Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Les articles classés par dates :

mercredi 10 mars 2021

Le sachez tu !? 😮 "Standard" et "étendard" viennent du vieux français "estendart",

 Le sachez tu !?

😮
"Standard", mot anglais, et "étendard", ont la même origine étymologique.
Ils viennent du vieux français "estendart", signifiant "enseigne de guerre", issu lui même du vieux-francique "standhard".
"Standhard", est composé de stand, "être debout" en anglais et allemand, + "hard" en anglais et allemand, signifiant "dur, stable".
L'étendard est la bannière de ralliement fiché sur sa lance.
En anglais, standard a d'abord désigné l'étalon de référence de la monnaie, ce qui explique le glissement sémantique.
La "vexillologie" n'est pas l'étude des gens vexés ! 😉 mais celle des étendards.
Vexillologie vient du latin vexillum, étendard des légions romaines, est l'étude des drapeaux.
"vexo" signifiait agiter, tourmenter.
L'étendard se termine souvent par deux pointes s'agitant comme des flammes, tout comme l'oriflamme.
L'oriflamme, (de auris, "or", donc flamme d'or), elle, fut d’abord la bannière spécifique de l’abbaye de Saint-Denis, portée devant le roi de France en guerre jusqu’au XVe siècle.
L'étymologie de "bannière" (ban, arrière ban, publier les bans, la croix et la bannière, ban-lieue ...) a déjà été expliquée dans la chronique "Le sachez tu !? 😮" du 31août 2020, pour les passionnés de vexillologie....
Loyset Liédet (1420- ) :
Miniature de la Bataille d'Auray, dans les chroniques de Jean Froissart
La bataille d'Auray, en 1364, opposa :
- l'armée anglo-bretonne aux ordres de Jean III de Montfort à
- l'armée franco-bretonne soutenant Charles de Blois.
Au milieu du champs de bataille opposant bretons aux grands bretons, heureusement qu'il existait les étendards, pour être sûr de tuer le bon... 😉
Ici les anglais se reconnaissent aux étendards avec des Lions,
la fleur de Lys se retrouvant dans les deux camps...
Quant au drapeau à damier : non, ici, il n'indique pas le dernier tour de piste ! 😉
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

Le sachez tu !? :O faire la place de grève : arpenter la place, chercher de l'ouvrage...


 Le sachez tu !?

😮
Faire " la grève" signifiait initialement, non pas refuser le travail, mais ne pas en avoir et en rechercher, ou encore arpenter la place de grève, à la recherche d'un ouvrage pour les chômeurs, ceux qui "chômaient", du latin caumare, se reposer durant la chaleur.
On peut considérer peut-être aussi une influence des bottes de chaume, que les pauvres liaient ensemble pour couvrir les chaumières (quoique chaume, lui, vienne de calamus, roseau).
La place de grève était l'ancien nom de l'actuelle place de l'hôtel de ville, car cette grève, couverte de gravier, descendait en pente douce vers la Seine.
Les bateaux y chargeaient ou déchargeaient leur cargaison et de ce fait, on y recherchait en permanence des bras valides.
Un grand marché se tenait également en place de grève au XII° siècle.
Cette grande place, toujours fréquentée, était aussi malheureusement, le lieu des exécutions publiques et dans la peinture ci-dessous, on y voit un gibet prêt à l'emploi...
La première exécution y fut celle de Marguerite Porette, brûlée vive pour hérésie en 1310.
Mais d'autres spectacles divertissants y avaient lieu régulièrement :
- potence pour les voleurs,
- décapitation pour les gentilshommes,
- et mieux encore : l'écartèlement pour Ravaillac ou Robert-François Damiens 😉
Théodore-Joseph-Hubert dit "Fédor" Hoffbauer,
né à Düsseldorf en 1839 et mort en France en 1922
Une pendaison sur la place de Grève et l'Hôtel de Ville en 1583. (Composition rétrospective)
Musée Carnavalet
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :
(Reproduction interdite)

 Le sachez tu !?

