemagne.
On repère deux costumes reconnaissables sur ce tableau :
à gauche, le costume du maitre de poste, avec son chapeau haut de forme à boucle, sa veste bleue à revers rouges, ses guêtres et sa petite trompette au côté.
L'autre habit reconnaissable est celui du cocher avec sa casquette de cuir.
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Le Sachez tu !? 😮 spoiler et spolier du latin spŏlio (dépouiller)

 Le Sachez tu !?

😮 spoiler et spolier
Certains recommandent l'employer le néologisme "divulgâcher" plutôt que l'anglicisme "spoiler" lorsque vous donnez le nom du meurtrier (Omar m'a tueR 😉 ) avant la fin du film, ruinant ainsi le "suspens" qui vous "suspendait" à l'intrigue...
Mais savent-ils bien que "spoiler" est issu du verbe français "spolier", du latin spŏlio (dépouiller, par force ou fraude) qui s'utilise encore dans le jargon des notaires lors de "spoliation" ou "captation" d'héritage... ?
Le verbe latin spolio, spoliare a également donné "dépouille" qui était initialement, le butin, ce qu’on enlevait sur l’ennemi abattu et tué : ses vêtements, armes.
Ci-dessous :
La dépouille d'un soldat mort, auquel aucun vainqueur n'a encore subtilisé ni ses armes, son épée, ni ses vêtements...
Il faut observer le raccourci surprenant du cadavre, veritable étude d'école, due au point de vue choisi par l'artiste.
"Soldat mort"
Anonyme italien vers 1630. National Gallery, Londres
104.8 cm X167 cm huile sur toile
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Le Sachez Tu !? 😮 Trench-coat, Anorak et autres Parkas : trench (tranchée) et coat (manteau).

 Le Sachez Tu !?

😮 Trench-coat, Anorak et autres Parkas
L'anglais "trench-coat" est composé de trench (tranchée) et coat (manteau).
Comme la gabardine, mot vu récemment (22 mars), le trench-coat fut dessiné par Thomas Burberry en 1914, pour répondre à une commande de l’armée britannique avec comme "cahier des charges" :
"un manteau souple et imperméable pour officiers, adapté aux combats dans les tranchées et aux intempéries".
Burberry reprend et adapte des brevets plus anciens de vêtements imperméables en caoutchouc :
- celui de Thomas Hancock en 1819 et
- le brevet de Charles Macintosh en 1823,
deux firmes familiales qui fusionnèrent en 1880, fusion qui fut elle même rachetée par Dunlop Rubber en 1925.
"Anoré", lui, signifie vent et en inuktitut, la langue des inuits de l'est canadien : et ᐊᓐᓄᕌᖅ, annuraaq signifie "vêtement contre le vent".
Parka, vient du komi, dialecte russe de l'Oural, ou du samoyède, autre langue de l'Oural, de "парка" parka, désignant une peau d'animal.
Parka serait passé, par l'intermédiaire des inuits du Kamtchatka et des îles Aléoutiennes, en américain et repris une première fois dans la langue française dès 1761.
Ci-dessous :
Figurine au 1/6 du major-général Sir Colin John Mackenzie (1861 -1956), officier britannique, chef d'état-major général, dans un trench coat blanc, particulièrement élégant, mais peu adapté à la boue des tranchées.
(on peut acheter cette figurine pour 399,90€ avec tous ses petits accessoires : livre, jumelles, bottes gants, sacs...! 😮 )
La particularité du trench-coat, outre son imperméabilité, est sa double rangée de boutons, permettant un boutonnage à droite ou à gauche, et, surtout, sa ceinture, permettant une fermeture rapide et évitant le volume du "pardessus" qui n'a pas de ceinture et tombe donc droit.
Il en est de même pour les petites ceintures au poignets, qui permettent de resserrer les manches pour ne pas être gêné.
Enfin, le large col permet, une fois relevé de protéger du vent le cou et la nuque.
Cette figurine a les traits du très smart acteur britannique Benedict Cumberbatch, dans le rôle du Major Stewart dans " Cheval de guerre" (War horse) film de 2011, de Steven Spielberg.
Le grand père de Benedict Cumberbatch fut d'ailleurs officier durant les deux guerres mondiales.
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