Le Sachez Tu !?
Gagegager, engager, dégager, gageüre
Le mot "gage" vient de l’ancien français guagier issu de guage, lui-même dérivant de wage et du francique waddi, du proto-germanique wadja « gage », apparenté au néerlandais wedde « salaire » et à l’allemand Wette « pari ».
On retrouve ici l'évolution du W (ouë) germanique en G en français déjà vue dans guerre (de war), ou garde (de warden) ou Guillaume (de Wilhelm, William)
Gages, dans le sens de "salaires" était un mot fréquent autrefois pour désigner les appointements versés (ou pas !) aux domestiques et on ne le retrouve plus guère que dans les expressions "tueur à gages" et "préteur sur gages", deux activités ayant pour point commun d'être fortement déconseillées par la religion...
(l'une plus encore que l'autre d'ailleurs...).
En effet, l'église catholique interdisait le prêt contre "usure", avec intérêt, car c'est une activité qui permet de gagner de l'argent sans travail, or, bibliquement, "toute peine mérite salaire" (Évangile de Luc, chapitre 10, verset 7)...
et vice et versa, (vers quoi ?) donc ...
Seuls les juifs, et les "banquiers Lombards" (qui étaient en réalité des juifs convertis au christianisme, mais pratiquant leur religion en cachette) avaient donc la possibilité d'exercer l'activité d'usurier, et le taux d'usure au Moyen Âge atteignait parfois plus de 130%, un taux digne de Sofinco et Cofinoga réunis...
L'institution charitable du "Monte di Pieta" fut alors imaginée par un moine franciscain italien en 1462 : Barnabé de Terni, à Pérouse.
Terni proposa de prêter ainsi aux pauvres le montant de la valeur d'un objet déposé, objet à récupérer sans intérêts.
Cette formule fut transposée en France, d'abord à Avignon, état pontifical, en 1610, par la Congrégation de Notre-Dame de Lorette, puis rapidement généralisée dans toute la France.
L'expression "Mont-de-Piété" vient d'une traduction erronée de l'italien "monte di pietà", mot à mot : "montant, valeur" ( et non "mont") et pietà, « charité ».
(Petite, je pensais que "Mont de piété" était une montagne sainte parisienne, comme le Montmartre et sa basilique du Sacré coeur)
Depuis le 24 octobre 1918, le Mont-de-Piété est devenu le "Crédit Municipal de Paris", organisme qui ne s'embarrasse plus de considérations éthiques pour vous accueillir avec beaucoup intérêt(s), et vous prêter de même..
Quant au mot "gageüre" (défi) selon la réforme de l'orthographe de 1990, il doit être impérativement prononcé "gajure", et non "gajeur" , le E n'étant là que pour éviter le son "gu" :
cette prononciation erronée est la marque d'un manque de culture gravissime
(oui, rien de moins que ça... )
Ci-dessous :
Jean Béraud, (1849–1935)
Le Mont de Piété
The Pawn Shop ou "Chez Ma Tante"
L'expression " chez ma tante", désignant le Mont de piété, viendrait, selon la petite histoire, de François d’Orléans, prince de Joinville, fils du roi Louis Philippe.
En effet, à la remarque de sa mère, la reine Marie-Amélie, lui demandant où était la montre qu'elle lui avait offerte, il aurait répondu " Chez ma tante", alors qu'en réalité, ce joueur invétéré l'avait déposée au Mont de piété pour payer ses dettes de jeu.
Joli, mais sûrement faux...
D'autant qu'en Belgique, un "oncle" aurait désigné autrefois un préteur sur gage...
Une tante mariée à un oncle d'Amérique, très certainement...
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