Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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jeudi 2 juin 2022

Le Sachez Tu !? Chauffeur, chauffard de la chaudière de la machine

 Le Sachez Tu !?

😮 Chauffeur, chauffard
"Plus vite chauffeur..Plus vite.." :
je vous imagine bien, assis au fond du car sentant la banane écrasée dans les sacs à dos, lors de la sortie scolaire de juin 1969 à la fabrique de papier locale, scandant, hilare, avec vos copains de CM2, cette exhortation au conducteur du bus...
Mais, à propos : avez vous réfléchi à l'origine du mot "chauffeur" dans le sens "conducteur" ?
Non, bien sûr... (Heureusement que je suis là...)
Chauffeur vient de l'époque où celui qui manœuvrait (de main + œuvre) une machine à vapeur était, en même temps, chargé d'entretenir le feu en chauffant la chaudière de la machine.
C'est le Français Denis Papin qui construisit vers 1660 la première chaudière fermée par une soupape.
Le premier, il eut l'idée du piston, mais son prototype, resta inefficace.
En 1770, le Français Cugnot construisit un fardier, premier véhicule destiné à la traction de pièces d'artillerie.
Mais ce fardier, trop lourd, utilisait plus d'énergie qu'il n'en fabriquait...
Enfin, en 1784 l'anglais James Watt, déposa le brevet d'une locomotive à vapeur, munie d'un cylindre à double action où la vapeur entraînait le piston, et devenait ainsi le premier chauffeur...
Le chauffeur-mécanicien le plus célèbre est sans doute celui de la "Bête humaine" de Zola, Jacques Lantier qui aime sa locomotive, la Lison, plus qu'une femme.
Lantier est magnifiquement interprété par Jean Gabin dans l'adaptation cinématographique de Jean Renoir, sortie en 1938.
Ci-dessous :
Robert-Antoine Pinchon (1886–1943)
Le Pont aux Anglais de Rouen ou soleil couchant,
1905 (54 X 73 cm)
Le nom du pont vient de ce que ce furent des ouvriers Anglais qui le construisirent.
Lors des émeutes de 1848 qui conduisirent à l'abdication de Louis-Philippe, les premières arches furent incendiées par les émeutiers et la locomotive parvint tout juste à les franchir avant qu'elles ne s'écroulent dans la Seine.
Le pont fut reconstruit, mais en métal cette fois.
Musée des Beaux-Arts de Rouen
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"Tomber en panne", panne sèche : "mettre un bateau à panne" signifiait l’immobiliser

 


Le Sachez Tu !? 😮 "Tomber en panne", panne sèche
cela évoque l'arrêt de votre véhicule sur la route ?
Mais saviez vous que l'origine de l'expression vient du vocabulaire de la marine à voile ?
Déjà en 1573, on disait "bouter le vent en penne".
Cela signifiait que l'on suspendait l'effet du vent sur la voile en l'orientant de telle façon que le bateau s'immobilise.
Au XVIe siècle, "mettre un bateau à panne" signifiait l’immobiliser afin de le réparer ou de laisser passer d’autres navires devant lui. Les voiles étaient alors placées de telle manière que le bateau ne bougeât plus
Par la suite, au 18ème, on disait d'un bateau immobilisé qu'il était "en panne".
La panne "sèche" caractérisait la manière de tenir en panne par le seul jeu du gouvernail sans que l’on ait besoin de commander la voilure.
Ce n'est qu'avec les voitures automobiles que le reservoir vide a été assimilé à la panne "sèche", par confusion, alors que l'expression était antérieure.
Mais si la panne des marins est volontaire, celle de l’automobiliste est toujours imprévisible, enfin... presque : sauf quand il décide de faire le "coup de la panne" ! 😉
Le mot "panne" est une variante de penne, l'extrémité de la vergue, rappelant la pointe d'une plume : (1515) pene, longue vergue latine.
Penne, panne, viennent du latin pannus (étoffe) qui donne pan, panneau.
Ci dessous :
Le combat du Wagram (à droite) le 5 Novembre 1813 contre la flotte anglaise, au large de Toulon.
Auguste Étienne François Mayer (1805–1890)
Un des plus beaux faits d’armes du légendaire Julien Marie Cosmao.
Le Wagram, et ses 118 canons, était commandé par le capitaine de vaisseau François Legras, et le contre-amiral Cosmao-Kerjulien qui prit l’initiative d’aller soutenir deux frégates, qui purent grâce à cette intervention rejoindre le mouillage à Toulon.
Le combat fit relativement peu de dégâts dans les deux camps.
Les Français comptèrent 17 blessés, tandis que les Anglais eurent un tué et 14 blessés.
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Le mot "bagne" vient de l'italien bagno

