Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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dimanche 4 février 2024

Le Sachez Tu !? 😮 Epectase mourir d'aimer

 Le Sachez Tu !? 

😮 Epectase
Ecoutez plutôt, l'histoire étrange d'un mot qui a changé complètement de sens.
Epectase signifie en grec "étirement", "allongement" (en grammaire, allongement d'une voyelle par exemple)
Epectase est entré dans le vocabulaire religieux depuis l’épître (la lettre) aux Philippiens de saint Paul de Tarse, où celui-ci l'utilise de façon imagée dans le sens de "surpassement" de soi, "d'étirement " vers Dieu.
Epectase vient du grec ἐπέκτασις, epéktasis (extension) et du verbe ἐπεκτείνω, epekteínô (je dilate, j'étire)
que l'on peut décomposer en :
ἐπί (sur, au-dessus) +
ἐκτείνω epekteínô, (allonger) que l'on peut lui-même décomposer en : ἐκ (hors de, comme le "ex" latin) +
le verbe τείνω teino (é-tirer, é-tendre) apparenté au latin teneo (tenir).

Bon, l'étirement vers Dieu, c'était la première acception.
Oui, mais ça, c'était avant...

Car, depuis épectase a changé de sens du tout au tout :
depuis la mort subite d'une crise cardiaque du cardinal Jean Danielou, survenue le 20 mai 1974, au domicile d'une certaine "Mimi", alias Gilberte Santoni, prostituée notoire de 24 ans.

Danielou avait commenté l'épectase religieuse dans son livre "Platonisme et théologie mystique" (1944).
Or, lors de son homélie funèbre, un jésuite prononce cette phrase : « il est allé à la rencontre de Dieu dans l'épectase de l'Apôtre », mot malheureux, qui fait penser aux incultes religieux et irrévérencieux que nous sommes, plutôt à "extase", utilisé aussi dans le vocabulaire religieux et sexuel.

"Charlie Hebdo" et surtout le "Canard enchaîné" reprennent le (bon) mot pour se moquer de cette mort fulgurante.

Et voilà :
aujourd'hui épectase est entré dans le vocabulaire médical et signifie "mort subite au cours de l'acte sexuel", lors d'un orgasme aussi fatal que final, ce qui, on en conviendra, malgré tout, est une très belle mort. 😉

Ci-dessous :
Cornelis Cornelisz van

Haarlem (1562-1638)

"Un moine et une religieuse" (A monk and a nun).
Le visage de la religieuse, les yeux levés au ciel pris pour témoin, semble exprimer l'extase...
Quant au moine, bien occupé, et sans doute troublé après quelques verres de vin, il a l'oeil vague et perdu, absorbé dans la découverte d'une sensation nouvelle et inattendue...
Ce sujet leste, parfaitement irrévérencieux, se comprend mieux si l'on sait que Cornelisz était sans doute de religion protestante, et vivait dans un pays protestant où les religieux catholiques étaient volontiers brocardés et moqués.

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Le Sachez Tu !? 😮 "Marguerite Steinheil " ou la pompe funèbre...

 Le Sachez Tu !? 

😮 "Marguerite Steinheil " ou la pompe funèbre...
« Il se voulait César, mais ne fut que Pompée »
Vous connaissez sans doute ce bon mot, attribué à un Clemenceau sarcastique, sur la mort de son rival politique, le président Felix Faure, (1841-1899).
Effectivement, le président aurait "perdu SA connaissance" et succombé à une attaque d'apoplexie due une trop grande consommation de produits aphrodisiaques, conjuguée avec les ardeurs appliquées de sa maitresse, l'entreprenante et trop zélée Marguerite Steinheil.

Celle-ci reçu en effet, à la suite de ce drame honteux et ridicule, qui se déroula dans un des petits salons privés de l'Elysée, le surnom de "pompe funèbre".

Le corps inerte du président Felix Faure fut retrouvé, pantalon baissé, alors que la dame s'était enfuie par un escalier de service...

Mais l'histoire sulfureuse de Marguerite Steinheil ne s'arrête pas là puisque neuf ans plus tard, en 1908, elle fait à nouveau la une des journaux, et on la retrouve mêlée à un nouveau sombre fait-divers : les meurtres inexpliqués de son mari, le peintre Adolphe Steinheil et de la propre mère de celle-ci, la riche Émilie Japy, retrouvés tous deux étranglés dans leur sommeil, alors que Marguerite aurait-été ligotée et bâillonnée par "trois individus vêtus de noir et une femme rousse"...

