Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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vendredi 5 février 2021

Le sachez tu !? 😮 Crotale : grec χρόταλον, crotalon castagnette

 Le sachez tu !?

😮 Crotale : vous connaissez ce serpent venimeux et mortel qui avertit de sa présence en agitant des écailles de sa queue et en produisant un angoissant bruit de grelot, de crécelle...
Mais saviez vous que le latin crotalum (grelot), issu du grec χρόταλον, crotalon (castagnette) désignait un petit instrument de musique à percussion antique que l'on retrouve sur les peintures des vases grecques et les mosaïques !?
Les crotales étaient des castagnettes de bois ou de minuscules cymbales employées particulièrement dans le culte de Cybèle et pour rythmer la danse.
On trouve encore des crotales, petites sonnettes, aussi pour rythmer les oraisons tibétaines.
N'allez pas à Pompéi pour voir des meubles, des fresques ou des mosaïques : ils ont tous été malheureusement déplacés et transportés dans les musées de Rome, de Naples, ou d'ailleurs ! ...
Celle-ci est exposée au Musée archéologique national de Naples.
Cette mosaïque "des musiciens", provient de la villa de Cicéron à Pompéi.
Trois musiciens du culte de la Déesse Cybèle font de la musique en dansant :
la musicienne de gauche souffle dans une flute double, aulos, ou "tibia" (qui veut dire flûte initialement, car on la creusait dans l'os long des (b)ovins).
L'aulos double ou tibia donne un son comparable à notre cornemuse.
Au centre, le musicien fait donc retentir ses crotales;
celui de droite frappe sur son tambourin.
En haut à gauche de cette mosaïque on lit en majuscules :
ΔΙΟΣΚΟΥΡΙΔΗΣ ΣΑΜΙΟΣ ΕΠΟΙΗΣΕ soit : Dioscoride de Samos l'a fait.
Ce mosaïste, Dioscoride, vivait au 1 siècle avant Jésus Christ sur l'ile de Samos Σάμος (mais non, rien à voir avec le fromage ! 😉 ).
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
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mercredi 3 février 2021

Le sachez tu !? 😮 chandeleur vient de "festa candelarum", qui a donné candélabre

 Le sachez tu !?

😮 chandeleur vient de "festa candelarum", qui a donné candélabre, fête des chandelles.
La chandeleur est fêtée le 2 février, et on faisait une procession aux flambeaux.
C'est la superposition, le "syncrétisme" d'une fête celte et d'une fête juive, comme souvent.
Elle a lieu 40 jours après Noël; elle commémore la tradition juive de la purification de l'accouchée et la présentation du fils ainé au temple de Jérusalem et son "rachat" par des offrandes.
La survivance de cette offrande est la pièce d'or qu'on doit garder dans la main en faisant sauter la crêpe.
La tradition des crêpes vient de la tradition juive du grand nettoyage de printemps pour Pessah (Pâque) où l'on doit nettoyer la maison de toute trace de poussière et de toute trace de farine.
Il faut donc consommer blé, orge, épeautre, seigle, avoine ayant fermenté, avant Pessah, et ceci pour renouveler les stocks.
La moufleta est une crêpe juive sépharade, d'Afrique du nord, traditionnellement consommée pendant la célébration de la mimouna, le lendemain de la Pâque juive.
Les Ashkénazes d'Europe centrale, ont aussi leur crêpe traditionnelle : les blintzes qui sont cuisinées pour la fête de Chavouot, fête de la récolte en mai, durant laquelle on consomme des laitages.
Chez les Celtes, et particulièrement en Irlande, on fêtait Imbolc le 1er février, entre la fête de Yule le 21 décembre et avant Irl. Beltaine, le 1er mai.
Ce rite en l’honneur de la déesse Brigit célébrait la purification et la fertilité au sortir de l’hiver.
Les paysans portaient des flambeaux et parcouraient les champs en procession, priant la déesse de purifier la terre avant les semailles
Trois générations, sur ce tableau, sont réunies pour déguster les crêpes qui sont au centre de la composition : grands-parents, parents, et un petit garçon aux joues rebondies.
La profusion des crêpes, l'air serein du grand-père, les vêtements cossus de la bru, tout indique que cette famille de manque de rien.
Le grand-père a le coude sur le pichet d'étain : il a fini de boire, et il montre ainsi sa sobriété. Le fils à un pichet à la main mais ne s'en sert pas.
Le père et le fils ont le même profil et se ressemblent : une continuité entre les générations s'annonce ainsi
Pieter Aertsen (vers 1508 –1575)
Peintre nord-néerlandais
Lieu de travail Anvers (1535–1556), Amsterdam (1556–1575)
scène de genre
1560 exposé au Museum Boijmans Van Beuningen
huile sur panneau de bois
Dimensions Hauteur : 87,0 cm ; Largeur : 169,3 cm
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Le sachez tu !? 😮 Scrupule vient du latin scrupulus, petite pierre pointue

