Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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dimanche 4 février 2024

Le Sachez Tu !? 😮 Gage gager, engager, dégager, gageüre

 Le Sachez Tu !? 

😮 Gage
gager, engager, dégager, gageüre
Le mot "gage" vient de l’ancien français guagier issu de guage, lui-même dérivant de wage et du francique waddi, du proto-germanique wadja « gage », apparenté au néerlandais wedde « salaire » et à l’allemand Wette « pari ».

On retrouve ici l'évolution du W (ouë) germanique en G en français déjà vue dans guerre (de war), ou garde (de warden) ou Guillaume (de Wilhelm, William)

Gages, dans le sens de "salaires" était un mot fréquent autrefois pour désigner les appointements versés (ou pas !) aux domestiques et on ne le retrouve plus guère que dans les expressions "tueur à gages" et "préteur sur gages", deux activités ayant pour point commun d'être fortement déconseillées par la religion... 😉
(l'une plus encore que l'autre d'ailleurs...).

En effet, l'église catholique interdisait le prêt contre "usure", avec intérêt, car c'est une activité qui permet de gagner de l'argent sans travail, or, bibliquement, "toute peine mérite salaire" (Évangile de Luc, chapitre 10, verset 7)...
et vice et versa, (vers quoi ?) donc ...

Seuls les juifs, et les "banquiers Lombards" (qui étaient en réalité des juifs convertis au christianisme, mais pratiquant leur religion en cachette) avaient donc la possibilité d'exercer l'activité d'usurier, et le taux d'usure au Moyen Âge atteignait parfois plus de 130%, un taux digne de Sofinco et Cofinoga réunis...

L'institution charitable du "Monte di Pieta" fut alors imaginée par un moine franciscain italien en 1462 : Barnabé de Terni, à Pérouse.

Terni proposa de prêter ainsi aux pauvres le montant de la valeur d'un objet déposé, objet à récupérer sans intérêts.

Cette formule fut transposée en France, d'abord à Avignon, état pontifical, en 1610, par la Congrégation de Notre-Dame de Lorette, puis rapidement généralisée dans toute la France.

L'expression "Mont-de-Piété" vient d'une traduction erronée de l'italien "monte di pietà", mot à mot : "montant, valeur" ( et non "mont") et pietà, « charité ».

(Petite, je pensais que "Mont de piété" était une montagne sainte parisienne, comme le Montmartre et sa basilique du Sacré coeur)

Depuis le 24 octobre 1918, le Mont-de-Piété est devenu le "Crédit Municipal de Paris", organisme qui ne s'embarrasse plus de considérations éthiques pour vous accueillir avec beaucoup intérêt(s), et vous prêter de même.. 😉

Quant au mot "gageüre" (défi) selon la réforme de l'orthographe de 1990, il doit être impérativement prononcé "gajure", et non "gajeur" , le E n'étant là que pour éviter le son "gu" :
cette prononciation erronée est la marque d'un manque de culture gravissime 😉
(oui, rien de moins que ça... 😛 )

Ci-dessous :
Jean Béraud, (1849–1935)
Le Mont de Piété
The Pawn Shop ou "Chez Ma Tante"

L'expression " chez ma tante", désignant le Mont de piété, viendrait, selon la petite histoire, de François d’Orléans, prince de Joinville, fils du roi Louis Philippe.
En effet, à la remarque de sa mère, la reine Marie-Amélie, lui demandant où était la montre qu'elle lui avait offerte, il aurait répondu " Chez ma tante", alors qu'en réalité, ce joueur invétéré l'avait déposée au Mont de piété pour payer ses dettes de jeu.
Joli, mais sûrement faux...
D'autant qu'en Belgique, un "oncle" aurait désigné autrefois un préteur sur gage...

Une tante mariée à un oncle d'Amérique, très certainement...

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Le Sachez Tu !? 😮 Anamnèse Αναμνησεις de ἀνά-μνησις, ana-Mnesis (souvenir)

 Le Sachez Tu !? 

😮 Anamnèse Αναμνησεις
J'ai vu ce mot dimanche sur le programme de la messe de Chagny, et... je me suis souvenue ( 😉 )
L'anamnèse dans la liturgie catholique, est le moment où le prêtre propose l'eucharistie (εὐχαριστία eukharistia, action de grâce)
en prononçant les paroles de Jésus Christ :
"Vous ferez ceci en mémoire de moi"
(sous entendu, en mémoire de mon propre sacrifice).

En effet, anamnèse vient du grec ἀνά-μνησις, ana-Mnesis (souvenir)
comme "a-mnesie", sans mémoire, ou "Mnémotechnique".

On retrouve le verbe ἀνα-μιμνήσκω, ana-mimnếskô (rappeler à) avec le radical μένος, ménos (esprit, mens en latin) .

Dans le domaine Medical, l'anamnèse est la ("re")collection par le médecin de toutes les Informations dont le patient peut se souvenir quant aux débuts de sa maladie (quand, comment..) afin d'établir un diagnostique daté.

Enfin, en métempsychose, l'anamnèse est la faculté de se souvenir de ses vies antérieures (quand vous étiez Napoléon, ou avant encore, quand vous étiez une grenouille...)

Ci-dessous :
Dante Gabriel Rosetti (1828–1882)
Mnemosyne n'est pas le nom d'un médicament pour dormir (oui, ça pourrait..) mais celui d'une déesse, celle de...
je ne me souviens plus .. ha si ! la mémoire !..
(modèle : Jane Morris, épouse de William Morris)
Μνημοσύνη Mnêmosúnê,
est une Titanide, fille d'Ouranos, le Ciel, et de Gaia, la Terre,
la déesse de la Mémoire.

Mnemosyne aurait inventé les mots, en donnant un nom à chaque chose.
Aimée de Zeus, c'est elle qui enfanta les neuf Muses :
il faut effectivement un minimum de mémoire pour déclamer un poème ou écrire de la musique..
(Déjà, il faut se souvenir des lettres et des (li)notes..)

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Le Sachez Tu !? 😮 Othello, personnage de "L'histoire de Disdemona de Mise et du Capitaine Maure" Giovanni Battista Giraldi Cinthio

 Le Sachez Tu !? 

😮 Othello
Avant d'être un héro de William Shakespeare (1564-1616) Othello fut un personnage de "L'histoire de Disdemona de Mise et du Capitaine Maure" publiée en 1565 par l'italien Giovanni Battista Giraldi Cinthio (1504-1574).

Othello, brave soldat, arabe (-ou noir-), fut vendu comme esclave puis racheté.
Passé au service de la République de Venise, Othello épousa la belle et enviée Desdémone, fille unique d'un sénateur vénitien, contre l'avis de celui-ci.

Mais Lago, son ancien sous-lieutenant, lui fit croire, par jalousie, que Desdémone le trompait avec son lieutenant, Cassio en monta une entrevue entre Cassio et Desdemone dont Othello fut le témoin.
Convaincu, Othello tua son épouse par jalousie.
Hélas, fou de douleur et se rendant compte qu'elle lui était fidèle, il se suicida à ses côtés.

Le célèbre colonel corse Sampiero Corso (1498-1567) qui étrangla sa femme Vannina d’Ornano de ses propres mains pour trahison, inspira également Shakespeare, ainsi que l'ambassadeur marocain à la cour de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre en 1600, Abd el-Ouahed ben Messaoud.

Ci-dessous
Karl Ludwig Friedrich Becker (1820-1900) peintre berlinois
Othello racontant ses aventures à la belle Desdémone.
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Le Sachez Tu !? Extase, Ecstasy, s'extasier, extatique : - ἐκ (en dehors) + - στάσις stásis, (lieu où l'on se tient)

 Le Sachez Tu !? Extase, Ecstasy, s'extasier, extatique

Extase vient du latin ecstasis emprunté au grec ἔκστασις, ékstasis (transport) que l'on peut décomposer en
- ἐκ (en dehors) +
- στάσις stásis, (lieu où l'on se tient) et signifie donc "être en dehors de soi-même"

L'ecstasy est le mot anglais pour extase.
Ecstasy désigne en français un puissant psychotrope redécouvert par le chimiste américain Alexander Shulgin vers 1965 qui publie en 1978 ses impressions issues de son usage.
À la suite de sa publication, l'ecstasy connait une grande popularité.

S'extasier a donc beaucoup perdu en intensité par rapport a
au sens initial de "être transporté hors de soi", puisqu'il ne signifie plus que être "ravi d'admiration", perte d'intensité que l'on retrouve dans "enchanté" (sous enchantement) ou "ravi" (emmené).

Cependant, dans le médical, les crises d'épilepsie extatiques continuent de désigner des phases où le malade se retrouve, au sens figuré "hors de soi"

Ci-dessous :
Artemisia Gentileschi (1596-1654 )
Marie-Madeleine en extase 1625

Dans sa "Légende Dorée" Jacques de Voragine (1230-1298) raconte que Marie de Magdala, la fidèle disciple de Jésus, serait partie s'installer en Gaule, où elle aurait vécu en ermite dans une grotte près d’Aix-en-Provence, appelée depuis « la Sainte Baume ».
Jacques est né à Voragine, aujourd'hui Varazze près de Gênes.

Là, chaque jour, Marie Madeleine était transportée par des anges vers Dieu, en extase, et entendait les chants des chœurs célestes.
De nombreux artistes ont peint Marie en extase, dont le Caravage.

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Le Sachez Tu !? 😮 Persifler, siffler Persiflès est le nom du personnage d'une pièce de Nicolas Ragot de Grandval

 Le Sachez Tu !? 

😮 Persifler, siffler
persifler, signifie railler, tourner quelqu'un en ridicule, se moquer sous des dehors mielleux.
Persifler ne devrait avoir qu'un "F" car il ne vient pas de siffler avec le préfixe per.
Et voici pourquoi :
persifler viendrait, selon Élisabeth Bourguinat, docteur ès lettres, et auteur d'une thèse sur le sujet, du nom du héros d’une petite parodie du XVIIIe siècle.
En effet, Persiflès est le nom du personnage principal d'une pièce de Nicolas Ragot de Grandval (1676 -1753), petite tragédie en 4 actes et en vers, jouée au chateau de Versailles, dans le tout nouveau "Théâtre des Petits cabinets", le 20 décembre 1747,
devant Madame de Pompadour et son royal amant Louis XV.
(Las, las...une fois de plus, je n'ai pas trouvé l'heure ! 😉 )

Ce théâtre de poche, proche des appartements de la Pompadour y avait été installé pour que l'entourage de celle-ci et les nobles de la cour puissent s'y divertir en jouant de petites saynètes.

"Persiflage" signifierait donc "médisances dignes de Persiflès", comme "rodomontades" vient du vantard "Rodomonte", personnage de "l’Orlando Furioso" (1516), ou "marivaudages"vient des propos galants des pièces de Marivaux (1688 -1763).

D'ailleurs "siffler" ne devrait avoir qu'un seul F également,
puisque siffler vient du latin sīfilāre, variante régionale du latin sībilāre, qui a donné le picard chifler..
et ce, même si vous allez toute la journée "siffler là-haut sur la colline avec un petit bouquet d'églantine" (1971)... 😉

Ce deuxième "F" n'est venu que sous l'influence du verbe "souffler", du latin sufflo, sufflare, de flo, flare (souffler) avec le préfixe sub, qui a aussi donné : souffle, essouffler, insuffler..
(noter les 2 "F" pour chacun de ces mots), inflation, et son participe passé flatus qui a donné flatulence...

Ci-dessous :
Hippolyte Bellangé (1800-1866)
"Fort au Théâtre'' :
Scène chaotique dans les baignoires du théâtre.
Vers 1820, une agence s'installa à Paris pour proposer des "claqueurs", rémunérés pour applaudir ou parfois siffler une pièce, comme pour Hernani le 28 février 1830
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Le Sachez Tu !? 😮 Annus horribilis de Annus Mirabilis, l'année miraculeuse 1666 de John Dryden

 Le Sachez Tu !? 

😮 Annus horribilis
Cette expression, heureusement avec deux "N" (sinon, cela pourrait être l'exclamation horrifiée d'un proctologue préparant une rectoscopie)😉 fut utilisée par la reine Elisabeth en 1992, année horrible s'il en fut, pour la Royauté anglaise.

Elisabeth II souhaitait ainsi faire un clin d'oeil au poème très connu outre Manche, de John Dryden :
"Annus Mirabilis" ou l'année miraculeuse de 1666.

En effet, l'année 1992, année pourtant du jubilé de Rubis des quarante ans de règne de la reine, fut marquée par des scandales et des tragédies dont elle même disait qu'elle "se souviendrait longtemps".

Ce fut l'année horrible de la
- séparation du prince Andrew et de Sarah Ferguson, la duchesse d'York, à la suite de la parution de photos intimes d'elle en compagnie de l'homme d'affaires américain John Bryan, lui embrassant les orteils, publiées dans le Daily Mirror.
- l'année du divorce de la princesse Anne, l'unique fille de la reine Élisabeth II et du prince Philip, humiliée par les multiples relations extra-conjugales de son premier époux, Mark Philips
- de la publication d'une biographie controversée de Diana révélant les infidélités de son époux et les siennes
- de l' incendie du château de Windsor...

Mais dans le poème l'Annus Mirabilis, l'année miraculeuse 1666 de John Dryden, la période est tout au tant marquée de catastrophes : l'épidémie de peste et le grand incendie à Londres.

Ce qui est miraculeux, selon Dryden, c'est qu'il y eut des rescapés, de l'une et l'autre et que ces drames permirent au roi Charles II de repartir plein de courage vers un nouveau départ et une reconstruction.

Merveilleux vient du latin mirabelia (chose extraordinaire) et du verbe latin admirari composé de ad+mirari (admirer, s’étonner, mirer).

Mais étrangement, le mot latin "mirabilis" fait penser à "miserabilis" misérable, du latin miseria (malheur) et misery en anglais.

Le poème de Dryden et sa traduction : http://www.crcrosnier.fr/mur/pai/dryden.htm

Ci-dessous :
de John Richardson (1667-1745)
Portrait du poète John Dryden (1631-1700)
Folger Shakespeare Library, Capitol Hill à Washington, D.C.
Merci à Anne Marie Guilermin pour cette suggestion 😉

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