Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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lundi 14 octobre 2024

Le Sachez Tu !? 😮 Vampire du serbe вампир, vampir : chauve-souris

 Le Sachez Tu !? 

😮 Vampire
nous vient de l’allemand Vampir, du hongrois vámpir, du serbe вампир, vampir, du russe упырь, upyr et de l’ukrainien упир, upir,
mot qui désigne chauve-souris.

le Père Yves d’Évreux rapporte dans "Voyage dans le Nord du Brésil", en 1613, avoir tué un "vampire" , chauve souris suceuse de sang, de 32 pouces d’envergure.

Michael Ranft écrit en 1728 le De masticatione mortuorum in tumulis dans lequel il examine la croyance de vampires morts vivants, se régénérant par le sang.
Il faut se souvenir que la morsure de chauve-souris peut transmettre la rage, ce qui a contribué à sa légende.

Bien avant le célèbre "Dracula" de Bram Stoker en 1897,
le thème du vampire fut exploité par de nombreux auteurs :
John William Polidori : The Vampire, 1819
Charles Nodier : Histoires de vampires, 1820
Théophile Gautier : La morte amoureuse, 1836
Karl Von Wachsmann : L’étranger des Carpathes, 1844
Paul Féval : La Vampire, 1856
Sheridan Le Fanu : Carmilla, 1872
Jules Verne : Le Château des Carpathes, 1892

Quant au célèbre modèle, le prince sanguinaire Vlad III Basarab, surnommé « l'Empaleur », il serait né vers 1430, probablement à Sighișoara en Transylvanie et mort en 1476 près de Bucarest.

Il doit son surnom de Drăculea, signifiant « fils du dragon » en roumain médiéval, à ce qu'il faisait partie de l'ordre du Dragon

Ci-dessous :
Louie Van Patten né en 1985
Pyr le Vampire
aquarelle sur son site https://www.louievanpatten.com/store 
Voir

Restif de la Bretonne (1734-1806) : "Les nuits de Paris" 1788

 (Nicolas-Edme Restif de la Bretonne (1734-1806), romancier d'origine bourguignonne à Sacy, près d’Auxerre a des rues à son nom en Bourgogne (Dijon, Auxerre..) un collège, et même un square à Paris :

ce n'est que justice car je m'aperçois que c'est lui qui a inauguré un genre que j'adore, et une voie qui fut beaucoup imitée par la suite.
Il s'agit du roman décrivant les turpitudes des bas fonds parisiens avec des héros observateurs et justiciers.
Son roman s'intitule "Les nuits de Paris" ou "le Spectateur-nocturne" : 4 000 pages publiées entre 1788 et 1794, initialement de façon anonyme.

Puis vint sur ce modèle :
-Les Mystères de Paris d'Eugène Sue 1842
-Les Mohicans de Paris d'Alexandre Dumas en 1854

Les Mystères de Paris de Sue, ont eux-mêmes, par la suite inspiré des dizaines de romans dans de nombreux pays :
-les Mystères de Marseille par Émile Zola,
- The Mysteries of London de George W. M. Reynolds,
-les Mystères de Londres de Paul Féval,
-les Mystères de Lisbonne de Camilo Castelo Branco,
-les Mystères de Naples de Francesco Mastriani,
-les Mystères de Florence de Carlo Collodi
-les Mystères de Berlin,
-les Mystères de Munich,


-les Mystères de Bruxelles,
-les Nouveaux Mystères de Paris de Léo Malet,
-Les Futurs Mystères de Paris de Roland C. Wagner,
-Les Mystères Fantastiques de Paris de Thomas Andrew et Sebastian Bernadotte,
etc...

Quatorze imitations au moins paraissent de 1849 à 1870

Le Sachez Tu !? 😮 Cimetière et coma de κοιμάω, koimáô (dormir)

 Le Sachez Tu !? 

