Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

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dimanche 16 janvier 2022

"Le Sachez Tu !? 😮 " Stryges strix au singulier, vient du latin strix (chouette)

 "Le Sachez Tu !?

😮 " Stryges
strix au singulier, vient du latin strix (chouette) qui vient lui-même, comme on s'y attend, du grec στρίγξ strígx (oiseau de nuit) et de l'onomatopée du cri des effraies.
στρίγξ strix au singulier et στριγός strigos au pluriel, sont apparentés au verbe στρίζω strízô (siffler, crier).
Actuellement, et comme le mot "succube" vu précédemment, ce terme est remis à la mode grâce aux jeux videos comme Dragon Quest, aux bandes dessinées et séries du genre "Fantasie" (sic, pas de i), et il désigne, comme succube, un démon femelle ailé, au bec crochu et assoiffé de sang.
Mais la Strix la plus célèbre reste celle qui a le menton dans ses mains crochues et qui nous observe en tirant la langue, du haut de Notre Dame.
Ces chimères néogothiques furent imaginées au XIX° siècle par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) qui restaura Notre Dame.
Ci-dessous :
gravure de
Charles Meryon (1821-1868)
Stryge de notre Dame portant l'inscription au bas de l'ovale : "Insatiable vampire, l'éternelle Luxure, Sur la Grande Cité convoite sa pâture".
"Notre Dame de Paris" de V.Hugo, paru en 1831, ne la cite pas : et pour cause, le roman est antérieur la la pose de cette chimère (1850 environ).
Charles Meryon souffrait troubles psychologiques, de dépression, et du délire de persécution...
Il croyait en de nombreuses superstitions et il se passionnait pour les sciences occultes.
Ses estampes portent d'ailleurs souvent des significations cryptées (en bas à gauche, à côté de son monogramme).
Régulièrement interné à partir de 1858 à l’asile de Charenton, il y mourut à 47 ans, en 1868.
Remarquer à l'arrière plan la tour Saint Jacques

Le Sachez tu !? 😮 "Une bouteille de gros rouge qui tache !"

 Le Sachez tu !?

😮 "Une bouteille de gros rouge qui tache !"
On entendait encore cette expression dans les cafés français,
il y a une cinquantaine d'années.
A l'époque, je me demandais pourquoi :
j'ai compris au hasard de mes lectures.
Dans "Les Esclaves de Paris" de Emile Gaboriau on trouve ce passage : "Il ne me donne à chaque repas qu'une pauvre bouteille de mauvais bleu qui ne tache seulement pas la nappe tant il y a de l'eau dedans !"
A l'époque effectivement, le vin dit "de table" était "coupé" avec de l'eau et parfois si clair qu'il ne tachait même plus, contrairement à un à vin charpenté et entier.
Certains cavistes fraudeurs le coloraient même avec des fleurs de sureau.
La piquette, elle est une boisson a part, pu alcoolisée, et obtenue en versant de l'eau sur le marc restant après la pression, interdite en 1907.
Quand j'étais petite, les clients allaient chercher leur vin de table avec leur bouteille vide, à la tireuse du "Mammouth", du "Codec" ou du "Rally" : c'était évidemment beaucoup plus économique et écologique que le recyclage du verre actuel.
Aujourd'hui on boit beaucoup moins de vin à table;
en tout les cas, on ne le coupe plus avec de l'eau et on préfère des crus de meilleure qualité qui méritent d'être bu purs.
La jeune génération, elle, s'est plutôt mise à a bière :
il y a soixante ans, il n'y avait guère que deux marques de brunes : la Kronenbourg et la Pelforth, les blondes, la 33 Export (de 33cl) sont venues plus tard, et l'on voyait de nombreux cadavres de ces petites bouteilles sur les chantiers.
Ci-dessous :
de José-Jimenez Aranda, (Séville 1837-1903)
"Le buveur heureux"
Son vin, est plutôt clair et lumineux, en tout cas il rend joyeux

Le Sachez tu !? 😮 Bactérie : du grec βακτηρία, baktêria signifiant bâton de marche

 Le Sachez tu !?

😮 Bactérie :
ce mot vient du latin scientifique "bacterium", construit sur le grec βακτηρία, baktêria signifiant bâton de marche, béquille, à cause de la forme en bâtonnet des premières bactéries observées, les bacilles.
βακτηρία, baktêria, bâton de marche, est dérivé de
βαίνω, baínô (marcher) avec le suffixe -τρον, -tron signifiant " qui sert de".
"Bactérie" fut inventé en 1838, par l'anatomiste allemand Christian Gottfried Ehrenberg (1795–1876) qui se spécialisa dans les recherches au microscope.
Contrairement aux cellules (et aux cerises), ces micro-organismes unicellulaires n'ont pas de noyau.
L'administration répétée d'antibiotiques chez l'homme est responsable de la résistance bactérienne aux antibiotiques : la présence d’antibiotique dans l’organisme favorise la sélection des bactéries résistantes (les non résistantes sont détruites).
Les antibiotiques absorbés vont éliminer les bactéries sensibles à l'antibiotique, pour ne laisser la place qu'aux bactéries résistantes.
Ces bactéries alors peuvent se transmettre et diffuser entre les individus, particulièrement en milieu de soins (infections nosocomiales, du latin nosocomium (infirmerie), issu du grec νοσοκομεῖον, nosokomeîon (infirmerie).
Elles rendent les traitements antibiotiques inefficaces pour le patient, mais aussi pour la collectivité.
Un parallèle peut être fait avec les mutations virales, l'adaptation des virus et l'échappement vaccinal favorisant les variants.
Ci-dessous :
Cette création colorée et artistique de CW Röhrig, représente la "conjugaison bactérienne".
La "conjugaison", sorte d'échange sexuel, donne aux bactéries la possibilité de résister aux antibiotiques.
A gauche :
la bactérie donneuse, mâle, transfère à la bactérie de droite, réceptrice et femelle l'information sous forme d'ADN qui empêchera l'antibiotique d'agir.
Carl-W. Röhrig est né le 12 novembre 1953 à Munich.
C'est un peintre et illustrateur scientifique allemand,
son site est vraiment superbe et mérite une visite :
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Le Sachez tu !? 😮 seriner : serin, serinette, orgue

 Le Sachez tu !?

