Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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mardi 22 mars 2022

Le Sachez Tu !? 😮 Caban, cabas, gabardine et Gabon :

 Le Sachez Tu !?

😮 Caban, cabas, gabardine et Gabon :
les liaisons, pas dangereuses du tout, entre ces mots ! 😉
Le caban, ce chaud manteau de marin, de laine bleue, vient du sicilien gabbano, du portugais gabão, issus de l'arabe قباء, qaba' (capote, tunique, vêtement de dessus) et était le manteau des pirates et navigateurs.
C'est d'ailleurs le portugais gabão et l'espagnol gaban qui auraient donné le pays "Gabon", car l'estuaire du Komo, à Libreville, aurait la forme d'un Caban, du moins, selon les marins découvreurs portugais...
(Honnêtement, cet estuaire ressemble plutôt à une "queue de pie", mais il est vrai qu'ils portaient davantage de cabans que de queues de pie et, surtout, qu'ils n'avaient pas la photographie aérienne... )
Le mot gabardine, lui, est un mot anglais forgé, taillé, par le célèbre tailleur anglais Thomas Burberry (1835-1926) sur l'espagnol "gabardina" signifiant justaucorps, issu du croisement de gabán, (caban, paletot) et tavardina, (jaquette) et sur le français gavardine, manteau de "serge" étanche, tissé très serré.
Gabardine est donc, également, un descendant lointain de l'arabe قباء, qaba' .
Il faut noter également que le "cabas", le sac, vient de l'ancien français cabar (panier en jonc tressé pour transporter des fruits, les poules), de l’ancien occitan "cabas", apparenté à l’espagnol capacha (panier tressé, cage) et au latin capax (qui contient)
L’arabe قفص, qafas (cage, panier tressé) est sans doute un cognat (descendant) du latin capax qui a donné capacité.
Pour revenir à notre Gabardine, c'est donc Thomas Burberry qui en déposa le brevet de fabrication en 1888 :
la petite histoire raconte que Thomas Burberry, ayant interrogé un ami berger de sa région du Surrey, en avait conclu que le vêtement de laine de celui ci était rendu imperméable par le produit utilisé lors du baignage des moutons.
En effet, les moutons sont baignés dans un produit éloignant les tiques, araignées et poux pour les protéger contre la gale et la pelade;
sans doute leur passait on également une couche de cire, ou de graisse, afin d'éviter que ce produit ne partît sous la pluie.
C'était d'ailleurs le principe d'étanchéité de la toile "cirée" et du ciré marin.
(La prochaine fois, je vous raconterai l'histoire, similaire, de l'imperméable "Trench Coat", ou "habit des tranchées).
Ci dessous :
Paul Vayson (1841-1911)
Berger et ses moutons, un berger sans doute très semblable à celui qui donna le secret de fabrication de son paletot-gabardine à Thomas Burberry, à ceci près que celui-ci fut sans doute peint dans la région de Gordes, dans le Vaucluse, village dont était issu le peintre Paul Vayson 😉
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