 Le sachez tu !?

😮 Scrupule vient du latin scrupulus, signifiant petite pierre pointue, composé de scrupus (pierre, souci) + ulus (petit)
Lorsqu’une petite pierre pointue entrait dans la caliga, la sandale de cuir lacée et montante des légionnaires romains, elle gênait leur marche, d'où le sens figuré de gêne, embarras.
Caliga+ula signifie donc petite sandale (pour ceux qui suivent !).
Le futur troisième empereur, Caius Augustus Germanicus, suivit dès l'âge de deux ans son père Germanicus dans les camps militaires de Germanie.
Germanicus lui avait fait faire de toutes petites sandales, des caligae à sa taille et le sobriquet lui était resté.
Caligula se prit malheureusement assez vite les sandales dans le tapis, puisqu'il finit par nommer sénateur son cheval Incitatus (le rapide) et l'inviter à ses banquets, le couvrant de bijoux.
Lassés de ces excès les sénateurs le firent assassiner par ses gardes le 24 janvier 41, après trois ans de règne et alors qu'il entrait dans sa 29 ième année et, dans la foulée et pour faire bonne mesure, les prétoriens firent aussi assassiner son épouse Caesonia Milonia et briser le crâne de leur fille d'un an, Julia Drusilla.
Dans le tableau ci-dessous, le corps de Caligula git sous différents autres corps, sa femme, sa fille, alors qu'un garde débusque derrière un rideau une malheureuse terrorisée.
Le plus intéressant est la marque de mains sanglantes, laissée par Caligula en s'écroulant, sur le socle de la statue majestueuse de l'empereur Tibère : en effet, Caligula avait fait tuer Tibère par le préfet du prétoire "Macron" afin de prendre sa place 😉
Cette mise en scène de l'assassinat apparait dès lors comme une vengeance terrible et posthume d'un vieil empereur dont la fin eût lieu à Capri, (préfigurant peut-être une explication du tube d'Hervé Vilars... mais rien n'est moins sûr... 😉 )
"L'assassinat de Caligula"
Huile sur toile datée de 1871
de Sir Lawrence Alma-Tadema (1836–1912)
83.8 cm × 174.2 cm.
Exposée au Baltimore, Walters Art Gallery
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dimanche 31 janvier 2021

Le sachez tu !? 😮 Hasard vient de l'arabe الزهر, az-zahr " jeu de dé et fleur

 Le sachez tu !?

