Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Les articles classés par dates :

mardi 20 juillet 2021

Musc et civette : des glandes animales mâles

 

56 min Paris 
Partagé avec Public
Public
Le sachez tu !? 😮
Musc : vous saviez sans doute que cette matière odorante intervient dans la composition de nombreux parfums, mais saviez vous que le musc est en réalité la glande préputiale du chevrotain mâle ?
Le latin muscus vient du grec μόσχος, moskhos, issu du persan musk signifiant tout simplement... testicule 😉
Cette sécrétion lui sert à marquer son territoire et attirer les femelles (l'effet "magic Impulse" pour ceux qui se souviennent de la publicité des années 80 !... 🙂 ).
Un musc de moins bonne qualité que celui du chevrotain provient de la civette, ou chat musqué.
Le mot civette vient d'ailleurs de arabe زباد, zabād désignant le musc et signifiant aussi écumeux, crémeux.
La "Civette" est aussi le plus vieux bureau de tabac parisien établi depuis 1776, 157 Rue Saint Honoré.
Quant à l'enseigne à la carotte des bureaux de tabac, c'est une obligation légale depuis 1906, et la forme vient de ce que les paquets de feuilles de tabacs étaient ficelés en "carotte".
En 1826, Jean-Baptiste et Augustin Gellé rachètent la parfumerie savonnerie de Jean-Louis Fargeon, parfumeur de la reine Marie-Antoinette : elle existe toujours rue de l' Opéra, Paris...
TOUS DROITS RÉSERVÉS©
Cet article, et plus de 350 autres articles, est à retrouver sur :
- la page Face Book " Le sachez tu !? 😮 "
- et sur le blog :

vendredi 16 juillet 2021

Chimère, idée utopique, créature monstrueuse, lion chèvre et serpent, ou jeune chèvre ?

 

49 min Toulouse 
Partagé avec Public
Public
Le sachez tu !? 😮
Chimère : aujourd'hui on entend par là, une idée irrationnelle, un produit de l'imagination, un fantasme irréalisable, un projet utopique...
Mais saviez vous que "chimère" vient du latin chimæra, emprunté au grec Χίμαιρα Khímaira, et désignait initialement une jeune chèvre ayant passé un hiver : χεῖμα, kheîma ?
Homère décrit ainsi cette créature monstrueuse dans l’Iliade : lion par-devant, serpent par-derrière, chèvre au milieu, et crachant le feu.
Selon le poète Hésiode, au VIII° avant Jésus Christ, Chimère serait la fille du démon Typhon et de Échidna, une créature déjà moitié femme et moitié serpent et mère de nombreux monstres.
Chimère s'unit avec le chien Orthos et donna naissance au Sphinx, monstre également hybride : au corps d'un lion, à la figure de femme et aux ailes d'oiseau.
C'est le sphinx, qui, gardant l'entrée de la ville de Thèbe, posa la fameuse énigme à Oedipe dont la réponse est l'homme.
Chimère enfanta également le Lion de Némée dont Héraclès dans ses travaux dut ramener la peau.
Le roi de Corinthe Bellérophon vainquit finalement le monstre Chimère grâce à son cheval ailé Pégase, un don d'Athéna : il vola au-dessus d’elle, et lança un javelot garni de plomb, que la gueule de feu de chimère fit fondre, ce qui lui brûla les entrailles.
Bellérophon signifie d'ailleurs "le tueur au javelot" : βέλος velos, javelot et φοντης fontis : tueur.
Chimère de Jacopo Ligozzi
Jacopo Ligozzi, né à Vérone en 1547 et mort à Florence en 1627, fut un peintre et ornemaniste issu d'un milieu de brodeurs et de décorateurs de Vérone.
Il dessina d'abord des dessins d'animaux et de fleurs pour la cour des Habsbourg à Vienne.
Ce dessin est visible au musée du Prado de Madrid.
TOUS DROITS RÉSERVÉS©
Cet article, et plus de 350 autres articles, est à retrouver sur :
- la page Face Book " Le sachez tu !? 😮 "
- et sur le blog :


lundi 28 juin 2021

Le sachez tu !? :O Olibrius persécute Sainte Marguerite (ou Ste Reine)

 

50 min Paris 
Partagé avec Public
Public
Le sachez tu !? 😮
Olibrius : vous avez lu ce mot dans les imprécations du capitaine Haddock, mais savez vous que le personnage d'Olibrius aurait vraiment existé ?
Il existe en réalité, dans l'histoire, trois Olibrius distincts :
- Anicius Olybrius Augustus, qui fut empereur romain d'Occident pendant quelques mois, avant sa mort en 472.
- un préfet d'Antioche, persécuteur de sainte Marguerite
- un gouverneur des Gaules, qui aurait fait martyriser sainte Reine en 252 et tourné en ridicule dans des saynètes du moyen-Age.
Molière se moque également d'Olibrius dans sa comédie L'Étourdi ou les Contretemps.
Ci-dessous :
Sainte Marguerite et Olibrius, épisode de la vie de sainte Marguerite de la Légende dorée de Jacques de Voragine.
Le préfet Olibrius, regagnant son château s'écarte de sa suite pour venir contempler Marguerite, dont il est tombé amoureux.
Indifférente, la jeune bergère file la quenouille auprès de ses compagnes, en gardant ses moutons dans un paisible paysage de campagne médiéval.
Convertie au christianisme, Marguerite a fait vœu de virginité.
Elle repousse les avances du gouverneur romain Olybrius et refuse d'abjurer sa foi.
La légende veut qu'elle fut avalée par un monstre, dont elle transperça le ventre avec une croix et sortit vivante mais fut finalement décapitée...
Pour Sainte Reine, la légende est très proche : cette jeune Gauloise de seize ans convertie au christianisme, faisait paître ses moutons au pied du mont Auxois, site présumé d'Alésia, en 253.
Un gouverneur romain des Gaules, un certain Olibrius, voulut abuser d'elle. Elle résista et refusa le mariage pour ne pas abjurer sa foi.
Elle fut martyrisée, lacérée par des peignes de fer et enfin décapitée sur ordre de l'éconduit :
les histoires d'amour non partagées finissent mal, en général (aussi ! 😉 )
Cet article, et plus de 380 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

