Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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mardi 22 mars 2022

Le Sachez Tu ? Le "Coup de Jarnac" XVIIIe siècle, le coup de Jarnac en escrime,

 Le Sachez Tu ? Le "Coup de Jarnac"

Jusqu'au XVIIIe siècle, le coup de Jarnac était, en escrime, une expression synonyme d'habileté, mais aujourd'hui, on l'assimile plutôt cette parade à un coup déloyal, habile, mais imprévu, qui prend par surprise et traitrise :
une connotation n'existant pas à l'origine.

Il s’agit d’un coup d'épée à l’arrière du genou, un peu comme la fameuse "botte de Nevers" du Bossu, de l'écrivain Paul Féval.

Or donc, il était une fois, un futur baron : Guy Chabot de Saint-Gelais de Jarnac, petite ville proche de Cognac, sur la Charente. Ce baron était l'époux de la sœur de la duchesse d’Étampes, maîtresse de François Ier (attention, il va falloir suivre ! 😛 ).

Or, il existait deux camps à la cour :
les partisans de la duchesse d'Etampes, et
ceux de Diane de Poitiers, maîtresse du Dauphin et futur Henri II.

Un jour que l'on demandait au baron de Jarnac, d'où lui venait ses magnifiques vêtements, il répondit ingénument que c'était un cadeau de la jeune seconde épouse de son père, ce qui fit se gausser le clan du Dauphin, qui émit des suppositions sur les liens réels de Guy et de sa jeune "belle-mère".

Petit scandale à la cour : pour laver son honneur, Guy ne pouvait exiger réparation du dauphin et c'est François de Vivonne qui accepta de se battre en duel à la place de celui-ci.

François de Vivonne était le meilleur escrimeur de la cour et avait une telle réputation, que le malheureux Guy Chabot de Saint-Gelais de Jarnac dut prendre des cours d'escrime en stage intensif.

Il choisit un bretteur patenté : le capitaine Caize, spadassin italien. Nous voici donc en plein film de cape et d'épée, avec Jean Marais dans le rôle de Jarnac :
au matin du 10 juillet 1547, la cour s'installa pour observer les duellistes, devant le château de Saint-Germain-en-Laye ( Versailles n'existait pas encore).

Jarnac, vite en difficulté, porta le coup enseigné par le capitaine Caize au mollet de François de Vivonne. Celui ci, blessé, cherchait à se battre encore.
Alors que Jarnac s'était retourné pour demander sa grâce au dauphin Henri, il dut se défendre et porta un coup fatal de son adversaire.

François de Vivone mourut de l'infection de ses blessures, quelques jours plus tard.

Henri II, épouvanté par la fin tragique qu'il venait de faire subir à son ami, pour une mauvaise plaisanterie, décida d'interdire dorénavant les duels...

Mais, par un hasard incroyable de l'histoire, jour pour jour, 12 années plus tard, Henri II fut puni de cette terrible mésaventure et mourut, lui même, en tournoi, en recevant la lance de Gabriel de Montgomery dans l'oeil, après dix jours d'une atroce agonie :
c'était le 10 juillet 1559...

Ci-dessous :
plutôt que de chercher un duel de gentilshommes, bretteurs, spadassins ou mousquetaires du XVI° siècle,
j'ai choisi cet étrange et rare (unique ?) duel à l'épée,
opposant ...deux femmes !

d'Emile-Antoine Bayard (1837-Le Caire 1891), contemporain de Gustave Doré (1832 -1883) illustrateur.
Louis Hachette fit souvent appel à lui pour illustrer ceux de la Bibliothèque Rose.
"Une affaire d'honneur", peint en 1884 :
Ce tableau a bien sûr une dimension érotique, mais aussi transgressive, puisqu’il met en scène deux femmes usurpant une prérogative masculine : la défense de son honneur dans un duel à l’épée.
Il s’agirait d’un duel ayant opposé dans le bois de Vincennes la femme de lettres Gisèle d’Estoc, nom de plume de Marie-Paule Alice Courbe, et Emma Roüer, une écuyère au cirque Medrano et modèle de Manet.

Toutes deux étaient élèves du célèbre maître d’armes Arsène Vigeant.

Gisèle d’Estoc victorieuse, blessa Emma au sein gauche à la quatrième reprise.

Gisèle d’Estoc avait eu un coup de foudre pour l’écuyère durant son numéro de voltige, lui avait jeté un bouquet de violettes de Parme et avait dîné avec elle le soir-même dans un cabinet particulier. Mais par la suite, l'écuyère aurait colporté des ragots sur cette aventure...

Il existe deux autres tableaux dont " La réconciliation" (dans les commentaires ci-dessous)
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