 Le Sachez Tu !? Bagne, Bagnards et Forçats

Le mot "bagne" vient de l'italien bagno, bain, parce c'est à Livourne, ville proche de Pise, dans le nord de l'Italie, que des prisonniers turcs et barbaresques furent détenus dans des prisons construites sur d'anciens bains publics romains, prisons qui furent appelées "bains" ou "bagno" par dérision.
Il semblerait que ces caves eussent été régulièrement inondées, ce qui accentua la comparaison.
Les bagnards et forçats français étaient internés à :
Toulon, Brest, Lorient, Rochefort, ou partaient pour Cayenne, et la Nouvelle Calédonie
Cependant, tous les bagnards n'étaient pas forcément forçats et donc condamnés aux travaux forcés.
Forçat vient de l’italien forzato (galérien) et une équipe de galériens s'appelait une "chiourme" (cadence) d'où le "garde chiourme".
Les bagnes ont été crées en France pour remplacer la condamnation aux galères, très usitée sous Louis XIV, dont le ministre, Colbert, n'hésitait pas à envoyer des protestants aux galères royales.
Cependant, galères et galériens enchainés, devinrent moins utiles avec l'avènement d'une marine à voile, plus rapide et plus maniable, et surtout des canons, comme le montra la bataille contre les Ottomans, à Lépante, auprès de Patras en Grèce, en 1571.
Le bagne, tout aussi infâmant, remplaça alors la peine aux galères : dans les ports français, qui bénéficiaient des infrastructures des galères, du coup, puis dans les colonies où les bagnards devaient rester et s'établir, une fois leur peine effectuée, afin de valoriser ces territoires :
cet exil des condamnés vers les colonies fut pratiqué par tous les pays européens.
En France, on cessa d'envoyer les prisonniers vers les bagnes coloniaux en 1938, et le bagne fut définitivement supprimé en 1945.
Ci-dessous:
Bagne de Belle île en mer :
bagnards débarquant
gravure de Jules-Marie Lavée XIX°
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Rossignol philomèle : "qui aime le chant, (φιλομήλα philo : ami + μέλος, mélos, le chant mélodieux)

 Le Sachez tu !?