Soupçonnée à la suite de ses versions successives et contradictoires, jugée, incarcérée un an, puis finalement, acquittée faute de preuves, la sulfureuse Marguerite pu épouser en 1917, un lord anglais Robert Brooke Campbell Scarlett 6e baron Abinger qui eût lui, l'amabilité de mourir de mort naturelle (ou pas ?) quelques années plus tard, la laissant à nouveau libre mais toujours sans le sou puisque la famille du lord récupéra le magot...

Nouveau coup de théâtre rocambolesque :
elle est enlevée à Kasbla Tadla au Maroc et c'est l'état français qui paye l'énorme rançon ...

Décidemment, la diabolique "lveuve rouge" avait l'imagination fertile et... la langue bien pendue 😉...

Le plus drôle de cette histoire est sans doute que malheureux Adolphe Steinheil, le mari cocu, est classé dans la catégorie "peintre pompier"...
On le serait à moins .)


Ci-dessous :
Léon Bonnat
Portrait de Madame Steinheil, 1899,
Bayonne, musée Bonnat-Helleu.

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 Le Sachez Tu !? 

😮 Gueule (quoi, ma gueule ?...)
A votre avis :
glousser, engloutir, déglutir, glouton, gueule, dégueuler, engueuler, gueuleton, etc...
ont-ils un ancêtre commun ?
Mais, oui, évidemment !
C'est le nom latin désignant le gosier : gula
apparenté au grec γλῶσσα, glôssa, (langue) qui a donné glotte mais aussi glossaire.

Glossaire vient du latin glossarium (dictionnaire, vocabulaire), issu du latin glossa, lui même issu du grec ancien γλῶσσα, glôssa (langue).

Dégueuler, gerber, dont deux synonymes argotiques du verbe vomir qui vient du latin vŏmo, vŏmĕre.

Les vomitoires, ou vomitorium romains, n'étaient pas un endroit où les participants aux orgies romaines, se faisaient vomir comme dans le Banquet de Trimalcion dans le Satyricon de Fellini sorti en 1969.

Non, vomitoire désigne tout simplement les sorties par des caves voutées des amphithéâtres qui vomissaient la foule...
Qu'alliez vous croire ?
C'est la perspective des excès de foie gras et d'huitres qui vous fait penser cela !? 😃

Ci-dessous :
Un homme vomit dans un bol tandis que son compagnon soulève sa perruque et maintient le bol.
Eau-forte de T. Sandars, 1773,
d'après J. Collier.
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Le Sachez Tu !? :O Paweł Merwart

 Le Sachez Tu !? :O Paweł Merwart

(1855 Ukraine – 1902, Saint-Pierre, Martinique)
Fils d'un Français résidant en Pologne, alors partie de l'Empire russe, marié à une polonaise, polonaise, Paul passe sa jeunesse en Pologne.

Il fait ses études aux Beaux Arts de Vienne, puis à Munich et Düsseldorf.

De 1877 à 1884, Paul étudie à l'École des beaux-arts de Paris.

Paul devient illustrateur pour le journal L’Illustration et, en 1900, il est nommé peintre de la Marine et des Colonies.
A ce titre, Paul voyage en Asie, au Sénégal, au Soudan, en Guyane. et ses sujets s'inspirent des colonies françaises.

Mais, lors d'un voyage en Martinique, Paul meurt à seulement 47 ans dans l'éruption de la montagne Pelée en 1902.

Son frère, Émile Merwart, qui fit une brillante carrière de gouverneur colonial.


"guillemets" vient du nom de l’imprimeur français Guillaume Le Bé, qui les aurait inventé en 1622

 Le Sachez tu !? 

😮 «Guillemets»
Nos guillemets à la française, en «chevron», les guillemets de la littérature, disparaissent petit à petit, supplantés par les vilains "guillemets" anglais en virgules, ceux-là même que miment les américains avec leur index et majeur...
Il faut dire que nous n'avons pas le choix sur nos téléphones et ordinateurs...

Mais saviez vous que "guillemets" vient du nom de l’imprimeur français Guillaume Le Bé, qui les aurait inventé en 1622 !?

En réalité, on en repère déjà cent ans plus tôt, en 1527 dans un ouvrage des imprimeurs vénitiens Paul Manuzio (1512-1574) et J. Bade : "Grammaire" de Préscien de Césarée.

Les Grecs, eux-mêmes, utilisaient deux chevrons, "διπλῆ diplễ" (double), pour mettre un mot en exergue.

Le prénom Guillaume vient du germanique Wilhelm, que l'on peut décomposer en Will (volonté) + Helm (heaume, protection) et on retrouve un Willalme dans la Chanson de Roland en 1100.

On a vu dans un précédant article "Le Sachez Tu !? 😮 " que le "w" en francique (prononcer ouë) évoluait, d'abord en GW, puis en en G en français comme : war, guerre, ou warrant, garant...

