Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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lundi 18 mars 2024

Le Sachez Tu !? 😮 Catafalque et échafaud : κατάστασις, katastasis, estrade

 Le Sachez Tu !? 

😮 Catafalque et échafaud
Et oui !
Aussi étrange que cela paraisse, ces deux là descendent encore d'un ancêtre commun..
Bon, vous me direz, si on remonte un peu, on descend tous de la méduse cténophore.
Mais là, point n'est besoin de remonter à 600 millions d'années : un petit tour chez les Grecs suffira encore une fois.

Catafalque nous vient de italien catafalco, issu du latin catafalicum, lequel est composé de catasta, estrade et fala « tour de défense en bois ».
Le latin catasta, estrade, vient du grec κατάστασις, katastasis, estrade où l'on expose les esclaves à vendre.

κατάστασις, katastasis, estrade, vient καθίστημι, kathístêmi, établir avec στάσις, stásis, être debout, duverbe ἵστημι, hístêmi, être debout,fixer, +
le préfixe cata (à l'envers, contre...).

Au passage, il est temps de vous révéler que, si vous croyiez, comme moi, je l'avoue, que la catafalque, c'était le grand dais noir recouvrant le cercueil, vous avez faux, puisque catafalque, c'est l'estrade sur laquelle ont place le cercueil durant la cérémonie funéraire, afin de l'honorer et qu'il soit vu de tous...

Et là, nous allons pouvoir dire, comme Bourrel-Souplex "Bon sang, mais c'est bien sûr !"
Estrade, échafaud, on commence donc à voir le lien...

Echafaud a donc suivi sa route (chacun son chemin...) de son côté, et, en remontant le temps, on le retrouve au XIIe siècle sous la forme "eschaafauz" (charpente, échafaudage), ou sous la forme "eschalfaut" (estrade de prédicateur) ou encore escaffaus (estrade pour spectateurs) ou même "eschaiffaut" (estrade pour jouer),
Sans doute sous l'influence de échelle, échasse.

Mais échafaud vient bien aussi du latin catafalicum..
Et voilà, l'enquête du Bougrex (comme disait Marcel Gotlieb dans ses Rubriques à Brac) de l'étymologie est enfin bouclée pour aujourd'hui ! 🙂



Ci-dessous :
Peinture Anonyme
Manon Roland, née Jeanne Marie Phlipon, monte à l'échafaud, le 8 novembre 1793, se tourne vers une statue représentant la liberté place de la concorde et prononce la fameuse formule (apocryphe) « Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »

Cette phrase fut mise en réalité, dans sa bouche par le poète Alphonse de Lamartine dans son "Histoire des Girondins".
Huile sur toile, école française, fin du XIXe siècle, musée Lambinet.