😮
Malotru : vous pensiez que cette injure, digne du capitaine Haddock, signifiait rustre, goujat, mufle, mais saviez-vous que malotru est issu du latin "male astrosus" ?
Astrosus est issu de astrum, astre en latin.
Astrum est issu du grec ἄστρον, ástron.
Mal astrum signifiait donc initialement, seulement : né sous une mauvaise étoile, peu chanceux ou même difforme.
Paul Scarron écrit d'ailleurs, à propos de sa maladie qui l'oblige a se faire porter lors de ses déplacements :
"Parbleu, bon ! je vais par les rues ; Mais je n'y vais pas de mon chef Ni de mes pieds, qui par méchef sont parties très malotrues.
Paul Scarron (1610-1660 )
écuyer et seigneur de Fougerest, Beauvais et La Rivière,
atteint d'une spondylarthrite ankylosante, finit sa vie paralysé et déformé.
Cette difformité ne l'empêcha pas d'épouser à 42 ans, une orpheline sans fortune de seize, Françoise d'Aubigné, petite-fille de l'écrivain Agrippa d'Aubigné, et surtout, future Madame de Maintenon, qui épousa morganatiquement Louis XIV.
Le romancier Scarron, Musée de Tessé, Le Mans
auteur anonyme
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

Le sachez tu !? 😮 Ecureuil vient du vieux français escurel qui a donné l'anglais suirrel

 Le sachez tu !?

😮
Ecureuil vient du vieux français escurel (qui a donné l'anglais squirrel) issu du latin scuriolus, diminutif de sciurus,
issu lui-même du grec σκίουρος, skíouros (écureuil),
composé de σκιά, skiá ombre + οὐρά, ourá, queue.
En effet, les grecs pensaient que l'écureuil pouvait se faire lui même de l'ombre avec le panache de sa grande queue !...
Les écureuils font d'ailleurs partie famille des Sciuridés, qui comprend la marmotte.
Nos jolis petits écureuils roux d'Europe, aux plumets sur les oreilles, à la queue en panache touffu, au poitrail blanc, ont tendance à être remplacés par les écureuils gris américains (ceux de central Parc) qui ressemblent d'avantage à des rats, car cette race est malheureusement invasive....
Jacob van Es (vers 1596 –1666)
Nature morte à l'écureuil
huile sur toile
85,0 cm X 115,0 cm
musée des Beaux-Arts de Rennes

(Reproduction interdite)
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

samedi 27 février 2021

Le sachez tu !? 😮 Chandail : le pull des (mar)chands d'ail bretons des Halles de Paris.

 Le sachez tu !?

😮
Chandail : désignait initialement le gros pull en laine chaud et tricoté, porté par les maraichers bretons des Halles de Paris.
Ce gros tricot était porté par les vendeurs d'ail appelant le chaland en criant "Marchand d'ail"...
En perdant la première syllabe, donc par aphérèse, "marchand d'ail" aurait donné le diminutif "chandail", désignant d'abord le vendeur, puis son vêtement par métonymie.
Le "pull", lui, est l'abréviation de pull-over, de l'anglais to pull over, "tirer par-dessus" (la tête) puisque le pull est un tricot qui n'a pas de boutons.
Marie-François Firmin-Girard (1838-1921)
Marché d'automne aux Halles, collection particulière
83 x 117 cm, signé en bas à gauche " FIRMIN-GIRARD"
Cette merveilleuse évocation du marché des Halles de Paris, est une des nombreuses peintes par Firmin-Girard.
Ce tableau restitue formidablement l'agitation fébrile des petits matins des halles.
Une multitudes de détails amusants ou insolites lui donne vie : porteurs, chiens, publicités d'époque...
On aperçoit à gauche le pavillon des Halles conçu par l'architecte Victor Baltard.
Les pavillons de fonte et de verre, commandés par Napoléon III, furent réalisés entre 1852 et 1870 pour abriter les Halles.
Baltard mourut en 1874, quatre ans après que le dixième pavillon ait été érigé.
A droite, derrière les arbres sans feuilles, on aperçoit le clocheton de l'arrière de l'église Saint Eustache, avec son horloge qui, elle, existe toujours, contrairement aux pavillons Baltard démolis en 1971, après seulement un siècle d'utilisation.
Ce tableau, estimé entre 80,000 et120,000 dollars, a été vendu 254,500 dollars à Sotherby's, prix d’adjudication avec commission acheteur : un bon investissement, non soumis à l'ISF ! 😉 ...
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

vendredi 26 février 2021

Le sachez tu !? un funambule, un noctambule, un somnambule, un préambule, déambuler, une ambulance, un marchand ambulant, une médecine ambulatoir

 Le sachez tu !?