😮 Rossignol philomèle :
"qui aime le chant, (φιλομήλα philo : ami + μέλος, mélos, le chant mélodieux).
C'est en effet le nom complet en français, de ce petit oiseau, qui ne paye pas de mine mais qui fait le bonheur de nos jardins quand il quiritte ou trille, de jour comme de nuit...
Mais, me suis-je dit, pourquoi "Philomèle" ?
Ecoutez plutôt, c'est une terrible histoire triste.
Il était une fois (ou peut-être deux) un jeune roi prénommé Térée qui régnait sur les Thraces (Bulgarie).
Pour remercier Térée d'avoir remporté une victoire, Pandion, le roi d'Athènes lui donna sa fille Progné pour épouse.
Hélas, ce mariage commença sous de mauvais auspices puisqu'un hibou se posa au-dessus de la chambre nuptiale.
De l'union de Térée et Progné naquit cependant un fils, Itys.
Au bout de cinq années de mariage, Progné confia à son époux qu'elle souhaitait revoir sa petite soeur chérie restée à Athènes : Philomèle, (celle qui aimait les pommes).
Térée se mit donc en route jusqu'à Athènes, mais en voyant la jeune soeur de son épouse, il conçut un violent désir pour elle.
Ignorant cela, le roi Prandion confia Philomèle à Térée, lui faisant promettre d'en prendre grand soin.
Térée promit, mais, à peine débarqué sur les côtes de Thrace, il se jeta sur la pauvre Philomèle, l'entraina dans une bergerie et la viola sauvagement...
Pour éviter qu'elle ne l'accuse, Térée coupa la langue de la pauvre Philomène et la retint prisonnière, sous bonne garde, dans la bergerie.
De retour dans sa capitale, il fit croire à son épouse Progné, que sa jeune soeur avait péri durant la traversée de la mer Egée...
Prisonnière, Philomèle eut l'idée de tisser une tapisserie racontant son horrible destin et fit porter cette tapisserie en présent à sa soeur, par sa servante.
Progné comprit alors quel horrible monstre était son mari et n'eut plus qu'une obsession : la vengeance, pour elle et pour sa pauvre soeur.
Profitant de célébrations en l'honneur de Dionysos qui avaient lieu au palais, elle alla secrètement délivrer Philomène qu'elle ramena avec elle.
Mais c'est là que le conte devient terrible et horrible :
les deux soeurs tuèrent le jeune Ytis, le fils de Térée et de Progné et le firent manger à celui-ci.
A la fin du repas, le roi Térée demanda à sa femme à voir son fils : "il est avec toi" lui répondit celle , et Philomèle surgit avec la tête de l'enfant qu'elle jeta sur la table...
(Pire que les soeurs Papin !)
Alors, ivre de rage, Térée se jeta sur les deux femmes, mais, celles-ci prièrent les Dieux de leur venir en aide.
Elles furent alors immédiatement transformées en un rossignol pour l'une et une hirondelle pour l'autre, et s'envolèrent à tire d'aile.
Térée, lui même métamorphosé en Huppe ne put les atteindre.
Et ce pauvre Ytis me direz vous ? (et vous aurez raison)
les Dieux prirent pitié de lui, pauvre petit, et le métamorphosèrent en un joli petit chardonnet, à la tête rouge et au magnifique plumage jaune qui se mit à gazouiller gaiement sur la plus haute branche d'un arbre... (sauf dans la version d'Ovide)
sources :
Antoninus Liberalis, Métamorphoses,
Homère, (800 avant J-C-740 avant J-C), Odyssée
Hygin, (67 av.-17 ap. J.-C.) Fables
Pausanias, (115- 180) Description de la Grèce
William-Adolphe Bouguereau (1825–1905) et son épouse
Elisabeth Jane Gardner
"Philomèle et Progné"
1861 1.7 m x 1.3 m
Musée national du Château de Fontainebleau
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jeudi 5 mai 2022

Le Sachez Tu !? 😮 Syllogomanie et syllogisme

 Le Sachez Tu !?

😮 Syllogomanie et syllogisme
Syllogomanie : ou quand la collectionite aigüe devient compulsive, s'apparente à une thésaurisation pathologique et prend parfois même la forme du fameux "syndrome de Diogène", celui où l'on ne peut plus se séparer de rien, où l'on accumule des ustensiles vieux, inutiles, cassés et sans valeur, des vieux bouts de ficelles rangés dans des boites en carton...
Vous avez peut-être vous même du mal à jeter, ou un compagnon qui est atteint de ce syndrome très encombrant, une démarche d'entassement justifiée par un "ça peut peut-être servir", ou la peur du manque déclenche une colère disproportionnée en cas de nettoyage... (any resemblance is purely coincidental... 🙂 )
Le syllogisme, lui, est un raisonnement logique constitué de trois propositions :
les deux premières, sont les prémisses majeure et mineure, suivies d'une conclusion.
L'exemple courant est :"Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme, donc Socrate est mortel".
Attentions aux "faux syllogisme" cependant, ou "paralogisme" qui conduisent à des absurdités, tels que : "un cheval rare est cher, or un cheval bon marché est rare, donc un cheval bon marché est cher" 😉
On retrouve la racine grecque σύλλογος, syllogos (réunion, collection) dans syllogomanie et syllogisme, racine elle même constituée de λέγω, légô (choisir) + le préfixe συν-, sun- (rassemblement).
Ci-dessous :
pour illustrer le collectionneur compulsif (mais pas encore pathologique)
Willem Van Haecht (1593-1637)
Le cabinet de Cornélius van der Geest, (1575-1638),
Ce riche bourgeois d'Anvers, négociant en épices, consacra sa fortune à soutenir des artistes anversois tels que Rubens.
Il réunit une riche collection de peintures et de sculptures.
Cette peinture date de 1628 et
représente la visite des archiducs Isabelle et Albert, gouverneurs des Pays-Bas catholiques en 1615 (à gauche) et Cornélius leur présentant une Madone.
On voit également des bateaux sur l'Escaut par la fenêtre ouverte.
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Le Sachez tu !? 😮 Cynisme, cynophile et cynorhodon :

 Le Sachez tu !?