vendredi 25 juin 2021

Naguère et jadis : il n'y a guère et déjà des jours...

 

Le sachez tu !? 😮
Jadis et naguère : alors que jadis est une contraction de l’ancien français « ja a dis » signifiant "il y a maintenant des jours", composé de ja (maintenant, déjà), de (il y) "a" et de "dis"(jours, comme lundi), naguère est, lui, une contraction de "il n'y a guère de temps".
Ces deux adverbes de temps, un peu désuets, sont donc loin d'être synonymes puisque jadis indique un temps lointain et naguère une période proche...
Il est difficile d'illustrer ces deux adverbes, si ce n'est en juxtaposant des histoire de générations :
"Lecture au grand-père par son petit-fils", 1893,
de Albert Anker (1831–1910), peintre suisse, auteur de nombreux et charmants portraits naturels et ruraux.
Voici un grand-père qui vieillit paisiblement entouré des siens : on en prend soin (couverture, oreillers, tisane...).
On reconnait ce grand-père sur de nombreux tableaux d'Albert Anker, sans doute son propre père ou un proche, avec ce même bonnet et ce visage serein.
Le père du peintre, Samuel Anker, était, comme son grand père Rudolf, le vétérinaire du petit village suisse d'Anet, près du lac de Neuchâtel.
Samuel accepta avec mansuétude qu'Albert abandonnât ses études de théologie pour suivre des cours de peinture, discipline qui l'attirait particulièrement.
Après avoir accompli une carrière parisienne, Anker se retira à Anet avec son épouse, Anna Rüfli et leurs six enfants dont deux moururent jeunes, dans la ferme familiale transformée en atelier, ferme que l'on peut visiter aujourd'hui.
Cet article, et plus de 380 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

jeudi 24 juin 2021

Travail : une torture : de tripalium, trois pieu, ou du latin trabs, étayage, ou de tribularer, torture ?! ;)

 

Le sachez tu !? 😮
Bataille d'expert sur le travail....
"Travail" apparaît au XIIe siècle, et est le "déverbal", nom issu d'un verbe, en l'occurrence du verbe "travailler".
Travailler serait, selon le linguiste Alain Rey, issu du latin tripaliare, signifiant "torturer avec un trepalium" .
Or, cette évolution linguistique suppose le dérivé intermédiaire "tripaliare" que l'on n'a pas encore répertorié dans les écrits anciens, avec une transformation inexpliquée du i en a.
"- L’éthymon tripalium est une chimère" déclare, pour sa part, le linguiste André Eskénazy...
Selon Emile Littré, au contraire, l'origine de "travail" serait plutôt le latin "trabs" signifiant poutre, étayage...
Lequel croire !?...
L'étymologie n'est décidément pas toujours une science exacte et le travail fait débat...
Au XIIeme siècle, en tout cas, le mot désigne déjà un tourment psychologique ou une souffrance physique comme le travail de l'accouchement.
Il existe peut être une influence également du verbe latin "tribulare" (comme tribulations), signifiant d'abord presser avec une herse, puis tourmenter, torturer.
"Tripalium", est attesté chez Cicéron au 1er siècle avant Jésus Christ. Tripalium vient de tripalis, composé de tres, trois, et palis, pieu.
Martyre de St André crucifié sur une crois en "X" : il manque le troisième pieu, celui qui fiché dans le sol supporte la croix.
Juan Correa de Vivar
André, dont le prénom signifie viril (andros : homme) et son frère Simon Pierre, étaient natifs du village de Béthsaïde, là où le Jourdain se jette dans le lac Génésareth, ou lac de Tibériade, actuelle mer de Galilée.
André et Simon Pierre étaient deux pêcheurs, disciples Jean le Baptiste, qu'ils quittèrent pour suivre Jésus après son baptême par ce dernier.
L'histoire ne dit pas si Jean en fut vexé...
Après la Pentecôte, André partit évangéliser les rives de la Mer Noire, la région du Danube, la Thrace, la Macédoine et la Grèce.
Mais à Patras, le consul Egeatus, dont il avait converti la famille, le fit torturer, puis attacher sur une croix en X.
Pendant les deux jours que dura son supplice, André continua à prêcher, et la foule, émue, implora qu’il fût délivré.
Mais les bourreaux, ne purent le détacher de la croix.
Sur ce tableau, la posture de St André est impossible : soit il repose sur ses pieds -or, les pieds sont attachés par dessous donc c'est impossible, soit il est pendu par les bras et sa tête se trouverait beaucoup plus bas que ses épaules...
Peut-être un miracle de plus ?... 😉
Le Martyre (avec un e) (du martyr, sans e) Saint André
de Juan Correa de Vivar
peintre espagnol né à Mascaraque vers 1510, mort à Tolède en 1566
Cet article, et plus de 380 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :