Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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lundi 10 mai 2021

Le sachez tu !? Test de testu vase en terre cuite, et de tosta, sêcher

 Le sachez tu !?

😮
Test : vous avez peut-être fait un test PCR (Polymerase Chain Reaction), mais saviez vous que le nom "test" est encore un exemple de ces mots que j'appelle "navettes" ?
J'entends par "mots navettes", ceux qui partent de France avec un sens précis et reviennent d'Angleterre avec un sens différent.
Le mot français test (essai) vient du mot anglais "test" qui vient, lui-même de l'ancien français "test" signifiant pot, et issu du latin testu vase de terre cuite.
Pourquoi ce changement de sens ?
Parce que les métallurgistes et les alchimistes d'autrefois utilisaient des pots en terre cuite (test) pour séparer et isoler les métaux des autres éléments : les pots, ou vases permettaient de déterminer la qualité ou la pureté d'un élément donc : de le tester, il y a eu métonymie, confusion entre le contenant et l'action.
Evidemment, au sens figuré, "testa", le vase en terre cuite, cruche, ou (sale) carafon, a donné en vieux français : "teste", puis tête, ( le S devenant un accent circonflexe par économie de place, pour simplifier) par analogie avec le vase rempli 😉
Si on remonte encore le temps, testu (vase en terre cuite) est issu de "testa", brique.
Testa est issu de tosta, cuit, sêché (toast en anglais), issu du verbe latin torreo, torrere (sécher, griller, oui, comme torré-faction ).
(ouf ! Encore un sacré voyage dans le temps...)
Bon, là où cela se complique encore, c'est qu'il y a sans doute une influence du mot latin "testis" (témoin) qui a donné attester ( et attestation !! ) ou encore testament...
Mais ça, c'est une autre histoire !... 😉
Comme le mot test, (pot), est difficile à illustrer, j'ai choisi
"L'alchimiste" puisque les alchimistes testaient les métaux dans des pots de terre : il y en a d'ailleurs plusieurs sur ce tableau...
David Teniers le Jeune (1610–1690) peintre flamand
vers 1650
huile sur toile exposée au
Mauritshuis La Haye (Maison de Maurice) Cabinet royal de peintures
Hauteur : 27,4 cm x Largeur : 37,4 cm
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
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Le sachez tu !? "Courir comme un dératé" : l'ablation de la rate

 Le sachez tu !?

"Courir comme un dératé" : on a tous entendu cette expression un peu désuète dans la bouche de nos grands parents...
La croyance que la rate, en gonflant, provoquait le fameux "point de côté" de l'essoufflement, remonte à Pline l’Ancien qui, dans son Histoire naturelle, (XXVI, XIII) propose de la traiter avec des décoction de prèles.
Selon Pline, les anciens grecs pensaient que l'ablation de cette rate permettait de courir plus rapidement.
Dans le "Dictionnaire étymologique et historique de la langue française" on évoque aussi cette ablation de la rate au XVIe sur les chevaux et les chiens afin que ceux-ci courent plus vite.
La croyance a perduré, puisqu'on se souvient de la chanson humoristique de Gaston Ouvrard en 1932, où, parmi ses organes malades, il chantait : " j'ai la rate...qui se dilate" 😉
Cette ablation (créant donc des "dératés") avait pour but d'éviter la production de "bile noire", une des quatre "humeurs" d'Hippocrate.
Avec les sanguins, les lymphatiques, et les bilieux, il aurait existé les atrabilaires, ceux gouvernés par leur production de bile noire, ou "mélan-choliques" (noire+bile).
Le grec σπλήν, splēn (spleen en anglais) signifie rate.
Mais c'est un fait : lors d'une "spléno-mégalie" sévère, la rate peut doubler de volume... !
(cf : l'article étymologique des mots "humour, humeur" sur la page " Le Sachez tu !? 😮 " )
Sur ce tableau de chasse au renard de Heywood Hardy (1842-1933), on voit des chiens et chevaux courant.
Aux Etats Unis, en Irlande et Australie, on continue à parier dans les course de lévriers, sur des cynodromes ( de κυνός, kynós chien + δρόμος, drómos course).
Fox Hunting
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vendredi 7 mai 2021

Le sachez tu !? 😮 Quel est le point commun entre une clé et une clavicule

 Le sachez tu !?

😮
Quel est le point commun (étymologique) entre une clé et une clavicule !?
Le mot "clé" ou "clef" vient du latin "clavis" (clé) et de "clavus" (clou) car, initialement, on fermait une porte avec un clou, ou une cheville (voir l'article sur le Chaperon Rouge sur la page " Le sachez tu !? 😮 " ).
Clavus est issu, lui-même, de l’indo-européen *kleh₂us (clé) qui s'est décliné aussi :
- en grec : κλείς, kleis, en vieux slave : ключь ključĭ,
- en tchèque, en klíč , en polonais : klucz,
- en croate ključ, en slovaque kľúč, en russe et ukrainien ключ...
Ces mots sont sans doute issus au départ d'une onomatopée (clic ! 😉 )
Le mot "clavicule", quant à lui, vient du latin clavicula (petite clé : clavis +cula) simplement à cause de la forme de ce petit os.
En dehors celle de Saint Pierre, célèbre porteur de clé, puisqu'il détient celle du paradis, la clé la plus terrible est certainement celle que confie l'horrible Barbe Bleue à sa jeune épouse, pour la piéger.
En effet, cette clé magique tombe dans une flaque de sang et se tache, révélant ainsi que la jeune mariée a vu les cadavres des sept précédentes épouses de cet odieux mari.
(Encore un drame des violences conjugales !)
Le personnage de Barbe Bleue fut sans doute inspiré par le terrible roi anglais Henri VIII (1491-1547) qui épousa 6 femmes et en fit décapité quelques unes, ainsi que par Gilles de Ray (1405-1440) compagnon de Jeanne d'Arc, pendu pour avoir tué et torturé de nombreux enfants...
Gustave Doré : Barbe Bleue
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jeudi 6 mai 2021

Le sachez tu !? 😮 Elucubration du latin : (e)lucubro : travailler à la lueur d'une chandelle

 Le sachez tu !?

😮
Elucubrations signifie aujourd'hui divagations, extravagances, mais saviez vous que ce mot vient du verbe latin elucubro, lui même issu du verbe lucubro signifiant initialement :
"travailler de nuit, à la lueur de la chandelle", et donc, effectuer un travail déraisonnable.
Selon l'évêque Isidore de Séville (vers 560-636) qui le stipule dans son encyclopédie "Etymologiae", le verbe latin lucubro pourrait être composé de luceo ("luire") + umbra ("ombre") et signifierait donc primitivement : ce qui luit dans l’ombre.
Le peintre lorrain Georges de La Tour (1593-1652) fut un des grands spécialistes de la technique du clair-obscur et des scènes nocturnes, éclairées à la lueur de la bougie.
Saint Joseph le Charpentier, 1640
Huile sur toile de 1.3 m X 1 m exposée au Louvre.
Saint Joseph, patron des charpentiers et père de Jésus, perce une poutre à l'aide d'un outil pour y mettre une cheville.
Un marteau et un rabot son aussi à ses pieds.
Il travaille à la lueur de la bougie que porte l'enfant Jésus et dans cette scène, seul le visage de Jésus est réellement dans la lumière.
On peut imaginer, dans cette scène lugubre, et dans le visage sombre et sérieux du vieux père, une prémonition du travail de montage de la croix de bois sur laquelle finira l'enfant devenu adulte...
Il faut remarquer la lumière de la flamme, qui passe au travers de la mains de l'enfant, et ses doigts, trans-lucides, laissent traverser la lumière au sens propre (trans+luceo)
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mercredi 5 mai 2021

Le sachez tu !? 😮 Abracadabra, de l'hébreu " הברכה דברה " se prononçant " Ha brakha dabra

 Le sachez tu !?

😮
Abracadabra, la fameuse formule magique, très utile pour de nombreux sortilèges comme on le sait ( 😉 ) , est sans doute d'origine moyen-orientale, et une traduction d'une formule araméenne ou hébraïque.
Elle viendrait en effet de l'hébreu " הברכה דברה " se prononçant " Ha brakha dabra " et pouvant se traduire par : "la bénédiction a parlé" ou plus largement par "qu'il en soit ainsi".
On trouve cette formule incantatoire dans les contes rapportant la création du Golem, géant d'argile de la mythologie juive.
Le mot golem est employé dans le Talmud comme un "embryon" de Adam.
Selon la tradition, il faudrait en fait utiliser la formule " abra-ka-amra ", signifiant : " il a créé comme il a dit ".
Sur la gravure ci-dessous, le rabbin de Prague Rabbi Yehouda Levaï ben Betzalel, trace les trois lettres du mot אמת "vérité" ou "emet" (soit : aleph+ mem+ tav) sur le front du Golem, géant d'argile qu'il a crée, en prononçant la formule magique.
Malheureusement, dans cette histoire, comme dans Frankenstein qu'elle a sans doute inspiré, le Golem, devenu géant, se retourne contre celui qui l'a créé.
Le Rabin efface alors le "aleph" ת du front du Golem ne laissant que les deux lettre suivantes אמ, mem et tav, se prononçant "met" ( oui, comme meth.. !) signifiant alors "mort".
Le rabbin met ainsi fin au sortilège.
Dans la tradition juive, l'écriture et la prononciation des mots contient un pouvoir bénéfique ou maléfique.
C'est ainsi que de nombreux juifs écrivent encore : "D.ieu" pour n'avoir pas à écrire le mot en réalité.
Le rabbin Loew et de son Golem,
gravure de l'illustrateur tchèque Mikoláš Aleš (1899).
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Le sachez tu !? 😮 "Tire sur la chevillette et la bobinette cherra"

 Le sachez tu !?

😮
"Tire sur la chevillette et la bobinette cherra" : ce sont les précisions sibyllines que donne la grand-mère au petit chaperon rouge pour lui indiquer comment entrer dans sa maison.
(Aujourd'hui, elle lui donnerait le code d'accès du digicode et l'on comprendrait mieux 😉 ).
Cette expression surprenante, magique, revient plusieurs fois, un peu comme "sésame ouvre-toi", mais signifie tout simplement :
"retire la cheville et la bobine tombera".
En effet, la bobine était la partie mobile, pivotant autour d'un axe fixé dans le chambranle d'une targette, un loquet, et maintenait la porte close, une fois fixée parallèlement à celle ci.
Pour fermer la porte, il fallait qu'une cheville empêchât la targette de retomber, ou de "cherrer", forme ancienne du verbe choir.
La porte pouvait être ouverte des deux côtés, puisque la cheville dépassait du trou sur chaque face.
A partir du moment où l'on utilisa un objet pour pousser la cheville, la "clé" était née...
La petite cheville était maintenue par une ficelle pour éviter d'être perdue.
Certains psychanalystes ont décortiqué ce conte, initialement de tradition orale, en montrant les nombreuses connotations sexuelles qu'on y rencontre et la symbolique de la porte qui s'ouvre est (presque) évidente.
"Le Petit Chaperon Rouge" est, en effet, une mise en garde adressée une petite fille encore non sexuée (LE petit chaperon) contre des périls qu'on ne veut pas encore lui expliquer.
Mais on pressent bien tous les vrais dangers qui la guettent :
le fait qu'elle rencontre le loup, seule, devrait déjà nous mettre sur la piste.
Il faut se rappeler qu'autrefois, les jeunes filles vierges, chastes et candides, arrivaient au soir du mariage, sans trop savoir ce qu'il allait leur arriver, se contentant parfois d'un simple, mais angoissant : "- Fais tout ce que ton mari te demandera... "
Ceci explique que beaucoup tombaient enceintes avant le mariage, sans avoir trop compris pourquoi, et par "l'opération du saint Esprit"... 😉
Le petit chaperon rouge, confiante, finit donc dans le lit du loup et ne réagit pas au danger, quoiqu'un peu surprise par son aspect :
ses grands bras, ses grandes jambes, ses poils, sa grande queue... (non, ça, ce n'est pas dans la version originale 😉 ) et, surprise,
elle finit quand même par... se faire croquer toute crue (et toute nue, puisqu'il est précisé qu'elle se déshabilla pour se glisser dans le lit)...
Dans la version plus tardive des frères Grimm, Jacob et Wilhelm, (1785-1863) tout finit bien, puisque le chasseur libère la grand-mère et le petit chaperon rouge du ventre du loup...
Dans la version de Charles Perrault (1628-1703) il existe une morale finale explicite, qui révèle toute la symbolique et qui est malheureusement désormais omise dans les versions enfantines :
"On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le Loup mange.
Je dis le Loup, car tous les Loups
Ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d’une humeur accorte* (gracieuse, aimable),
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles* (alcôves d'un lit) ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,
De tous les Loups sont les plus dangereux".
Pour être exhaustive, il faut encore noter que le chaperon est un petit capuchon, ou capuche protectrice, rouge, couleur du sang.
Le petit chaperon enlève cette capuche en se glissant dans le lit du loup : ceci peut faire penser à un hymen abandonné...
Dessin de Gustave Doré (1832 Strasbourg-1883 Paris)
gravure sur bois d'Adolphe Pannemaker. Colorisée
19,3 cm x 24,6 cm
publiée dans les Contes de Charles Perrault
aux éditions J. Hetzel (Paris), 1862, p. XII.
BnF, département des Estampes et de la Photographie
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lundi 3 mai 2021

Le sachez tu !? 😮 Déficit : en latin ce mot signifie "il manque"

 Le sachez tu !?

😮
Déficit : en latin ce mot signifie "il manque" puisqu'il vient du verbe deficerer, manquer, faire défaut, qui se conjugue ainsi :
deficio, deficis, deficit... et a également donné déficient.
Le verbe deficio est issu de defacio, composé du préfixe de + facio, faire.
Madame Déficit, ou l'Autrichienne, furent des surnoms donnés à Marie-Antoinette quelques années avant la Révolution, à cause de ses dépenses pour sa ferme, ses toilettes, et pour l'affaire du collier de diamants, très bien relatée dans l'œuvre de Dumas "Le collier de la Reine".
Marie-Antoinette
par Elisabeth Vigée Lebrun
musée de Versailles
1783
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