😮 Cynisme, cynophile et cynorhodon :
quel lien inattendu unit ces mots ?
Aujourd'hui, on a tendance à confondre un peu cynisme et sarcasme (σαρκάζω, sarkazô : montrer les dents, voir l'article Le Sachez Tu !? 😮 du 6 décembre 2021).
En réalité, le cynisme est la doctrine philosophique enseignée par Antisthène (444- 365 av. JC), puis Diogène, celui qui vivait dans son tonneau, et qui prônaient la désinvolture, l'humilité, l'anticonformiste, la liberté et prirent pour modèle le demi-Dieu Héraclès ...
Or Antisthène, qui, de mère Thrace et de père Athénien, était demi citoyen, avait pris l'habitude d'enseigner comme sophiste, dans un gymnase situé aux portes d'Athene, et dédié au demi Dieu Héraclès : le Cynosarge, gymnase où l'on acceptait les demi-citoyens, ceux dont l'un des deux parents n'est pas Athénien.
Ce gymnase portait donc le nom de Κυνόσαργες, Kunosarges (chien agile) et c'est ce qui aurait déterminé Antisthène à baptiser, par autodérision, sa doctrine "cynisme".
Par la suite les allusions se multiplièrent et Diogène aimait à dire qu'il souhaitait être "enterré" comme un chien"...
Le cynorhodon, ou gratte-cul, lui, est le fruit de l'églantier dont on fait des tisane et des confitures et signifie "rose des chiens" en grec : κυνός, kunόs (chien) + ῥόδον, rhόdon (rose), car on pensait qu'il pouvait guérir de la rage.
Le cynorhodon permet en effet de lutter contre les maladies bactériennes ou virales grâce a sa teneur en vitamine C, 20 fois supérieur à celle des oranges.
Ci-dessous :
pour illustrer le grec κυνός, kunόs (chien)
Adriaen Cornelisz Beeldemaker (1618–1709)
La chasse 1653
185.5 cm x 224 cm
Collection Rijksmuseum Amsterdam
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Macron : le traitre de Tibère

 Le Sachez Tu !?

😮 Macron
serait-il le descendant du traitre romain Quintus Naevius Cordus Sutorius dit "Macro" (Macron en français) ?
En 31, Macron (né en 21 avant J.C. et mort en 38) lit devant le sénat, une lettre de l'empereur Tibère où celui ci décide de la disgrâce de Sajan, alors préfet du prétoire.
Macron fait arrêter et exécuter Sajan et la place de préfet du prétoire se retrouvant opportunément libre, Macron devient préfet du prétoire...
Puis Macron, alors que l'empereur Tibère, quoique malade et détesté, est toujours en place, mise sur le futur Caligula, et pousse son épouse Ennia à devenir la maitresse de celui-ci, pour s'en attirer les bonnes grâces...
Pour accélérer l'arrivée au pouvoir de son jeune protégé, le futur empereur Caligula, selon les historiens Tacite et Dion Cassius, Macron n'hésite pas à faire étouffer le vieil empereur Tibère, alors âgé de 78 ans, dans la villa de Lucullus, au Cap Misène, dans la baie de Naples.
Caligula fait casser le testament de Tibère, qui léguait l'empire à son petit-fils Gemellus Tibère.
Mais, à peine nommé empereur, Caligula, peu reconnaissant envers celui qui fut l'artisan, encombrant, de son ascension, fait arrêter Macron et son épouse et leur fait donner l'ordre de se suicider...
Les traitres sont toujours punis, à la fin...
Caligula sera d'ailleurs lui-même assassiné peu après, à l'âge de 29 ans, par sa propre garde...
Ci dessous :
Jean-Paul Laurens (1838 -1921)
Nous sommes en 37, Tibère, malade et détesté, s'est réfugié dans la luxueuse villa de Lucullus, dans la baie de Naples : l'assassin commandité par le préfet du prétoire Macron vient pour étouffer Tibère et tente de lui arracher son anneau impérial.
Tibère, malade, émacié et vert, se débat encore, et la longue toge dont il est enveloppé ressemble déjà plutôt à un suaire...
1864
Huile sur toile 177 × 223 cm
Musée Paul-Dupuy, Toulouse, Toulouse
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