Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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samedi 20 février 2021

Le sachez tu !? 😮 "Echec et mat" vient de l'arabe aš-šāh māta, "le roi est mort", du persan šhâh mât,

 Le sachez tu !?

😮
"Echec et mat" vient de l'arabe : الشاه مات aš-šāh māta, "le roi est mort", traduction, en réalité erronée, du persan : شاه مات šhâh mât, "roi pris" ou plutôt de شاه ماند, šhâh mând, "roi abandonné, seul"
En effet, le roi est la seule pièce à ne pas pouvoir être tuée.
Cependant, le dernier Sha d'Iran, Mohammad Reza Shah Pahlavi, lui, est bien mort, seul et abandonné, au Caire le 27 juillet 1980...
Le chaturanga, du sanskrit चतुरङ्ग caturaṅga signifiant quatre corps, est un ancien jeu de stratégie indien, ancêtre du jeu d'échecs, et se jouant à quatre ou deux joueurs.
Le mot chaturanga figure dans l'épopée mythologique "Râmâyana", en sanskrit : रामायण, "la Geste de Rāma" composée dès le III° siècle avant. J.-C.
Chaturanga, est un terme militaire désignant les quatre corps d’armée indienne : éléphants, cavaliers, chars et fantassins.
En Orient, les échecs se sont développés à partir de la version chinoise, le Xiangqi, 象棋 , littéralement "échiquier des éléphants", en Corée et au Japon au X° siècle.
Manière de Caravage (1571–1610) Joueurs d'Echec
1610
Huile sur toile exposée à la Galerie de l'Académie de Venise.
Dans cette fin de partie, où les trois regards sont fixés sur la pièce que bouge le jeune homme au panache et pourpoint rouge, c'est le personnage central qui est remarquable : une femme, alors qu'en 1610, sa place était plutôt à sa broderie...
Cette jeune femme a une partie du visage dans l'ombre...
Remarquez : elle a le bras gauche autour du cou de son jeune frère, comme pour le soutenir, mais elle tient une fiole, qu'on devine à peine : soporifique à verser dans le verre de l'adversaire ? Tout est possible... d'autant que Caravage a peint, auparavant "Les tricheurs" au jeu de carte, où deux complices flouent un troisième.
Jeune femme et jeune homme se ressemblent et leur expression concentrée, bouche fermée, est commune.
Le personnage de gauche, lui, pourtant plus âgé, barbu, exprime la surprise : bouche ouverte, main levée, yeux écarquillés :
Ce coup final là, il ne l'avait pas vu venir ! 🙂
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Le sachez tu !? 😮 Quel est le lien entre une viole de gambe, gambader, de jolies gambettes, un vieillard ingambe et Gambetta ?

 Le sachez tu !?

😮
Quel est le lien entre une viole de gambe, gambader, de jolies gambettes, un vieillard ingambe et Gambetta ?
On retrouve ici le mot gambe, du latin gamba (jarret), du grec καμπή, kampế (articulation)
- La viole, ancêtre du violon, se tient entre le jambes,
- Gambader c'est sauter sur ses jambes,
- Les belles gambettes de Mistinguett, de son vrai nom Jeanne Florentine Bourgeois, est une chanson de 1933, si, "c'est vrai" 😉
D'ailleurs, La Miss Tinguette avait pris une assurance sur ses magnifiques jambes de 500 000 francs français en 1919.
-Un vieillard ingambe est un vieillard encore bien en jambes, donc encore alerte, et le mot est parfois employé à tord.
Leon Gambetta portait un nom de famille italien signifiant petite jambe. Il fut membre du Gouvernement de la Défense nationale en 1870 puis chef de l'opposition.
Jeune femme jouant de la viole de gambe (autour de 1624)
Gerrit (Gérard) van Honthorst (1590-1656)
surnommé Gérard de la Nuit, pour ses clairs-obscurs, né et mort à Utrecht, ville hollandaise réputée pour la fabrication du velours.
La joueuse de viole de gambe a un sourire particulier et de petites dents amusantes...
Outre ses portraits de commandes, il a peint de nombreux personnages jouant de différents instruments : viole, violon, luth ou guitare.
Certains sont hilares, instruments et verre de vin à la main.
Impossible de localiser " La joueuse de viole de Gambe", mais son pendant, même format, même modèle "Femme accordant un luth" (1624), huile sur toile, 83 × 67 cm, est visible au
Musée national du château de Fontainebleau.
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jeudi 18 février 2021

Le sachez tu !? :O "sine nobilitate" abrégée en "s.nob" à Cambridge

 Le sachez tu !? :O

Snob vient en réalité du latin, en ayant fait un petit passage par l'Angleterre : les romains plébéiens méritants pouvaient inscrire leurs fils dans des écoles réservées aux nobles patriciens, mais la mention "sine nobilitate" aurait figuré avec leur nom.
Cette mention aurait été abrégée en "s.nob", et reprise plus tard sur les registres de université de Cambridge, fondée en 1209, et du collège d'Eton fondé en 1440.

