Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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dimanche 24 avril 2022

Arrogance, s'arroger, déroger, interroger et "Rogations" du latin rogo, rogare signifiant demander

 Le Sachez Tu !?

😮 Arrogance :
alors cette fois, celui qui trouve le lien étymologique entre : arrogance, s'arroger, déroger, interroger et surtout "Rogations", je lui tire mon chapeau ! 😉
Bon, en comparant ces mots, on observe une racine commune :
le verbe latin rogo, rogare signifiant demander, réclamer avec insistance, insister, re-vendiquer (le latin vindicta désignant la baguette servant à désigner l'objet de la revendication).
S'arroger est constitué de rogo + le préfixe, ad, devenu ar, et signifie "réclamer pour soi-même", s'attribuer (attribuer = une part sur trois de la prise effectuée).
L'arrogant, est du coup, au sens littéral, celui qui s'octroie une part d'office, celui qui réclame, revendique pour lui-même.
Les "rogations" ont la même origine : "rogo", ou supplication à Dieu, et désignaient des processions religieuses se déroulant les trois jours précédant le jeudi de l'Ascension, et dont le but était d'intercéder auprès de(s) Dieu(x) pour obtenir une bonne moisson.
Les litanies, ou prières psalmodiées durant la procession étaient apotropaïques (visant à conjurer le mauvais sort) et propitiatoires (visant à rendre propice la clémence divine).
Les rogations ont été instituées par l'église catholique en se calquant, pour la "phagocyter" sur la fête celte de Beltaine, fête de Bélénos, ("le brillant"), cérémonie se déroulant autour du premier mai et durant laquelle des feux étaient allumés par les druides, qui prononçaient des incantations.
Afin de le protéger des épidémies, on faisait passer le bétail entre ces feux.
Ci-dessous :
La Bénédiction des blés dans l'Artois à Courrieres
Jules Breton (1857)
Musée des Beaux-Arts d'Arras
Cette longue composition de 3,2 mètres, fait penser à l'enterrement à Ornans de Courbet, de 1850.
Au premier plan des paysans et des enfants endimanchés, prient et se signent, avec ferveur, au passage de cette sainte et longue procession qui doit bénir tous les champs.
Un groupe de jeunes premières communiantes, en blanc, transporte l'immaculée conception, qui fait office de mère nourricière.
Bedeaux et curés, bréviaires ouverts (du latin brevis, court) chantent des litanies et prononcent les prières, suivis de l'évêque, à la chasuble chamarrée, tenant "ostensiblement" un reliquaire ou un ostensoir, sous un dais rouge.
Les enfants de coeurs arborent cierges et un encensoir, censé purifier l'air.
Enfin, après le clergé viennent les laïques :
on reconnait le maire, ceint de son écharpe tricolore, les notables, et le garde champêtre, coiffé de son bicorne, empêchant les enfants de transgresser une ligne imaginaire.
Enfin, de façon très protocolaire, vient la foule sage des villageois, unie dans ce cortège rituel et solennel, cérémonie dont dépendent les récoltes...
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vendredi 22 avril 2022

😮 Synovie ! 😉 synovia peut être décomposé en syn + ovum (œuf)

 Le Sachez Tu !?

😮 Synovie ! 😉
Ben oui, à propos de celle qui s'épanche...
d'où vient l'origine du mot !? 😮
Le latin synovia peut être décomposé en syn + ovum (œuf)
Le préfixe latin syn- vient du grec σύν, sún (ensemble, comme symbiose).
En effet, le liquide jaune et huileux qui lubrifie les cartilages, parfois usés hélas, de nos articulations, fait penser à du blanc d'œuf cru.
C'est, du moins, ce qu'a pensé le savant qui lui a donné ce nom :
Aulus Cornelius Celsus (-25 avant J.C.-50 après J.C), surnommé l'Hippocrate latin, médecin qui a écrit le premier traité de médecine décrivant les affections courantes et leurs soins curatifs.
Ci-dessous :
de Pieter Aertsen (1508-1575) peintre flamand
La danse des oeufs 1552 exposé au Rijksmuseum d'Amsterdam.
Pour fêter Pâques (mot issu de la fête juive "Pessa'h", signifiant "sauter", car, en Egypte, la mort avait "sauté" les maisons où habitaient les nouveaux nés juifs), on dansait en sautant par dessus des oeufs et d'autres obstacles, jonchant le sol, le tout au son du joueur de cornemuse devant la cheminée...
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Le Sachez Tu !? 😮 Horripilant hirsute, horripilant, hérissé, hérisson : du latin horreo (hérisser) et pilus, poil

 Le Sachez Tu !?

