Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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dimanche 13 juin 2021

Peut -on preparer un philtre d'amour dans un filtre à café ?! ( phitron : qui sert à aimer, filtre : " etoffe grossière")

 

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Le sachez tu !? 😮
Pourquoi ne peut-on pas préparer un philtre d'amour avec un filtre à café !? 😃
(et, accessoirement, pour les amateurs d'ortho-graphe, d'écriture droite, pourquoi un ph à l'un et un f pour l'autre ?!)
Parce que ces deux mots ont une étymologie toute différente !
Philtre vient du latin philtrum lui-même emprunté au grec φίλτρον, issu du verbe φιλέω, philéô "aimer".
Par exemple, un "philatéliste" est constitué de :
- φίλος, philos, qui aime +
- ἀτέλεια, ateleia (exempt d’impôt).
φίλτρον est constitué de phil, qui aime, + le suffixe -τρον tron, "qui sert à" ... (manger, aimer, voir...)
tout comme le suffixe "-trum" en latin.
Donc un philtre est DEJA une boisson -filtrée ou non- qui sert à aimer !
Filtre (à café), en revanche, vient du latin filtrum, qui a donné aussi feutre, étoffe grossière, étoffe bouillie et pressée et non tissée.
Filtrum vient, lui, du vieux-francique filtir « étoffe grossière ».
Les philtres d'amour ont, de tout temps, été vendus par les "charlatans" (de l'italien ciarlatano, croisement de cerretano "habitant du village de Cerreto di Spoleto" dont les habitants vendaient des drogues sur les places publiques, et de ciarlare "bavarder")
Ci-dessous :
Tristan et Iseult buvant le philtre d'amour :
Le roi Marc'h de Cornouailles envoie son neveu Tristan, un des chevaliers de la Table ronde, chercher sa promise, la princesse irlandaise Iseult, pour l'épouser.
Mais Tristan et Iseult boivent accidentellement, le philtre d'amour préparé par la reine d'Irlande, la mère d'Iseult.
(ha, ces belles mères !!).
Le résultat est évidemment, qu'ils tombent éperdument amoureux l'un de l'autre, au grand dépit du vieux roi Marc'h de Cornouailles...
1 :
John William Waterhouse (1849–1917)
Tristan and Isolde with the Potion
1916
huile sur toile
109,2 cm X 81,2 cm
Collection Fred and Sherry Ross.
2 :
Frederick Sandys (1829–1904)
Isolda with the Love Potion
1870
45 cm X 35 cm huile sur toile
Collection Museo de Arte de Ponce

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dimanche 6 juin 2021

Redingote : riding coat

 

Le sachez tu !? 😮
Redingote : nous restons dans les mots venant d'outre Manche, et celui-ci vient initialement d'un vêtement anglais, long et utilisé pour monter à cheval en protégeant les jambe du froid : le "riding coat" (ou manteau d'équitation) qui a évolué de ce côté ci en redingote.
Coat vient d'ailleurs du vieux français "cote" manteau, qu'on trouve dans cotte de maille.
La redingote est donc munie de deux longues basques, pièces d'étoffe en forme de "queue de pie", pointues pour les habits noirs de cérémonie.
Autrefois, on appelait également les "queues de pie" un frac : ce mot vient de l'anglais frock (habit d’homme) issu du français froc que l'on retrouve dans un "prêtre défroqué".
L'expression "être pendu à ses basques", signifie donc être accroché au bas de son habit.
Les jeunes l'ont transformé en "lâche moi les basquettes" : c'est par manque de culture, évidemment, puisque l'expression n'a rien à voir avec les chaussures de ce sport consistant à mettre le ballon dans un panier (basket, issu du vieux français bascal, issu du gaulois bascauda signifiant hotte)...
Les basques d'un habit viennent du latin "Vasco" qui a donné
l’occitan basto (troussis, rempli d'étoffe) apparenté au terme de couture "bâti".
Le vêtement fut peut-être porté par les basques, il faut remarquer que Basque en espagnol se dit aussi Vasco...
Robert Lefèvre
Portrait du peintre Pierre Guérin (1774-1833)
Le peintre porte une élégante redingote grise, couleur "taupe" , comme la "molesquine", de l'anglais "moles skin" peau de taupe, qui recouvrait autrefois les carnets...
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Flirt et conter fleurette

 