Les jeunes gens sans titres tentant d'imiter les manières des "nobs" (de la nobility), ces derniers les tournaient en dérision.
Snob signifiait également "cordonnier" en anglais argotique au XVIII°.
Mais le mot snob devint vraiment à la mode en 1848 lorsque William Makepeace Thackeray (1811-1863) l'auteur de Barry Lindon, fit paraitre son "Livre des Snobs".

Imbu, c'est celui qui se gonfle, ou gonfle les joues, (avant de gonfler les autres ! :) ) puisqu'il vient du latin im+buo, "remplir", et du grec βύω, buô, "emplir", du radical indo-européen *bu, "gonfler", qui a donné aussi bufo, un crapaud qui enfle ses joues...
Orgueil, enfin, vient du vieux-francique urgôli, "fierté", et de l'ancien haut allemand urguol, "remarquable".

Louis-Léopold Boilly (1761-1845) :
Miniaturiste, peintre, graveur
L'orgueil 1824, lithographie
appartenant à la série : Les sept péchés capitaux
Library (bibliothèque) of Congress,
Washington D.C (District of Columbia)
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mardi 16 février 2021

Le sachez tu !? :O Humour, mot anglais, vient du français humeur, du latin humor : " liquides corporels"

 Le sachez tu !? :O Humour : voici encore un mot qui a fait la navette entre la France et l'Angleterre, en nous revenant avec un sens sensiblement différent.

Humour vient du français "humeur", qui vient du mot latin humor signifiant liquide corporel : sang, bile, lymphe.
Humor, ou umor, est de la même famille (un "cognat") que le grec ὑγρός, hygrós, humide, issus tous deux de l'indo-européen *u:egw-(humide)
Colère vient d'ailleurs du latin cholera, issu du grec χολέρα, kholéra, de χολή qui a donné chole "bile".

Pourquoi ce lien entre la bonne ou mauvaise humeur et les fluides corporels ?
Parce que, selon le père de la médecine grecque, Hippocrate (460 avant J.C. - 377 av. J.C.) il existait quatre "humeurs" ("liquides corporels"), influençant nos états d'âme :
- le sang donnant le caractère sanguin ou jovial,
- le phlegme ou lymphe donnant le caractère lymphatique ou flegmatique
- la bile jaune donnant le caractère bilieux et violent.
-la bile noire ou atrabile, donnant le caractère mélancolique.
Mélancolie est d'ailleurs composé de μέλας mélas, noir + χολή khōlé, bile.

De plus, il faut noter que l’anglais "spleen" signifiant en français "mélancolie", vient de l'anglais spleen, signifiant rate, qui vient du latin splen, rate, lui-même issu du grec ancien σπλήν, splēn, rate, celle qui est censée produire la bile noire !
D'ailleurs, ne vous faites pas de bile, dit-on communément ! ... ;)

C'est ainsi que, pour chasser les mauvaises "humeurs", on a pratiqué depuis les grecs jusqu'au milieu du XIX°, la fameuse "saignée" qui avait au moins la vertu de débarrasser définitivement... les médecins de leurs patients irascibles et colériques ! ;)

1805 exposé à Londres au Victoria et Albert Museum
James Gillray (1757-1815) "breathing a vein"
James Gillray fut un caricaturiste célèbre pour ses dessins satiriques.
Le malheureux patient, dégouté, détourne les yeux pendant que le médecin au rictus hideux pratique une saignée ressemblant plutôt à une torture...
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Le sachez tu !? 😮 Biscuit désignait au Moyen Âge des petits pains cuits de deux fois (bis cuit)

 Le sachez tu !?

😮 Biscuit désignait au Moyen Âge des petits pains cuits de deux à quatre fois au four.
Biscotte, emprunté à l'italien biscotto, est également composé du préfixe bis- et de cotto, participe passé de cuocere, cuire, et signifie donc cuit deux fois.
Cuire est issu du participe passé latin coctus (cuit) du verbe coquo, coquere (je cuis) et a donné l'oeuf à la coque, qui n'est donc pas un oeuf de coq, comme le croyait mon fils. 😉
Une cocotte est donc une petite marmite pour cuire et un maître-queux est un maitre dans l'art de cuire et non de tenir le manche de la casserole, ou encore tout autre signification salace que l'on pourrait imaginer !... 😃
Le pain 🍞 bis aurait une autre origine : fait à partir de farine bise, non raffinée et des grains de blé ayant gardé leur enveloppe, le "son".
L'art culinaire vient du latin culina, cuisine, issu également de la même racine coquo.
Sucre, lui, est un mot qui a beaucoup voyagé, et vient d'Inde :
il est issu de l’italien zucchero, lui-même issu de l’arabe سُكّر, sukkar, issu du persan شکر, šekar, issu du sanskrit शर्करा, śárkarā et s'est décliné en sugar en anglais et Zucker en allemand...
George Flegel est né en 1566 et il est mort en 1638, à Frankfort sur le Main, où est exposé cette peinture.
Dans cette jolie nature "morte" sucrée et délicatement exécutée, le biscuit à une forme de coeur travaillé.
On remarque aussi quatre petits insectes, comme attirés par le sucre, les avez vous remarqués ?
Une petite coccinelle sur la table, une guêpe translucide sur le pain, un papillon jaune pâle sur le sucre et... un insecte est dessiné sur la coupe.
Il faut noter les petites touches de blanc qui donne le relief du verre travaillé, aux poires et beignets enrobés de sucre.
Huile sur panneau de bois,
Hauteur : 21,7 cm X Largeur : 17,0 cm
"Nature morte pain et sucreries"
Städelsches Kunstinstitut und Städtische Galerie (musée municipal)
Frankfurt am Main
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Le sachez tu !? 😮 Mansarde vient par "antonomase" de l'architecte Jules Hardouin-Mansart,