😮 Cimetière et coma
Figurez vous qu'ils sont cousins, ces deux là aussi !
Suivez ma démonstration :
a) sachant que "cimetière" vient du latin coemeterium,
issu lui-même du grec κοιμητήριον, koimêtêrion (lieu pour dormir, dortoir)
b) et que,
κοιμητήριον, koimêtêrion vient du verbe κοιμάω, koimáô (dormir) et de κεῖμαι, keímai (être couché)
d'une part, et que d'autre part :
c) coma vient du grec ancien κῶμα, kôma (sommeil profond)
et que
d) κῶμα, kôma (sommeil) est apparenté à κοιμάω, koimáô (dormir, être étendu)
d'autre part,
alors, on peut en conclure que cimetière et coma sont apparentés !

Elémentson mon cher Water ! 😛

Ci-dessous :
Carl Lessing
cimetière 

Le Sachez Tu !? 😮 Synopsis, Synopse - σύν, sún ("avec", "ensemble", comme symposium) + - ὄψις, ópsis ("vue", "optique")

 Le Sachez Tu !? 

😮 Synopsis, Synopse
(allez, une petite étymololo, vite faite, avant d'aller enfin profiter du soleil revenu !...)
Synopsis vient du latin synopsis, calqué sur le grec σύνοψις sunopsis que l'on peut décomposer en :
- σύν, sún ("avec", "ensemble", comme symposium) +
- ὄψις, ópsis ("vue", "optique")
Synopsis signifie donc : "plan", "vue d'ensemble".

Le grec ὄψις opsis (vue) est apparenté au verbe ὄψομαι, opsomai (je verrai), futur du verbe ὁράω, horáō (je vois).

Synopse est une présentation des évangiles de Matthieu, Marc, et Luc en colonne, permettant de repérer les différences entre les trois narrations.

Ci-dessous :
Affiche du film d'Henri Verneuil, de 1967 "La 25 ième heure",
adaptation du roman éponyme : "La Vingt-cinquième Heure"
de Virgil Gheorghiu paru en 1949.

Synopsis (un synopsis assez incroyable !!) :

En 1939,
dans le village roumain de Fontana, Iohann Moritz (dans le film Anthony Quinn) vit heureux avec son épouse, Suzanna (Virna Lisi) et leurs deux fils.

Mais le chef de la police locale convoite Suzanna.

Lorsque le gouvernement roumain prend la décision de regrouper « les juifs et les indésirables », Iohann est placé sur la liste par le policier, arrêté et envoyé dans un camp de travail pour le creusement d'un canal.

Malgré des démarches jusque dans la capitale, Suzanna ne peut obtenir la libération de son époux.

Elle est finalement contrainte de demander le divorce pour pouvoir conserver leur ferme et avoir ainsi de quoi élever ses fils.

En 1941, Iohann s'évade avec un groupe de prisonniers juifs qui partent vers la Hongrie, pays « où la vie est moins dure pour les Juifs ».

Mais, à Budapest, le Comité de secours ne peut pas le prendre en charge car il n'est pas juif.

Le responsable local lui donne un bijou en or pour l'aider à survivre.

Mais Iohann est alors arrêté et torturé, car considéré comme un espion roumain, porteur d'« or russe ».

Iohann est alors embarqué comme « volontaire hongrois » pour aller travailler en Allemagne, ainsi que de nombreux autres étrangers.
Iohann est affecté dans une usine où il fait la connaissance de prisonniers français.

Là, Iohann est repéré par un médecin colonel SS comme un membre authentique de la « famille héroïque », de pure ascendance aryenne.

Iohann est donc intégré dans un régiment SS, et il devient gardien du camp où il était prisonnier.

Iohann est aussi le sujet d'une grande campagne de propagande : son portrait apparait dans plusieurs publications nazies, dont Signal.

Au moment de la libération du camp, il passe avec les prisonniers français dans les lignes américaines.
Mais Iohann est considéré, en tant que Roumain, comme ressortissant d'un pays ennemi.
Iohann est donc remis dans le camp comme prisonnier.

Il y retrouve une connaissance de Fontana, l'écrivain Trajan Koruga (Serge Reggiani dans le film), qui au bout de 65 semaines de captivité, en 1946, décide de se suicider en entrant dans une zone interdite où il est abattu par une sentinelle.

Iohann est ensuite inculpé en raison de son passage dans le système de propagande nazi et jugé dans un procès secondaire à Nuremberg.

Finalement libéré en 1949, dix ans après sa première déportation, il retrouve son épouse Suzanna, qui a fui la Roumanie, et ses trois enfants.