Le sachez tu !? 😮
Flirt : selon le linguiste Bernard Cerquiglini, le mot anglais flirt viendrait de l'expression française "conter fleurette" ou même "compter fleurette" puisqu'il s'agit d'effeuiller une (pauvre) marguerite et de s'en remettre à sa décision : il m'aime un peu, beaucoup à la folie, passionnément, pas du tout ou en anglais, plus simplement : he loves me, he loves me not...
Conter fleurette vient du verbe fleuretter, qui, au XVIe siècle signifiait dire des balivernes.
Fleurettes désignait des bagatelles, et des propos galants.
A rapprocher du verbe effleurer, signifiant caresser à l'aide d'une fleur et du langage des fleurs (roses rouges : passion), en passant par l'effeuillage : fleurs et amour ont toujours fait bon ménage...
Il faut noter que en anglais, on rattache flirt plutôt à une onomatopée (flick) et que "to flirt a fan", attesté vers 1660, signifiait ouvrir et fermer un éventail d’un coup sec, sachant que le maniement des éventails avait aussi son langage et qu'un éventail près de coeur signifiait amour...
"On effeuilla vingt fois la marguerite,
Elle tomba vingt fois sur «pas du tout».
Et notre pauvre idylle a fait faillite,
Il est des jours où Cupidon s'en fout."
Georges Brassens
Theodor Grust (1859-1919) allemand
Jeune fille effeuillant la marguerite
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Satyre et satire

 Le sachez tu !? :O

Satyre et satire : il vous est peut-être arrivé d'hésiter sur ce y, attribut, en fait, de ce demi-dieu grec, mi homme, mi bouc, au sourire lubrique et libidineux et, comme le dieu Priape, aux représentations "ithypalliques" (de ἰθύς, ithús, droit, et φαλλός, phallós, phallus).

Un Satyre vient du latin Satyrus, issu du grec σάτυρος, sáturos.
Satyre est un compagnon du dieu Dionysos, dieu du vin et des excès.
Comme les Silènes, il est représenté avec des cornes, une queue et des pattes de bouc.

Une satire, elle, vient du latin satira, variante de satura (saturer) désignant initialement un met fait de différents mélanges, une sorte de macédoine de légumes, ou de "farce", d'ingrédients variés.

Comme "farce", le mot a ensuite désigné un genre littéraire latin où l'on aborde différents sujets pour en rire, les tourner en dérision et s'en moquer.

Le latin satur (rassasié), comme satis (assez) vient de l'indo européen *sa, qui a également donné l'allemand "satt" (repus).

Là où tout se complique, c'est qu'il existait bien, en Grèce antique , un genre littéraire appelé le "drame satyrique", drame mettant en scène des satyres, Dionysos et autres divinités rustiques (rus : campagne)...
Une satire de satyres, si l'on veut ! ;)

Satyre
(Remarquez la langue lubrique, du latin lubricus, glissant..! .)
H. 0,45 m X L. 0,37 m
Rubens
Louvre
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mercredi 26 mai 2021

Shopping vient du français Echoppe

 

Le sachez tu !? 😮
"Faire du Shopping" est un anglicisme que les Québécois traduisent par "magasiner", activité dont nous avons été longtemps privés en 2021...
Nous disons également : faire du "lèche vitrine" qui est du shopping pour les pauvres (et les confinés !) puisque cette activité n'inclut pas forcément un achat...
Shopping est encore un de ces mots "navettes", en réalité d'origine française et qui nous revient de la "Terre des Angles" avec un sens enrichi.
Shop pourrait bien venir du français "Echoppe" qui viendrait sans doute lui-même de "choppa" signifiant "boutique" en langue d'oc.
En 1349 on trouve déjà dans un texte en vieux français, le mot "eschope" sans doute influencé par le vieux néerlandais "schoppe" ou encore le haut allemand "Schopf", signifiant porche.
Dans les premières échoppes, le comptoir, à l'extérieur, était constitué du vantail inférieur des fenêtres qui se rabattait, le vantail supérieur faisant office de protection.
La présence de nombreux mots d'origine française en anglais vient directement d'un évènement historique de l'année 1066 : la victoire, à la bataille d'Hasting, de William the Conqueror, autrement dit the bastard, ou bâtard, Guillaume le Conquérant (1027-1087)
Couronné roi d’Angleterre, Guillaume se débarrassa des seigneurs anglais, leur confisqua leurs terres, y installant à leur place ses proches compagnons normands qui imposèrent le français de l'époque à leurs gens, tout comme Guillaume le fit avec les nobles de sa cour et son administration.
Par la suite, de nombreux mariages (en fait, 13 dont celui de la célèbre Aliénor d'Aquitaine) avec des princesses françaises, solidifièrent l'influence du français à la cour d'Angleterre, et seules, les couches les plus basses de la population continuèrent à parler le "middle english" et les dialectes locaux.
C'est ainsi que pork et beef, mots d'origine française, désignent la nourriture, dégustée par les riches, alors que pig et cow, mots d'origine saxonne, désignent, eux, les animaux, élevés par les pauvres...
Notons, au passage, le retour de beef dans le bien français bifteck, issu de l'anglais beef (venant du français boeuf) et steak, "tranche de viande grillée".
Selon certains linguistes, plus de la moitié des mots anglais viendraient du vieux français, alors qu'une proportion moins importante de mots anglais constitue les anglicismes.
Ceci prouve que, comme les bateaux de pêche, les mots traversent la Manche comme bon leur semble 😉 ...
L'échoppe du fleuriste
Cécile Bougourd (Française, 1857–1941)
école orientaliste
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