  Le sachez tu !?

😮 Mansarde vient par "antonomase" (comme Poubelle, Silhouette, McAdam et autres Diesel...) de l'architecte Mansart.
Jules Hardouin-Mansart, anobli en comte de Sagonne, est né en 1646 à Paris et mort en 1708 et fut le premier architecte de Louis XIV.
Cependant, il semble que ce soit Pierre Lescot qui inventa le premier ce type de charpente à angle brisé puisque l'aile du palais du Louvre, construite par Pierre Lescot en 1546, soit cent ans naissance de François Mansart, avait déjà un comble brisé...
En réalité, pour rendre à César ce qui est à César et à Lescot sa trouvaille, on devrait dire une " lescotienne" pour qualifier les mansardes ! 🙂
Les dessus romantiques des toits parisiens mansardés au crépuscule dans un doux jeu d’éclairage.
Les toits de Paris de l'artiste russe Evgeny Lushpin, né en 1966 dans la région de Moscou, peuvent être achetés avec de nombreuses autres oeuvres charmantes sur son site :
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Peut être une image de route et ciel
Vous, Gérard Perraud, Chantal Guillaume et 16 autres personnes
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samedi 13 février 2021

Le sachez tu !? 😮 Mansuétude vient du latin mansuetus, de manus, main + suesco, "j'habitue".

 Le sachez tu !?

😮 Mansuétude vient du latin mansuetus, signifiant apprivoisé, issu du verbe latin mansuesco, apprivoiser, composé de manus, main + suesco, "j'habitue".
C'est logique : la main qui caresse et à laquelle on s'habitue, finit par vous apprivoiser, pour peu que l'on caresse "dans le sens du poil" 😉
Le verbe suesco est, selon toute vraisemblance, issu du pronom suus "sien" + le suffixe verbal -esco, donnant le sens "faire sien".
Le suffixe verbal -esco est apparenté au suffixe grec -σκω, sko.
Au sens figuré, mansuesco signifiait aussi apaiser, calmer.
Il y a eu donc un glissement sémantique de l'acte d'apprivoiser et d'apaiser, à celui de faire preuve de compassion et de bienveillance qui est la signification de mansuétude aujourd'hui.
Pour illustrer la notion délicate de "mansuétude", mon choix s'est porté sur : "Le Loup d'Aggubio" de Luc-Olivier Merson.
Ce joli tableau retrace la légende du Loup du village de Gubio, proche de Pérouse, qui terrorisait les habitants.
Un jour, St François d’Assise, qui parlait aux animaux, fit un signe de croix sur le front du Loup.
Devenu ainsi miraculeusement apprivoisé et plein de douceur, le loup fut nourri par les habitants de Gubbio jusqu'à sa mort.
Dans ce tableau de genre, la scène se passe dans les ruelles de Gubio enneigées : un loup, débonnaire, caressé par une fillette souriant à sa mère, est nourri avec bienveillance par le boucher du village.
Il vient littéralement lui "manger dans la main".
Le lion est devenu miraculeusement doux grâce à la bénédiction de St François ou Francesco est originaire d'Assise, à 50 Km de Gubio, (1181-1226) et le miracle est exprimé par une auréole, un nimbe esquissé au dessus de la tête du loup.
Le loup porte également de de nombreuses amulettes et des médailles autour du cou.
St François étant le patron des animaux et étant réputé pour parler aux oiseaux, de nombreux animaux figurent aussi sur ce tableau : un chat caressant, un chien endormi, des pigeons qui s'ébattent, une pie, un âne et un cheval qui se cabrent, apeurés par le loup...
Ce tableau riche, fouillé et coloré, peint en 1877, fut exposé pour la première fois au salon des artistes français de Paris de 1878.
Huile sur toile de 88 cm × 133 cm
visible au Palais des Beaux-Arts, Lille
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