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Le Sachez Tu !?
Espadrilles, sandales, et autres va-nu-pieds 
Espadrille vient d’espardille, emprunté à l'occitan espardi(l)hos, ou "sandales de sparte", lui-même dérivé de l'ancien provençal espart ou sparterie, du nom de la ville grecque σπάρτος Spartos.
Il y a eu, au fil du temps et des déformations, une "métathèse", ou permutation entre le R et le D, entre espardille et espadrille.
En Catalogne, et au Pays Basque, depuis le Moyen Âge, l'espardenya se porte, avec ou sans longs lacets noués autour de la cheville.
La "sparterie" regroupe la fabrication de cordes, nattes, tapis, paniers, et semelles tressées, en alfa, ou en "spart", cette sorte de jonc méditerranéen à plumet et aux feuilles solides.
"Spartiates" désignent les sandales à de lanières de cuir croisées, portées dans l'antiquité par les habitants de cette ville du centre du Péloponnèse (de Πέλοψ, Pélops, fils de Tantale + νῆσος, nêsos, île).
On qualifie de confort ou d'éducation spartiate, une éducation, un confort rigide et austère.
En effet, selon le philosophe béotien Plutarque (46-125), à leur naissance, les jeunes bébés de la puissante cité état de Sparte, devaient passer devant une commission et, s'ils étaient chétifs ou malformés, ils étaient jetés dans un gouffre du haut d'une montagne.
Ce tri constituait une forme d'eugénisme avant l'heure (de ευ-, bien + γένος, guénos, engendré) mot inventé en 1883.
Retirés de leur famille dès l'âge de sept ans, et jusqu'à vingt ans, les jeunes garçons suivaient, en commun, une éducation stricte et rigoureuse, afin d'en faire des guerriers endurcis et aguerris :
ils devaient même se battre en eux afin de créer l'esprit de compétition et le goût de l'endurance.
Les jeunes Spartiates avaient le crane rasé, dormaient sur des lits de roseaux et devaient marcher pieds nus, ce qui est un comble pour un spartiate ...
Cette terrible éducation faisait des Spartiates les soldats les plus redoutés de toute la Grèce classique...
Mais revenons à nos sandales, qui ont fait du chemin :
ce mot vient du latin sandalium, issu du grec σανδάλιον, sandalion, sans doute lui-même issu d'un mot perse, "sandal" signifiant juste... soulier.
La babouche, elle aussi, nous vient à petits pas de Perse, (et pas en tapis volant) en passant par le turc papuç (chaussure), issu du persan پاپوش papusch composé de پا, pa (pied) et پوشیدن pushidan (couvrir).
Ci-dessous :
Aphrodite, Pan et Éros, en marbre de Délos, île des Cyclade, exposée au musée national d'Athènes, et daté des environs de 100 avant J.-C.
Dans un geste aussi gracieux que coquin, la belle Aphrodite menace de sa sandale le dieu Pan en riant;
celui ci tente, en souriant, de soulever la main pudique qui cache l'intimité de la déesse.
Au dessus d'eux, un facétieux petit Eros vient ce mêler à cette scène libertine et provoquer Pan.
L'avant bras musclé et vigoureux de Pan, aux veines saillantes, laisse présager la force du Dieu satyre.
Quant à la sandale de la belle :
elle a encore ses trous par lesquels passaient sans doute les lacets disparus...
Le groupe provient de l'établissement des Poseidoniastes de Béryte à Délos et a été découvert en 1904.
Merci à Régis Pettinari pour cette suggestion
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
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