Le troisième enfant de Suzanna est le résultat d'un viol par un soldat soviétique.

Un photographe américain présent pour une tout autre raison décide d'immortaliser ces retrouvailles et multiplie les clichés.

Le photographe exige de Iohann et de son épouse qu'ils sourient avec toujours plus de conviction...

(ouf !) 😉


Les Torches de Néron 1876

 Certains de mes lecteurs érudits ont soulevé la question de savoir si les corps des crucifiés romains (esclaves ou chrétiens) se consumaient plutôt qu'ils ne brûlaient.

😉 débat incendiaire, s'il en est ! 😃

La tradition veut qu'effectivement ces crucifiés aient été au préalable enduits d'huile pour mieux brûler..

En 64 l'empereur Néron accusa les chrétiens d'avoir provoqué l'immense incendie qui ravagea Rome.

L'historien Tacite (582-120) écrit :
« Leur assassinat était accompagné de railleries et ils étaient habillés de peaux d'animaux sauvages pour que les chiens les déchirent, ou bien ils étaient attachés à des croix et enduits de matières inflammables et quand le jour avait fui, ils éclairaient les ténèbres comme des torches… Néron aménagea ses jardins pour ce spectacle »

Dans cette scène monstrueuse, devant son palais, la Domus aurea, Néron et sa femme Poppée sont installés pour jouir du spectacle macabre .

Ci-dessous :
Henryk Siemiradzki (1843–1902)
Les Torches de Néron 1876
musée de Cracovie

Le Sachez Tu !? 😮 Laconique de Lákôn, Laconie

 Le Sachez Tu !? 

😮 Laconique
Une réponse laconique, on le sait, c'est une réponse qui ne s'embarasse pas de détails superflus...
Oui, mais pourquoi ?
Laconique vient du latin laconicus signifiant laconien, habitant de la Laconie, mot issu du grec Λακωνικός, Lakōnikós (de Laconie), de Λάκων, Lákôn, Laconie.

Ces laconiens étaient également appelés Lacédémoniens, de Lacédémone, copié sur le grec Λακεδαίμων, Lakedaímôn, nom du fondateur de leur capitale, et ils étaient réputés pour leur concision.

Dans la mythologie grecque, Λακεδαίμων, Lakedaímôn est le fils de Zeus et de la Pléiade Taygète.
Il est l'époux de Sparta, fille d'Eurotas, de qui il a un fils, Amyclas, ainsi qu'une fille, Eurydice.

Roi de Laconie, il fonde la ville de Lacédémone, ensuite rebaptisée Sparte, d'après son nom et celui de sa femme.

L’éducation spartiate avait particularité d'être obligatoire, collective et organisée par la cité, et seuls les bébés vifs et robustes, aptes à faire de futur soldats, etaient gardés : les autres étaient impitoyablements jetés d'une falaise...

Avec une telle éducation à la dure, pas étonnant que les Spartiates ou Laconiens, aient été laconiques dans leurs réponses...



Ci dessous :
Fernand Sabatté
Un Spartiate montre à ses fils un ilote ivre, 1900
Beaux-Arts de Paris.

John Everett Millais The Black Brunswicker Le Brunswickois noir (1860) Tableau

 John Everett Millais

The Black Brunswicker
Le Brunswickois noir (1860) s'inspire des exploits des hussards Brunswickois, un corps de volontaires allemands des guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Waterloo.
Le contraste entre la tenue noir du hussard et le satin blanc nacré est à l'image d' un moment de tendre conflit.

Le Brunswickois est sur le point de partir au combat. Sa fiancée, vêtue d'une robe de bal, le retient, essayant de fermer la porte, pendant qu'il l'ouvre.

Cette scène est inspirée du bal de la duchesse de Richmond le 15 juin 1815, d'où sont partis les officiers pour rejoindre les troupes à la bataille des Quatre Bras.
Le chien de la jeune femme, portant un ruban rouge comme sa maîtresse, regarde attentivement le cavalier.
Dans le cadre à l'arrière plan, le portrait de Napoléon d'après David semble appeler le jeune homme au combat.
Ce corps de Hussard de Brunswick fut décimé et très peu revinrent de la bataille.