Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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mercredi 20 janvier 2021

Le sachez tu !? Le Tricheur à l'as de carreau Georges de La Tour vers 1636

 Le sachez tu !? 

😮 Du vin, des mains, des formes avantageuses mises en éclairage, atours et atouts, regards en coin, sourires masqués, zones d'ombres : tout est réuni pour berner ce riche jeune homme naïf, orgueilleux et crédule, qui va se faire "plumer" sous nos yeux, nous rendant complices, malgré nous, de cette entourloupe dont il sera la seule victime.
Il s'agit dune partie de jeu de Prime, ancêtre du poker.

Le tricheur nous prend à parti sans vergogne, montrant effrontément le tour de passe passe qu'il s'apprête à faire : témoins impuissants, nous ne pouvons même plus avertir la jeune victime, figée dans sa naïveté depuis 400 ans...

Les jeux de cartes étaient très répandus au XVII° et beaucoup de nobles s'y ruinaient.
Ce thème est récurant en peinture, le tableau de Georges de la Tour étant un des plus célèbres, inspiré d'un "tricheur" de Michelangélo le Caravage de 1595.

Le Tricheur à l'as de carreau
Georges de La Tour vers 1636
Musée du Louvre

TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
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Le sachez tu !? 😮 Pommade contient le mot pomme du latin pomum

 Le sachez tu !?

😮 Pommade contient le mot pomme car c'était à l'origine une préparation onctueuse composée d'un corps gras et d'essences parfumées à la pomme d'api.
Pommade vient de l'italien pomata, issu du latin pomum qui désigne en réalité toute forme de fruits avec noyau : pomme, mais aussi poire, cerise, figue, noix, grenade, datte ...(mais, non, pas de scoubidou 😉 ).
C'est ainsi que l'on ne sait pas précisément quel est le fruit -pomum- défendu dans lequel mordit Eve, sachant que malum désigne à la fois le mal et la pomme en latin, ce qui fait pencher la balance pour une pomme.
Pomme de discorde, qui fut déjà responsable de la guerre entre Grecs et Troyens, de la pâmoison de Blanche-Neige, et du suicide d'Alan Turing par ailleurs, notera-t-on au passage...
C'est le serpent qui convainquit donc Eve de goûter au fruit de l'arbre de la connaissance.
Puis Eve persuada ensuite le pauvre Adam d'y goûter, qui se retrouva ainsi chassé du paradis par sa faute : nul doute de cette pomme lui resta au fond de la gorge, d'ailleurs il en garde encore une pomme d'Adam bien visible...
Quant à Êve, après une telle bévue, elle aurait pu tomber dans les pommes, à ceci près que l'expression n'a rien à voir avoir ce fruit, mais vient de "tomber dans les pâmes", ou se pâmer, de l'ancien français pasmer ( le "S" placé au dessus du A ou du O, pour gagner de la place sur les manuscrits devient souvent un accent circonflexe), du latin spasmare, de spasmus (spasme).
Gustave Courtois (1852–1923)
Huile sur toile exposée Musée des Beaux-Arts de Besançon
Adam et Eve.
Dans cette toile pleine de sensualité, la pomme se trouve très exactement au centre du tableau et la posture alanguie et indolente d'Adam, son regard plein de sous entendus, invitent plutôt à la ...sieste qu'à la confection de compote...
Mais, heureusement, les fleurs sont là pour sauvegarder la moralité de cette scène bucolique (du grec βουκολικός gardien de boucs/boeufs) ...
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Le sachez tu ?! 😮 Rutilant vient de rutilarer : " teindre en roux"

 Le sachez tu ?!

😮 Rutilant : on a pris l'habitude d'utiliser aujourd'hui ce mot comme un superlatif à "brillant", qualifiant souvent une pomme ou un cuivre que l'on ferait rutiler, étinceler d'avantage encore, en le frottant énergiquement, un peu comme Aladin le faisait avec sa lampe magique, mais sans effets secondaires. 😉
Or rutilant signifie, en réalité, d'un "rouge ardent", écarlate, puisque ce mot vient du latin rutilarer, teindre en roux.
Rutilarer est apparenté au latin russus, roux et ruber, rouge, qui a donné aussi des mots tels que Rubens, rubéole, rubis, rubrique (titre en rouge)...
Rutilarer est aussi apparenté avec le latin rubicundus, rubicond, comme le fleuve " Rubicon", celui que César franchit en "jetant les dés" ( 😉 ) en - 49 avant J.C, avec son armée, malgré l'interdiction du Sénat romain.
La toponymie n'explique cependant pas pourquoi le Rubicon porte ce nom : algues rouges, boues rouges de bauxite -(quoique celles-ci furent plutôt localisées depuis du côté de Ajka en Hongrie ! 😉 ) ou sang, l'histoire est muette à ce sujet...
Le latin ruber est apparenté au grec ἐρευθέω, ereuthéô comme érythème (fessier, ou pas), de l’indo-européen *h₁rudʰrós (rouge).
Maurice Louis Monnot, né en 1869 à Paris et mort en 1937, a peint de nombreuses nature mortes où il met en relief des cuivres... rutilants.
Nature morte au pot de cuivre


Le sachez tu !? 😮 Plagiat, de plagium " vol d'esclave ".

Le sachez tu !? 😮 Plagiat, avant de désigner le vol d'une oeuvre, signifiait " vol d'esclave ".
En effet, le mot vient du latin plagiarius, plagiaire, qui vient de plagium, désignant le fait de voler un esclave, ou de kidnapper un enfant libre pour le vendre comme esclave.
Plagium vient lui même du grec πλάγιος, plágios, signifiant : oblique, en biais, flanc, mais surtout " traitre ", sans doute parce que les traitres ont un regard oblique 😛 .... !
Plagios vient de l’indo-européen commun *plak- plat.
Dans la Rome antique, les esclaves d'origine grecque étaient prisés et pouvaient être très instruits : les comptables et les médecins étaient souvent des esclaves.... Aujourd'hui ils ne sont plus qu'esclaves... de leurs horaires et c'est une servitude encore pénible 😉
Dans la peinture ci-dessous, la malheureuse esclave est soumise à un terrible examen avant son acquisition puisque l'acheteur vérifie ses dents, comme pour un cheval, en lui mettant les doigts dans la bouche...
Jean-Léon Gérôme (1824–1904)
Le Marché d'esclaves 1866
84.8 cm x 63.5 cm
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Le sachez tu !? Rebecca de Daphné Du Maurier

 Le sachez tu ?!

😮 Rebecca : on connait le film d'Hitchcock de 1940, la version de Ben Wheatley de 2020, et surtout le roman éponyme de l'écrivaine anglaise Daphné Du Maurier qui a inspiré ces deux réalisateurs.
Mais connait-on les diverses sources d'inspiration qui ont alimenté l'imagination de Daphné du Maurier ?
De prime abord, les similitudes sont évidentes avec la Jane Eyre de Charlotte Brontë et Daphné du Maurier ne s'en cachait pas : écriture à la première personne, une jeune demoiselle de compagnie/préceptrice, tombant sous le charme d'un ténébreux et riche noble, Edward Fairfax Rochester, bien plus âgé qu'elle et piégé dans dans un précédant mariage malheureux, présence obsédante de l'ancienne épouse, incendie final du manoir, etc...
Mais, plus grave, l'écrivaine anglaise est accusée de plagiat par la brésilienne Carolina Nabucco qui écrit en 1934, donc 4 ans plutôt, la " Successora " (traduit par la " préférée ").
Effectivement, les ressemblances entre les deux romans relèvent cette fois plus que de la simple inspiration : sous le soleil du Brésil (et non celui de Monte-Carlo) la jeune Marina (et non Rébecca), fait la connaissance d'un riche homme d'affaires de Rio de Janeiro, Roberto Steen (et non Maximilien de Winter).
Mr Steen tombe sous le charme de la jeune Marina, et finalement demande sa main à sa mère.
Après le mariage et un voyage de noces idyllique, Marina, devenue la nouvelle madame Steen, doit trouver sa place dans la haute société de Rio.
Elle subit vite les sarcasmes de la sœur et des amis de son mari, qui passent leur temps à la comparer à la défunte et superbe Alice Steen, précédente épouse de Roberto.
Marina doit surtout affronter la gouvernante, Juliana, (et non Mrs Danvers) qui voue une admiration sans limite à la première madame Steen.
Non seulement ce scénario est troublant de ressemblance mais il semble Carolina Nabuco aurait bien envoyé vers 1936 son best seller brésilien au traducteur de Daphné du Maurier...
Mais les accusations de plagiat ne s'arrêtent pas à la "Préférée" pour l'auteur de Rébecca : en effet, un procès à lieu à New York en novembre 1947.
Edwina McDonald, écrivaine peu connue, dépose une plainte contre Daphné du Maurier en 1940, trouvant plus de 46 parallèles entre son roman "Blind Windows" se déroulant à la Nouvelle Orléans, publié en 1928, et Rébecca.
Il n'y a en fait que peu de ressemblances objectives entre Rebecca et ce roman ennuyeux où Wilda Garnett épouse un riche planteur plus âgé qu'elle et est confronté aux souvenirs de sa première épouse qui imprègnent la propriété.
En réalité, ce que Daphnée du Maurier n'avouera pas lors du procès, c'est que sa véritable source d'inspiration pour Rébecca n'est autre que Jeannette Ricardo, descendante du célèbre économiste, et surtout première épouse de son mari, le futur général et Sir Frederick Browning, de 11 ans son ainé.
Jeannette Ricardo signait son courrier d'un élégant monogramme "R" que l'on retrouve dans... Rébecca ! 😉
Daphné du Maurier, persuadée, comme son héroïne, que son mari était encore amoureux de cette première épouse encore très " présente ", nourrit pour elle une jalousie quasi obsessionnelle.
Jeannette Ricardo, remariée avec Ian Constable Maxwell, se suicida en 1944, comme Rebecca, à l'âge de 39 ans ans, en se jetant sous un train...
La première phrase du roman Rebecca "J'ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley " fut écrite en Egypte, dans la réalité comme dans le roman...
Et le sombre manoir imaginaire de Manderley en Cornouaille est inspiré par le le château réel de Menabilly loué, à partir de 1943, par le couple Browning-du Maurier, amateurs de voile, comme ses héros Rebecca et Maximilien de Winter.
Quant à la fascination quasi saphique de Mrs Danvers pour Rebecca, il suffit de se souvenir que Daphné du Maurier, bisexuelle, a eu plusieurs relations amoureuses dont une, platonique, avec la comédienne Gertrude Lawrence, pour y trouver la racine...
Daphné du Maurier a écrit de nombreux succès, et plus d'une quinzaine ont été adaptés au cinéma, dont : les Oiseaux, La Taverne de la Jamaïque, L'aventure vient de la mer, Ma cousine Rachel...
Ci-dessous : portrait de Daphné du Maurier jeune d'après une photo.
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vendredi 15 janvier 2021

Le sachez tu !? 😮 Boucher était à l'origine celui qui tuait les boucs

 Le sachez tu !?

😮 Boucher était à l'origine celui qui tuait les boucs. Boucher vient du vieux français bochier, issu de bouc, qui viendrait lui même du mot gaulois bucco.
Un bouc émissaire, quant à lui, est originellement, un bouc innocent, tiré au sort, symboliquement sacrifié en expiation des péchés d'Israël et chassé dans le désert vers l'ange déchu Azazel afin de détourner la malédiction divine.
Cette expiation est décrite dans la bible, Lévitique chapitre 16, verset 7.
Annibale Carracci, (rien à voir avec Hannibal Lecter, autre genre d'amateur de viande !) est né à Bologne en 1560 et mort à Rome en 1609; il a peint deux grand tableaux représentant une boucherie entre 1580 et 1590 et celui ci est exposé à l'Eglise du Christ d'Oxford.
Quatre jeunes bouchers sont fort affairés à peser, accrocher, et découper la viande pendant que le personnage de gauche semble chercher dans sa bourse, sa " bougette " (budget) de quoi payer ce qui vient d'être pesé.
Mais avez-vous compris à qui appartient la main de gauche, sur l'étal du boucher, celle qui semble subtiliser une côtelette ? Il s'agit bien de la main de la vieille femme, à l'arrière plan, qui profite manifestement de ce que tous soient bien occupés ! 😉
Huile sur toile de : 190 cm × 272 cm
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mardi 12 janvier 2021

Le sachez tu !? :O inopinément apparenté au latin opinor, optio, optice et au grec opsomai, futur de oraô voir

 Le sachez tu !?

😮 Inopinément est composé de in (privatif) et opinément (bienvenu), apparenté au latin
- opinor (soupeser, penser) qui a donné opinion et
- optio (choix) qui, lui, a donné option.
Opinor et optio sont eux mêmes, apparentés au latin optice, venant du grec ὄψομαι, opsomai, futur du verbe ὁράω, oráô (voir).
ὀπτικός optikos est issu de ὄψ, ὀπός, ops, opós (vue ET voix) et a donné optique.
Opiner, (du chef), opinion, option et optique sont donc issus d'une même racine grecque.
Attention ! 😉 Rien à voir avec l'Opinel dont se servait votre grand-père pour trancher son saucisson... (Quoique ?)
Joseph Opinel (1872-1960) jeune taillandier savoyard, inventa la lame pliable à la main couronnée qui porte son nom, à l'âge de 18 ans seulement en 1890.
Et là... c'est le drame 😮 !
Difficile de trouver une illustration pour opiner, option, optique ou même Opinel !
Comme je fais ce que je veux 😃 j'ai choisi de privilégier le latin opinor (soupeser, penser) et d'illustrer ce mot par la :
Pesée des Âmes de l'archange Michel exposé aux Hospices de Beaune.
La " Pesée des âmes " est la figure centrale du retable polyptyque du Jugement Dernier de Rogier van der Weyden occupe tout un mur des Hospices, et fut peint entre1443 et 1452.
L'archange Michel est qualifié de psychopompe ou passeur des âmes et son regard pénétrant, sa beauté, son visage totalement symétrique et inexpressif montre son impartialité absolue.
La psychostasie ou pesée de l'âme du mort, existait déjà dans la mythologie égyptienne, puisqu'on retrouve des représentations de Maât, déesse de la justice pesant le coeur des morts avec une balance.
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