😮
Quel lien existe-il entre : un funambule, un noctambule, un somnambule, un préambule, déambuler, une ambulance, un marchand ambulant, une médecine ambulatoire ?... 😮
Dans tous ces mots, on reconnait la racine latine du verbe ambulare, ambulo, se promener, je me promène.
Ambulo est sans doute lui même constitué du préfixe amb-+ le radical indo-européen commun *ā̆l- (aller) qui a aussi donné, le grec ἄλη, alê, (aller, errer)
Les préfixe sont : funis- : fil, noct- : nuit, somnus- : sommeil, pré- : avant, dé- (séparation).
La circumambulation (circum : autour) est le rite religieux répandu et très ancien où les croyants tournent en boucle autour d’un monument, comme la Kaaba, ou les murs de Memphis, dans l'Egypte antique.
Ci-dessous, l'affiche du célèbre funambule Arsens Blondin qui se produisait à Paris dans les années 1880, un espagnol qui avait emprunté son nom de scène à Charles Blondin, Gravelet de son vrai nom (1824-1897) le funambule qui traversa le premier les chutes du Niagara en 1859, devant 12000 spectateurs.
Lithographie en couleur, 80 × 60 cm,
imprimerie Charles Levy Paris
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

Le sachez tu !? 😮 Tarentelle et Tarentule viennent de Tarente, le port d'Italie du sud

 Le sachez tu !?

😮
Quel est le lien entre la Tarentelle, danse italienne, l'araignée Tarentule, et Tarente, le port d'Italie du sud ?
La "Lycose de Tarente" ou "Tarentule des Pouilles", est une araignée répandue dans la région des Pouilles, plus précisément dans la région du port de Tarente, (dans le talon de la botte, côté semelle, pour les nuls en géographie 😉 ).
Or, autrefois, on prêtait à la morsure de cette grosse araignée des effets graves, tels que des troubles neurologiques, allant des spasmes à la léthargie, mais, sans doute par erreur.
Ces symptômes sont vraisemblablement plutôt dus à la morsure de la veuve noire méditerranéenne également présente dans la région, mais beaucoup plus petite.
La seule façon de freiner cet état de léthargie du au poison de la tarentule était, croyait-on, de maintenir le malade dans une agitation effrénée, grâce à une danse : la Tarentelle.
De plus, pour que le processus de guérison soit complet, tout le village devait participer à cette forme d'exorcisme.
Cette thérapie portait le nom de tarentisme ou tarentulisme.
Cependant, la tarentule avait peut-être "bon dos", car la danse faisait partie des interdits religieux dans l'Italie très austère du Moyen Age.
Or, cette danse folklorique de village, en ronde ou en danse de couple assez lascive, mais "sans contact" (oui, comme les cartes bleues) étant exécutée pour la bonne cause, elle contournait les interdits religieux ! 😉
Aquarelle datée de 1828, portant l'inscription Vatta, ou Gatta en bas à droite.
Auteur inconnu.
Deux couples colorés dansent la Tarentelle, sans se toucher, sur la musique de deux musiciens : un homme chantant et jouant du luth et une femme assise rythmant les pas endiablés à l'aide de son tambourin.
Les danseurs ont tous dans les mains, des "nacchere", sorte de castagnettes italiennes.
Une bouteille de chianti dans sa coque d'osier protectrice et rafraichissante, trône au premier plan, semblant indiquer que l'ambiance est bien arrosée.
A l'arrière plan, une femme, plus sage, est assise avec son enfant.
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :