Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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dimanche 16 janvier 2022

Le Sachez tu !? 😮 Monnaie, prémonitoire du latin "monéta", adjectif latin "celle qui prévient, qui avertit" : Junon

 Le Sachez tu !?

😮 Monnaie, prémonitoire
Devinette du vendredi :
quel est le lien entre ces deux mots ?!
Monnaie vient du latin "monéta", adjectif latin qui signifie "celle qui prévient, qui avertit" :
il s'agit de la déesse Junon.
Junon (Héra, en grec) fille de Rhéa et Saturne, est l'épouse (et soeur) de Jupiter, la déesse de la fécondité, des fruits du mois de juin (Junon) et elle avait son temple sur le Mont Capitole.
(nom issu de Marcus Manlius Capitolinus, à l'endroit même où s'élevaient les ruines de la maison de ce consul-tyran, là où il fut précipité du haut de la roche Tarpéienne.)
(bonus : La roche Tarpéienne est en rapport avec la malheureuse Tarpeia, vous me ferez penser de vous raconter son histoire, elle est édifiante !!).
C'est d'ailleurs depuis le temple de Junon Moneta, sur le Mont Capitole, que les oies avertirent les romains, par leurs cris, de l'arrivée de Brennus, son bouclier et ses gaulois, en -390 (non, ce n'est pas la température qu'il faisait ce jour là, même s'il faisait très froid... 😉 ).
Or, c'est dans les dépendances du temple de Junon Monéta, celle qui pré-vient, que furent installés les premiers ateliers où l'on battit monnaie, puisqu'elle était déesse de la profusion :
par métonymie, l'argent pris le nom de l'endroit où on le fabriquait.
Pour frapper la monnaie, on utilisait une piece de fer : le coin, qui a donné coin, pièce en anglais.
Monnaie vient donc, indirectement de l'adjectif monéta (prévenir) qui vient verbe latin moneo (avertir).
Moneo, avertir, est de la même famille que mens, signifiant esprit, et une pré-monition c'est quand l'esprit est averti "avant".
(c.f : mens sana in corpore sano : un esprit sain dans un corps sain)
Nous avons déjà vu que salaire vient du latin "salarium", ou ration de sel, puisque c'est ainsi qu'on que l'on rémunérait les soldats.
L'adjectif pécuniaire vient de pécus, troupeau, puisque les troupeaux servaient de monnaie d'échange avant la fabrication de la monnaie.
Le denier vient de denarius ou pièce de dix et fut la première pièce à porter sa valeur : un « X » pour 10.
Le "thaler", l'ancienne monnaie autrichienne, vient du filon d'argent de la vallée de Joachimsthaler, thall signifiant vallée (comme Emmenthal ou Néandert(h)al) est a donné ...Dollars
Ci-dessous :
Le Changeur et sa femme de Marinus van Reymerswaleune, 1539. Musée du Prado, Madrid.
et son modéle :
Le changeur et sa femme
de Massysm Quentin 1514 au Louvre
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Le Sachez Tu !? 😮 Nubile et obnubilé : racine latine nubes nuage

 Le Sachez Tu !?

😮 Nubile et obnubilé
Devinette du samedi matin 😉 :
quel est le lien entre ces deux mots ?
On y reconnait la racine latine nubes nuage qui a eu une nombreuse descendance :
(cumulo)nimbus, nébuleux, nuée, nues (l'endroit d'où l'on tombe quand on est nouveau né)
Mais nubes signifie également voile (nuageux) ou voile en tissu.
Or, lors du mariage, les femmes romaines, portaient un voile sur la tête.
Donc, quand on est "nubile", c'est qu'on est en âge de porter un voile autrement dit de se marier.
L'adjectif nuptial vient également de nubo, se voiler, se marier : et voilà ! CQFD ! Ce Qu'il Fallait Démontrer...
Quand on est "obnubilé", (et non pas omnibulé, comme on le voit parfois), du latin "obnubilare", couvrir de nuages, c'est que l'on est dans les nuages, le jugement obscurcit.
Aujourd'hui, le sens de obnubilé se rapproche davantage de "obsédé par une idée fixe".
Pour les religieuse ont utilisait également l'expression : "prendre le voile", lorsqu'elle devenaient "l'épouse de Dieu", mais on ne sait pas si elles étaient obnubilées à ce moment là...
Le latin nubes vient de l'indo européen nébʰos (nuage) et est apparenté avec le grec νέφος, nephos (nuage), l’allemand Nebel, le polonais niebo, le tchèque nebe, le russe небо, nebo (ciel)...
Ci-dessous :
Pour illustrer "nubile" et le voile du mariage, voici :
Неравный брак (neravnyy brak, l'inégal mariage)
du peintre russe Vassili Poukirev (1832-1890) réalisé alors qu'il avait 30 ans
Le jeune peintre s'est représenté à droite, avec la barbe, les bras croisé, réprobateur : on pense évidemment à une histoire d'amour personnelle.
La pauvre jolie petite mariée, aux yeux pleins de larmes, semble si malheureuse d'être forcée à une union si mal assortie, avec ce vieux barbon, qu'on en est triste pour elle...
1862
173 × 136,5 cm
Galerie Tretiakov à Moscou
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lundi 3 janvier 2022

Le sachez tu !? 😮 La méthode empirique Ἐμπειρικός, emperikos l'expérience

 Le sachez tu !?

😮 La méthode empirique
On sait tous qu'apprendre par la méthode empirique, c'est apprendre sans théorie, juste en tirant des conclusions d'expériences successives donnant le même résultat.
Mais sait-on que le latin empiricus vient du grec Ἐμπειρικός, emperikos lui même issu de ἐμπειρία, empeiría, l'expérience ?
ἐμπειρία (expérience), se décompose lui même en : ἐν (in) + πεῖρα peira, (essai, tentative).
Sextus Empiricus, en grec Σέξτος Ἐμπειρικός fut le surnom donné à un philosophe sceptique (du verbe σκέπτομαι, sképtomai (considérer, observer) et médecin qui a écrit entre 180 et 200 après JC.
Il écrivait en grec, il naquit peut-être à Mytilène, sur l'île de Lesbos, et mourut à Alexandrie.
Sextus Empiricus approfondit la méthode des "sceptiques" dont le fondateur est le philosophe grec Pyrrhon d'Élis (vers 365–275 avant J.-C.)
Sa méthode prônait le pragmatisme experimental par opposition au dogmatisme et à la théorie, une démarche qui peut éventuellement aller à l'encontre de toute logique.
C'est toujours cette méthode que l'on suit aujourd'hui dans les démarches expérimentales :
1) observation
2) hypothèse
3) experience
4) résultat
5) interpretation
6) conclusion
La secte des Empiriques, fondée au IIIe siècle av. J.-C. par Philinos de Cos, refusait l’idée des "dogmatiques", selon laquelle on peut déterminer les causes cachées des maladies à priori, par la théorie.
Ne s’en tenant que à ce qui est apparent, les Empiriques ne reconnaissaient déjà que trois procédures :
* L’αὐτοψία autopsia : observation par soi-même
* L’ἱστορία historia : observation faite par les autres
et rapportée par écrit
* Le "passage au même"
Ci dessous :
John Locke (1632-1704) philosophe anglais
Portrait de John Locke, par Sir Godfrey Kneller de 1779
Collection Sir Robert Walpole, Houghton Hall
Dans son "Essai sur l'entendement humain", il considère que l'expérience est à l'origine de la connaissance et rejette la notion d'idées innées soutenue par Descartes.
Sa théorie de la connaissance est qualifiée d'empiriste.
Un portrait sans complaisance, sans poudre, ni fards, ni perruque, d'un homme intelligent et déjà âgé, donc plein... d'expériences 😉
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Le sachez tu !? φαρμακόω, pharmako, j'empoisonne

 Le sachez tu !? Pharmacie

vient du latin pharmacia (ensemble des médicaments), venant lui-même, comme souvent, du grec ancien φαρμακεία, pharmakeía (usage de drogues), et de φάρμακον, phármakon (drogue, poison), et apparenté à φαρμακεύς, pharmakeús, sorcier, empoisonneur.
Pharmacie est à rapprocher également de façon surprenante de deux autres mots :
* φαρμακός, pharmakos (victime expiatoire)
* φαρμακόω, pharmako, j'empoisonne... 😉
Voilà, c'est tout, je trouvais amusant que "pharmacie" vienne de "poison".. 🙂
C'est à rapprocher du "primum non nocere" (avant tout ne pas nuire) prononcé par Hippocrate mais sans doute oublié depuis fort longtemps par les géants mondiaux de l'industrie pharmaceutique.
Apothicaire, lui, vient du latin apothecarius lui-même issu du grec άπόθήκη, apotheke (magasin, dépôt, reserve).
On peut encore décomposer άπόθήκη apotheke en άπό apo (à côté) + θήκη theke (comme biblio-thèque) qui vient du verbe τίθημι, títhêmi (poser).
Effectivement, quand on pose "à côté", on pose dépose dans une reserve.
"Droguerie" viendrait du persan "droha" (odeur aromatique) et désignait non seulement le magasin où l'on vendait des drogues et des médicaments mais aussi toutes sortes de produits ménagers et même du bricolage.
(Bonus : bricole vient de l'italien bricola, catapulte, rien à voir donc avec Le Roy Merlin, quoique certains bricoleurs soient des enchanteurs ! 😉 )
Enfin le drugstore américain, tient plutôt de la grande surface, on y trouve de tout, un bar, de la droguerie et des même des médicaments...
Ci-dessous :
Edgar Chahine (1874-1947) peintre arménien
Portrait datant de 1935 du pharmacien le plus célèbre :
Monsieur Homais, le pharmacien (et non apothicaire, il y tient !) normand du village fictif de Yonville et accessoirement, ami de Charles Bovary, dans le roman de 1857.
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Le sachez tu !? 😮 "Californie"

 Le sachez tu !?

😮 "Californie" : vient du nom de l'île imaginaire de California, gouvernée par la reine guerrière musulmane Califia, (féminin de Khalif chef religieux).
Ce personnage fut inventé par l'écrivain Garci Rodríguez de Montalvo dans son roman picaresque "Les Aventures d'Esplandián" écrit vers 1500.
Dans le roman, Califia règne sur un royaume imaginaire de femmes arabes vivant sur une île au large de l'Asie.
Fernando Cortes cite ce roman dans ses écrits et durant de longues années on cru que la Californie était une île -et non la presqu'île constituée par la basse Californie mexicaine- où les habitantes étaient des amazones, comme le long du fleuve qui prit ce nom, et que le seul métal qu'on y trouvât (subjonctif imparfait ! 😉 ) était de l'or.
Califia reine maure à la peau sombre, a pu être inspirée par la reine biblique de Saba, et, dans le roman, elle commande à des dragons, tout comme la Khaleesi ou Daenerys de Game of Throne.
La reine Califia, sculpture de l'artiste californienne Susan Shelton : susshelton@comcast.net



Le Sachez tu !? 😮 Contagion tangere

 Le Sachez  tu !?

😮 " Contagion
Quel est le lien entre : contagieux, contaminer, tact, intact, contact, (in)tangible, tactile...
et j'en oublie certainement !?
Allez, c'est difficile, je vous aide : 😉
il y a un lien avec la phrase de Jésus (en latin) : "Noli me tangere".
- Et oui, on y retrouve la racine du verbe latin "toucher" : tango, tangere avec différents préfixes et suffixes (con-, in-, -ible, -tile...)
Bonus : bien que le Tango soit une danse de contact, ce mot espagnol viendrait de l'ibibio, langue du Nigeria, " tamgú" signifiant tambour, danse au son du tambour, via les esclaves noirs des Canaries, puis d'Argentine.
Ci-dessous :
"Noli me tangere", ne me touche pas, dit Jésus à Marie Madeleine, en lui apparaissant après sa mort...
Tableau de Lambert Sustris (1515–1584), peint entre 1548 et 1560, exposé au musée des beaux Arts de Lille
appelé également :
"Le Christ en jardinier apparaissant à la Madeleine".
Cette scène est décrite dans l'évangile de Jean
au chapitre 20 verset 11
"Marie se tenait (...) près du sépulcre, et pleurait.
Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre (...)
Jésus lui dit :
-"Femme, pourquoi pleures-tu ?
Qui cherches-tu ?"
Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit :
"- (...) si c'est toi qui l'as emporté (*le corps de Jésus), dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai".
Jésus lui dit : Marie !
Elle se retourna, et lui dit Rabbouni ! (...)
Jésus lui dit :
"-Ne me touche pas ;
car je ne suis pas encore monté vers mon Père".
De très nombreuses peintures reprennent ce thème où la belle Marie-Madeleine, l'ancienne prostituée, celle à qui on peut jeter la première pierre de la lapidation (mais seulement si on n'a jamais péché) cherche le corps de Jésus au tombeau, au pied du "Golgotha", le "Mont Chauve".
Ici, venue chercher la dépouille de celui qu'elle aimait, elle le prend pour le jardinier, car il a une binette à la main, dans un décor de jardin à la française avec fontaines.
Marie Madeleine est très (trop?) richement vêtue et maquillée.
Aux pieds de Jésus, le vase de parfum avec lequel elle lui avait précédemment lavé les pieds (puis essuyé avec ses cheveux).
Au loin, à droite, on la voit marcher encore, sous le tunnel de feuillage, pour aller prévenir les apôtres de sa rencontre avec Jésus ressuscité.
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dimanche 2 janvier 2022

Le Sachez Tu !? :O Immunité, immunisation, vient du latin immunitas signifiant "exemption",

 Le Sachez Tu !? :O Immunité, immunisation, des mots à la mode,

viennent du latin immunitas signifiant "exemption", "dispense de service" (militaire par exemple, ou d'impôts),
et dérivé de immunis, qu'on peut décomposer en :
in + munis (qui sert).
Munis est apparenté à munus, muneris (service, fonction).
Munis a une nombreuse descendance étymologique ("cognats") telle que : monnaie, municipalité, immunité, rémunération....

Le roi grec Mithridate IV (-135 av. J.C -63 av. J.C) se sachant menacé d'empoisonnement, souhaitait acquérir une connaissance parfaite des poisons et de leurs antidotes pour s'immuniser totalement contre leurs effets.

Mithridate Μιθριδάτης, mithridatis, réussit à s'immuniser en absorbant de petites doses croissantes de poison, et inventa de ce fait, un nouveau concept : la mithridatisation, technique encore utilisée pour la désensibilisation à un allergène, comme le venin.

Mais, lorsqu'il voulu se suicider par le poison, il ne réussit pas, et dut demander qu'on l'aide à mourir.

La mithridatisation procède différemment de la vaccination où l’organisme réagit à une petite dose de virus en formant des anticorps afin de créer une immunité contre cet agent infectieux.

Il faut encore citer une immunité célèbre : celle des parlementaires; elle les protège de toute poursuite pour des actions accomplies dans l'exercice de leur mandat.

Ci-dessous :
un célèbre empoisonnement, tableau de 1876, de Joseph Noël Sylvestre (1847–1926)

L'empoisonneuse Locuste essaye, en présence de Néron, le poison qu'elle a préparé pour le jeune Britannicus, sur un esclave, qui, au vu de son état, n'était pas particulièrement immunisé...
La tragédie de Jean Racine, Britannicus raconte la dernière journée de cet enfant, empoisonné lors d'un banquet, par son frère adoptif Néron, la veille de ses quatorze ans.

Locuste, ici avec ses tresses gauloises, n'en était pas à son coup d'essai : elle avait déjà empoisonné l'empereur Claude.
Claude était le père de Britannicus et le beau père de Néron qu'il avait adopté sur les prières de la mère de celui-ci : d'Agrippine, nièce de Claude, et accessoirement, sa quatrième épouse ! Agrippine, était, aussi, la soeur de Caligula...

Les histoires de famille à Rome finissent mal, en général...

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