Ci-dessous :
Plutôt que des "Guillemets" célèbres, j'ai choisi un Guillaume ou Wilhelm célèbre : celui de la vallée, Guillaume Tell
Friedrich Pecht (1814–1903) (gravure d'après )
Wilhelm Tell ou Guillaume Tell 1859
Un épisode de la rébellion des Suisses contre les Autrichiens en 1307.
Le 25 juillet 1307, l'impitoyable Hermann Gessler, bailli de l'empereur Albert Ier de Habsbourg, fit ériger un poteau sur la place des Tilleuls, à Altdorf, et y fit accrocher son chapeau.

Hermann Gessler exigea alors que les habitants se découvrissent respectueusement et saluassent son couvre-chef.
(oui, je suis comme ça, j'adore le subjonctif imparfait, à tout prendre, vaut mieux ça que l'alcool...)

Or, le dimanche 18 novembre 1307 (pas trouvé à quelle heure.. 😛 ) "Guillaume le Tall" (ou Thal, "de la vallée", comme Emme Thal, emmental, ou Neander-thal) passa plusieurs fois devant le poteau en "oubliant" de se courber respectueusement.
Dénoncé, Tall fut condamné par Gessler à viser une pomme placée sur la tête de son fils, avec son arbalète.
Ayant réussi, Tell fut malgré tout emmené en prison mais il s'échappa et tua le méchant Gessler qui l'avait bien mérité.

(Non, la pomme, ne fut pas mangée plus tard par Blanche Neige ou Alan Thuring, puisque c'est Steve Jobs qui la récupéra)
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mercredi 6 décembre 2023

Le Sachez Tu !? 😮 Trépanation τρυπάω, trupao, je perce,

 Le Sachez Tu !? 

😮 Trépanation
La trépanation est une technique de perçage du crâne, qui consiste à pratiquer un trou en réalisant une découpe circulaire,
à la différence de la "craniectomie" qui sectionne un ou plusieurs os du crâne
Crâne vient du latin crānium, emprunté au grec κρανίον, kraníon, (crâne) de κράνος, krános, (casque), apparenté àκέρας, kéras (corne).

Trépanation vient de l'instrument utilisé, le "trépan", sorte de vilebrequin.
"Trépan" est issu du latin médiéval trepanum (outil de chirurgien) lui-même emprunté au grec τ ρ υ ́ π α ν ο ν trupanon, terme de chirurgie (outil pour percer) avec la racine τρυπάω, trupao, je perce, je fais un "trou".

La pratique de la trépanation remonte au néolithique, puisque l'on a retrouvé dans la nécropole néolithique de Corseaux en Suisse, un crâne de jeune fille trépanée au silex, avec un beau rond parfaitement régulier, datant d'environ 3500 avant J.-C., et montrant, grâce à la repousse de l'os sur les bords que la jeune patiente avait survécu...

Au Moyen Âge, on traitait la folie par trépanation, fort, sans doute de l'experience consistant à enlever des caillots de sang mortels ou soigner les hémorragies cérébrales compressant le cerveau et créant des troubles neurologiques.

Cela n'est pas sans rappeler les lobotomies, très à la mode pour soigner les dépressions et la schizophrénie dans les années 50 et qui valurent à leur inventeur, Egas Moniz, neurologue et homme politique portugais, le prix Nobel de médecine en 1949, avant que l'on ne s'aperçût des séquelles irrémédiables que celles-ci causaient..

Ceci dit, était-elles vraiment pires que les électro-chocs créant des crises épileptiques induites et soi-disant "curatives", telles qu'ont les voit dans le film de Milos Forman, en 1975, " Vol au-dessus d'un nid de coucou" ?

(Bonus gratuit :
"Vol au dessus d'un nid de coucou" ou "One Flew Over the Cuckoo's Nest" est l'adaptation roman éponyme de Ken Kesey paru en 1962.
"Cuckoo" signifie coucou, mais aussi "zinzin", donc un nid de zinzins, asile, un jeu de mot, une de plus "lost in translation") ...

Ci-dessous :
Hieronymus Bosch (1450–1516)
Extraction de la "pierre de folie"
Bosch se moque, évidemment, une fois de plus, et l'entonnoir sur la tête du chirurgien (entonnoir qui décidemment est un signe de folie très ancien) et le livre sur la tête de la femme, en sont les preuves...
Merci à Véziane de Vezins pour cette intéressante suggestion.
Tous droits RÉSERVÉS Laurence Chalon © 2019
PArtage Bienvenu, mais "Copier Coller " même partiel, sans le nom de l'auteur, est interdit 😉
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