Le Sachez tu !?
"Une bouteille de gros rouge qui tache !"
On entendait encore cette expression dans les cafés français,
il y a une cinquantaine d'années.
A l'Ă©poque, je me demandais pourquoi :
j'ai compris au hasard de mes lectures.
Dans "Les Esclaves de Paris" de Emile Gaboriau on trouve ce passage : "Il ne me donne Ă chaque repas qu'une pauvre bouteille de mauvais bleu qui ne tache seulement pas la nappe tant il y a de l'eau dedans !"
A l'Ă©poque effectivement, le vin dit "de table" Ă©tait "coupĂ©" avec de l'eau et parfois si clair qu'il ne tachait mĂȘme plus, contrairement Ă un Ă vin charpentĂ© et entier.
Certains cavistes fraudeurs le coloraient mĂȘme avec des fleurs de sureau.
La piquette, elle est une boisson a part, pu alcoolisée, et obtenue en versant de l'eau sur le marc restant aprÚs la pression, interdite en 1907.
Quand j'Ă©tais petite, les clients allaient chercher leur vin de table avec leur bouteille vide, Ă la tireuse du "Mammouth", du "Codec" ou du "Rally" : c'Ă©tait Ă©videmment beaucoup plus Ă©conomique et Ă©cologique que le recyclage du verre actuel.
Aujourd'hui on boit beaucoup moins de vin Ă table;
en tout les cas, on ne le coupe plus avec de l'eau et on prĂ©fĂšre des crus de meilleure qualitĂ© qui mĂ©ritent d'ĂȘtre bu purs.
La jeune génération, elle, s'est plutÎt mise à a biÚre :
il y a soixante ans, il n'y avait guĂšre que deux marques de brunes : la Kronenbourg et la Pelforth, les blondes, la 33 Export (de 33cl) sont venues plus tard, et l'on voyait de nombreux cadavres de ces petites bouteilles sur les chantiers.