😮 Hasard vient de l’espagnol azar, lui même issu de l'arabe الزهر, az-zahr " jeu de dé ", lui même issu de l'arabe zahra زهرة " fleur " car la face gagnante du dé arabe portait une fleur.
Il est en de même pour son équivalent d'origine latine " aléa " (pas de T au bout, et si certains choix sont " aléatoires ", c'est que le joueur de dé s'écrit aléator en latin).
En effet, aléa signifiait en même temps " jeu de dé " et " hasard ".
Le coup de dés (coup de poker, dirait-on aujourd'hui !) le plus célèbre est sans doute celui que lança Jules (nous sommes intimes 😉 ) le 10 janvier - 49 avant J.C. en prononçant son " Alea jacta est " irréversible et en franchissant, avec ses hommes, le fleuve Rubicon, interdit aux armées, pour marcher vers Rome.
En réalité, il est fort possible que le grand Jules ait prononcé cette phrase en grec, la langue des romains cultivés...
Le " aléa " latin pourrait venir du grec ἀλεός, aleós, variante de ἠλεός, êleós " égaré ".
"Maitre des joueurs" surnom donné à un peintre romain non identifié, mais ayant beaucoup produit vers 1620–1630
Des joueurs de dés et un vendeur d'oiseaux réunis autour d'une dalle de pierre.
Dans cette scène de genre, qu'on pourrait aussi appeler " jeux de mains, jeux de vilains ", on retrouve le thème du jeu et des tricheurs.
Ce thème, fréquent dans la peinture du XVII°, a été déjà abordé dans cette chronique avec des joueurs de cartes : ici aussi, les regards se croisent et les mains s'agitent...
Ne se sont-ils pas alliés tous trois pour faire perdre sa volaille au malheureux vendeur ?
L'attention du vieillard est attirée par la pièce, alors que le compère, de son côté, a lancé les dés, dont un s'est "cassé " sur l'aile de l'oiseau ...
Huile sur toile, 111.5 cm X 183.5 cm
vendu à Sotheby's le 5 Décembre 2007
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lundi 25 janvier 2021

Le sachez tu !? 😮 "Les Deux Sœurs" ou "Sur la Terrasse" : Auguste Renoir

 Le sachez tu !?

😮
"Les Deux Sœurs" ou "Sur la Terrasse" : Auguste Renoir peint ce tableau frais et très coloré à Chatou, en avril 1881 à son retour d'Algérie.
La terrasse du restaurant " Fournaise" est moins reconnaissable que dans le "Déjeuner des Canotiers" (1880).
Elle est bordée d'une balustrade en fer forgé, un peu différente, qui limite l'espace et contribue à créer un univers intime et protecteur.
La balustrade, coupant la toile en deux, protège également ces jeunes filles de l'eau, au loin, qui peut être dangereuse car les noyades sont fréquentes.
En 1843, c'est dans cette Seine que s'est noyée accidentellement, à 19 ans, Leopoldine Hugo, fille de Victor. Ce fait divers a été traumatisant pour l'opinion publique de l'époque.
Or, 19 ans, c'est à peu près l'âge de l'aînée. L'arrière plan, fleuri et tout en teintes pastelles, donne à l'ensemble une impression de douceur délicate et charmante. Les deux soeurs, sages et réservées, esquissent, à peine, un sourire discret, presque distant pour la plus grande.
Elles sont différentes et cependant semblables ( cheveux, carnation, expression), comme si l'on voulait nous laisser deviner l'avenir, par le portrait, sur une même toile, d'une même personne ayant grandi. Sage elle était, sage elle est restée... La plus petite nous regarde intensément. Elle a un tablier blanc par-dessus un col bleu.
A noter les rappels de ce bleu : les yeux limpides de la petite, ses fleurs, les reflets de la robe noire de la plus grande et à l'arrière plan, les reflets la Seine, en touches discrètes. L'aînée, serrée dans une robe modeste, est coiffée d'un chapeau rouge vif à large bord.
Cette tache centrale attire l'oeil, elle est rappelée par une tâche rouge de même nuance mais plus petite, sur le chapeau fleuri de la petite soeur...
Un peu comme une beauté en devenir...Les jolies mains de la plus grande sont croisées dans une attitude posée et calme, contribuant à une sensation de sérénité, une atmosphère juvénile et charmante.
A l'arrière plan, on distingue à peine, à travers les branches et les fleurs printanières, des barques évoluant doucement sur les reflets brillants de la Seine ( écouter le clapotis que font les rames sur l'eau ).
La plus grande des deux modèles de Renoir, serait, semble t il, selon l'expert Francois Daulte, Jeanne Darlot, âgée sur ce tableau de dix-huit ans.
Jeanne deviendra plus tard actrice au Théâtre Gymnase où elle jouera d'abord des seconds rôles dans les comédies.
Devenue actrice et célèbre, Jeanne aura souvent sa photographie dans les journaux.
Plus tard, elle débutera à la Comédie Française, mais sa carrière théâtrale n'aura pas la suite qu'elle aurait souhaité.
Elle ne se mariera pas et deviendra la maîtresse d’un fabricant de chocolat, et plus tard celle d’un sénateur.
L.C

Le sachez tu !? 😮 Quel est le point commun entre : un concours, discours, recours, secours, parcours, encours, coursier, courrier, coureur, courant,

 Le sachez tu !?

😮 Devinette du jour ! 😉 Quel est le point commun entre :
un concours, discours, recours, secours, parcours, encours, coursier, courrier, coureur, courant, ... mais aussi :
une excursion, incursion, un procureur, un précurseur, cursive, un curriculum vitae ... (et j'en oublie sûrement !).
On retrouve dans tous ces mots, le radical "cours", ou curs, du verbe latin curro "courir" (l'un des deux R a été perdu au fil des siècles, sauf dans la chasse à "courre".. 😉 )
- avec des préfixes : con (ensemble), dis (deux), re (de retour), se (se, sous), par, en, ex (hors), in (en), pro (pour), pré (avant)...
Pour "curri-culum" (qui a gardé ses deux R, du coup) ceux qui ont lu les chapitres précédents de "Le sachez tu !? 😮" se souviennent que c'est une "petite" course (culum)...
Le verbe latin curro vient de l'indo-européen *kers.
Alfred de Dreux (23 mars 1810 - 5 mars 1860)
peintre spécialisé dans les courses de chevaux.
Course de chevaux
steeple-chase
(steeple ne veut pas dire qu'obstacle mais aussi clocher).
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Le sachez tu ?! 😮 Colchique : de la Colchide, actuelle Géorgie

 Le sachez tu ?!

😮 Colchique : on parle depuis hier de la colchicine pour soigner le.a Covid, médicament soignant initialement la goutte et extrait de la colchique, (dans les près, fleurissent, fleurissent...)
La colchique fleurit en effet à l'automne, elle est souvent mauve, son bulbe est vénéneux et ses graines toxiques, d'où son surnom de "tue-chien";
en latin son nom est colchicum, du grec Κολχίς, Kolkhís, pays de Colchide, sans doute lié au grec χαλκός khalcos, cuivre, abondant dans cette zone.
La Colchide, patrie de la magicienne et empoisonneuse Médée (du grec μήδομαι mêdomai, méditer), fille du roi de Colchide, correspond à peu près à l'actuelle Géorgie, au bord de la Mer Noire.
Médée aida Jason (Ἰάσων Iásôn, le guérisseur) et les 49 autres rameurs de l'Argo (le rapide), les Argonautes, à voler la Toison d'Or, puis elle s'enfuit avec Jason.
Médée de Frederick Sandys (1829–1904).
On remarque déjà les yeux fous de Médée, préfigurant le meurtre des deux enfants qu'elle a eu avec Jason, après la répudiation de celui-ci.
Elle élabore le poison dont elle imprègne la tunique de sa rivale et semble ressentir déjà, avec sa main, les brûlures de celle-ci.
A l'arrière plan, l'Argos, le navire de Jason.
"Médée" est exposée au Birmingham Museum and Art Gallery
peinte vers 1868
Hauteur : 61,2 cm ; Largeur : 45,6 cm
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