😮 Horripilant
(certain sauront pourquoi j'ai pensé à ce mot ce matin ! 😉 ...)
Saviez-vous que hirsute, horripilant, hérissé, hérisson ont la même origine étymologique !?
Horripilant vient du latin horreo (hérisser) et pilus, poil et signifie donc au sens littéral : qui hérisse le poil
Hirsute vient du latin hirsutus (mal coiffé), lui même issu de horreo, signifiant hérisser, dresser des piquants et des poils....
Horrible a la même origine :
c'est ce qui fait dresser les poils sur le corps, et les cheveux sur la tête, mais cette fois de peur, et non plus d'exaspération...
Ci-dessous
Jean François Millet (1814-1875)
Homme Hirsute ou tête d'ogre
1857
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Cheval, équitation et hippodrome, gaulois caballos

 Le Sachez Tu !? :O Cheval, équitation et hippodrome :

Pourquoi trois mots si différents pour un même thème ?
Cheval vient du latin populaire caballus, emprunté au gaulois caballos qui désignait spécifiquement un cheval de trait mais qui a également donné cavalier, cavalerie...
Equitation, équestre viennent du latin equus, cheval, et du verbe equito, chevaucher, monter à cheval.
Hippique, hippocampe, hippologie, hippomobile viennent du grec ἵππος, híppos qui a aussi donné : Philippe (qui aime les chevaux), Hippolyte (lutteur, dompteur de chevaux) hippopotame (cheval d'eau).
hippocampe vient du latin hippocampus, lui même issu du grec ἱππόκαμπος, hippókampos, avec ἵππος, híppos + κάμπος, kámpos (monstre marin).
Quant à l'hippocampe cérébral, il ressemble vraiment au petit animal marin...

Pour cheval et équitation, c'est un peu comme pig et pork en anglais :
le premier, d'origine saxonne désigne l'animal gardé par les paysans locaux,
le second d'origine française, désigne la viande dégustée par les nobles normands...

Ci-dessous :
Rosa Bonheur (1822–1899)
Le marché aux chevaux 1867
Metropolitan Museum of Art New York
La localisation du marché au chevaux de Paris a changé au fil des siècles.
Rosa Bonheur expose ce tableau, encore inachevé, au salon de peinture de 1853 à Paris, et les critiques et spectateurs sont envoutés.
Mais Rosa Bonheur est volontairement exclue de la cérémonie de récompense de la médaille artistique, à cause d'une règle interdisant tout simplement que la récompense soit attribuée à ...une femme !
Ce marché au chevaux se situait alors au faubourg Saint-Marcel, et on remarque la coupole de l'hôpital de la Salpêtrière à l'arrière-plan.
Rosa Bonheur était la fille du peintre Raymond Bonheur
et la soeur des peintres : Auguste Bonheur, Isidore Bonheur, Juliette Bonheur; ainsi que la cousine du peintre
Ferdinand Bonheur.

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Le Sachez Tu !? 😮 Drone vient de l’anglais drone désignant un faux bourdon.

 Le Sachez Tu !? 

😮 Drone
vient de l’anglais drone désignant un faux bourdon.

Le "faux Bourdon" est le mâle de l'abeille, produit de l'éclosion d'un œuf non fécondé.

Contrairement à l'abeille ouvrière femelle, il ne possède pas de dard et ne récolte ni nectar ni pollen.
Son rôle consiste à s'accoupler avec une reine fertile lors du vol nuptial, auquel il ne survit pas.

Le Vol du bourdon le plus connu est un interlude écrit en 1900 par Nikolaï Rimski-Korsakov pour son opéra Le Conte du tsar Saltan.
https://www.youtube.com/watch?v=aYAJopwEYv8&t=5s

Ci dessous :
(à défaut de peinture de drone assez visuelle)
"Flying cars"
Alejandro Miguel Burdisio dit "Burda"
peintre illustrateur né le 09/05/1966 en Argentine.
Burda s'est spécialisé dans un monde onirique de voitures vintages volantes.
Le mot "vintage" est un terme français, issue de l'œnologie et désignant l'action de vieillissement d'un vin millésimé.
Passé en anglais, il nous est revenu avec le sens "mode de l'ancien".
Le site de Burda
https://www.domestika.org/fr/alejandroburdisioCi

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paroles...Palabres et Paraboles : παραβολή, parabolê.

Le Sachez Tu !? 😮 "Paroles, paroles"...Palabres et Paraboles :
En ces temps de promesses électorales, les Français en ont entendu, des paroles, mais connaissent-ils le lien entre ces trois mots ?
Parole vient du latin parabola (comparaison, similitude), emprunté au grec παραβολή, parabolê.
A l'usage, le "b" a fini par disparaitre et le mot parabola s'est contracté en paraula, en latin vulgaire.
Palabre vient de l'espagnol palabra signifiant parole et issu du latin parabola.
L'évolution a été différente en espagnol et le R s'est transformé en L, la syllabe bola est devenue bra, du fait que les R sont "roulés";
les R étaient également roulés en français jusqu'à la révolution, et c'est l'impératrice Joséphine qui a importé la mode créole des R peu prononcés, mode reprise par les mouvements des jeunes "inc'oyables et "me'veilleuses".
Aujourd'hui, palabres a pris le sens particulier en français de longues discussions oiseuses ou de marchandage.
Enfin parabole, qui désigne, en français, les allégories morales utilisées par Jésus et rapportées dans les Evangiles, vient du grec παραβάλλω, parabállô (comparer) et
παραβάλλω peut être décomposé en παρά, pará (contre) + βάλλω, bállô (lancer).
Il existe 49 paraboles dans les évangiles mais les agadas étaient déjà souvent utilisées dans la tradition religieuse juive et le Talmud.
Une parabole utilisée par Jésus de Nazareth, très connue, est celle du "Bon samaritain".
Les Samaritains formaient une communauté juive de Samarie, au nord, que les juifs du royaume de Judas, au sud, considéraient comme impie (un peu comme les protestants et les catholiques).
Un jour, un voyageur qui allait de Jérusalem à Jéricho, fut attaqué, dévalisé et laissé pour mort par des bandits.
Un prête sacrificateur, un cohen, passa devant lui sans lui porter secours, puis un Lévite prenant la même route, passa devant le mourant, sans davantage l'aider.
Mais un Samaritain, (quoique considéré comme impie par les juifs) passant devant l'homme, fut ému, lui porta secours, soigna ses plaies, le jucha sur sa monture, le conduisit jusqu'à une auberge où il paya son séjour et précisa à l'aubergiste qu'il règlerait le surplus éventuel à son retour.
Jésus montre ainsi que l'homme bon est bien le Samaritain, alors que les deux juifs "orthodoxes", censés être très pieux, se sont détournés du mourant car c'est le Samaritain qui, seul des trois, a obéi au précepte biblique : " tu aimeras ton prochain comme toi même" (Lévitique).
Ci-dessous :
Beaucoup de peintres ont illustré cette parabole, j'ai choisi
deux versions du "Bon Samaritain" :
- celle d'Eugène Delacroix de 1852 et
- la copie dans un miroir qu'en a fait Vincent van Gogh en mai 1890, deux mois avant de se tirer une balle dans la poitrine.
Van Gogh a exécuté, dans son style, plusieurs copies de grands maitres de la peinture, dont Millet (voir la Sieste, vue récemment) et plusieurs de ces chefs d'oeuvres ont été effectués à l'aide d'un miroir pour obtenir une image inversée.
Delacroix a choisi d'illustrer le moment où le bon Samaritain vient en aide au mourant, et tente de le jucher sur sa monture, avec beaucoup de difficultés.
Le Samaritain a fait un bandage sur le front du pauvre homme dont même les vêtements ont été arrachés.
Le blessé, blême et jaune, le regard dans le vide, s'agrippe compulsivement à son sauveur.
On remarque à gauche, ouvert et jeté au sol, le coffret plein d'argent qui a été vidée par les bandits.
On voit également le Lévite, lisant la Thora et tournant le dos, au sens propre comme au figuré, qui s'éloigne tranquillement et, plus haut, sur le même chemin, le Cohen, qui a passé outre également et a abandonné son prochain à son triste sort, dans la version de van Gogh...
Le cheval a des œillères, comme, au sens figuré, les deux juifs qui viennent de passer sans rien voir...
Van Gogh a choisi, pour adapter le tableau à son style lumineux et coloré, de modifier les couleurs.
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Manoir, masure, manant, demeure, rémanence : du latin maneo,

 Le Sachez tu !?

😮 Manoir, masure, manant, demeure, rémanence :
saviez vous que tous ces mots, pourtant si différents de sens aujourd'hui, avaient la même origine latine ?
Il s'agit du verbe latin maneo, manere, demeurer, rester, apparenté au grec μένω, ménô demeurer, rester.
Le sens de "manant" a évolué :
initialement, c'était un paysan propriétaire, donc obligé de demeurer au même endroit, et attaché à une terre.
Manant prend son sens actuel d'homme grossier, mal élevé, seulement en 1694.
Manant a suivit la même évolution que "vilain", devenu péjoratif, lui aussi, mais qui n'était, initialement que le villanus, l'habitant d'une "villa romaine", une ferme.
C'est aussi le cas de l'évolution de "roturier" qui, venant du latin ruptura, désignait initialement celui qui "défriche la terre" pour finir par désigner celui n'est n'a aucun "quartier" de noblesse (sous entendu : aucun ancêtre noble sur ses huit ascendants).
Gageons que ce mépris des paysans nous est venu des rats des villes et des habitants des bourgs : les "bourgeois" 😉
Rémanence est composé de re+ maneo (rester) et définit la propriété d'une sensation à subsister après la disparition de sa cause : une image, une sensation rémanente.
Ci-dessous :
Georges Diéterle (1844-1937)
Masure à Saint-Léonard, 1878 (entre Fécamp et Criquebeuf)
Georges Diéterle était artiste peintre, architecte, conservateur du Musée de Fécamp et maire de son petit village Criquebeuf-en-Caux, sur les côtes normandes où il avait acheté une ferme.
Georges Diéterle , lui même fils de peintre, était l'ami de "papa Corot", reçu chez lui en 1872, dont on sent l'influence dans cette peinture et qui a aussi peint des fermes dans cette région.
Cette masure est une "chaumière" : elle a un toit de chaume.
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