😮 seriner :
On sait que ce verbe veut dire répéter, rabâcher inlassablement quelque chose : seriner des conseils à un enfant.
Mais sait-on pourquoi ?
Autrefois, les propriétaires de canaris et autres serins (parfois de merles) tentaient de leur apprendre un air.
Il fallait, pour cela, avec beaucoup de patience, répéter cet air plusieurs fois par jour.
Cet enseignement se faisait à l'aide d'une "serinette" : un instrument de musique mécanique, genre de petit orgue de barbarie (corruption de Barberi, facteur d’orgue de Modène au XVIII°) destiné à apprendre des mélodies courtes aux oiseaux siffleurs.
Le chant du serin, qui tient plutôt de la trille, est cependant très rapide et métallique.
Serin vient du latin siren, emprunté au grec Σειρήν, Seirến (sirène, animal ailé) car le chant de ces oiseaux était comparé à celui des sirènes.
Serin du Mozambique
Dessin Frank Bouttevin Archives Larousse
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Le Sachez tu !? 😮 Patient patience, passion, du verbe patior, pati, (endurer, souffrir).

 Le Sachez tu !?

😮 Patient
patience, passion, passible, et en élargissant "pénitent", ont une racine (étymon) commune : le latin "patiens", du verbe patior, pati, (endurer, souffrir).
Patior est apparenté au grec ποινή, poinế (peine, châtiment), lui même apparenté à πάσχω, páskho (endurer) ou πάθος, pathos (passion).
Aujourd'hui on parle plutôt de la "patientèle" d'un médecin, terme prenant en compte la valeur financière que celle ci représente.
Lors de la revente de sa patientèle, celle ci est valorisée de 25 à 50 % de la moyenne des trois derniers chiffres d’affaires annuels du cabinet pour un médecin généraliste.
Ci-dessous :
une peinture datant de 1820 et exposée à l'Institut des Arts de Minneapolis :
l'autoportrait de Francisco de Goya (1746–1828)
avec le Docteur Arrieta lui faisant boire une potion (du latin potio, du verbe poto (buvant, de bibo), comme "potable" : buvable).
Goya a le visage blême, les mains crispées sur la couverture et semble souffrir.
Goya a écrit que le Docteur Arrieta lui avait sauvé la vie, mais on ne sait de quel mal exactement...
Il vécu encore huit ans après cette grave maladie.
On peut lire au bas de la peinture :
« Goya reconnaissant, à son ami Arrieta : pour la justesse et l'application avec lesquelles il lui a sauvé la vie dans son intense et
dangereuse maladie, dont il a souffert fin 1819, à l'âge de soixante-treize ans. Il l'a peint en 1820. »
A l'arrière plan : trois visages sombres, celui de gauche tient une coupe, ce sont sans doute les médecins qui ont égaré le malade avant l'intervention du docteur Arrieta.
Goya, a souffert d'une mystérieuse maladie qui l'a empêché de produire pendant une année, en 1819 et l'a laissé sourd.
Il s'agirait d'une maladie auto-immune appelée syndrome de Susac.
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Le Sachez tu !? 😮 Nicolas de Largillière (1656–1746) "La Belle Strasbourgeoise" 1703

 Le Sachez tu !?

😮 Nicolas de Largillière (1656–1746)
"La Belle Strasbourgeoise" 1703
Largillierre fut l'un des portraitistes les plus réputés du XVIIe siècle.
Fils d’un chapelier, il grandit à Anvers, où sa famille s'était installée alors qu'il avait trois ans.
A l'âge de neuf ans, son père le plaça chez un marchand londonien pour y apprendre le commerce mais, voyant qu’il passait son temps à dessiner (comme dans la publicité Guy Degrenne de 1984 !), son père le fit revenir et accepta de le laisser suivre sa passion pour la peinture.
Mais pour faire un véritable métier de cette passion enfantine, Nicolas fut placé à ses douze ans en apprentissage à Anvers dans l’atelier du peintre Antoine Goubeau, où il appris sérieusement l'art des natures mortes, des paysages et les bambochades.
Au bout de quelques mois, Nicolas, lassé de peindre des fruits, des fleurs, des poissons et des légumes, décida d'exécuter secrètement une Sainte famille.
Son maitre Goubeau, lui demanda qui il avait copié, et Nicolas lui rétorqua qu’il n’avait consulté que son génie !
Un an plus tard, Goubeau lui déclara qu’il n’avait plus rien à lui enseigner.
A sa mort, il aurait laissé plus de 4 500 portraits.
Cette belle strasbourgeoise n'a sans doute de strasbourgeoise que le nom et est sans doute la soeur de Nicolas, bien parisienne : un air mutin, les gants, les bijoux, un extravagant bicorne noir en dentelle, beaucoup de féminité dans les gestes, la "tournure", et la façon de tenir son petit chien lui confèrent une grâce particulière et ravissante...
huile sur toile 138 x 106 cm
Musée des Beaux-Arts de Strasbourg, dans le palais de Rohan
Une seconde version datée de 1703 également, de La Belle Strasbourgeoise, très proche de celle ci, a été acquise le 15 septembre 2020 pour 1 1 570 000 €.
Elle appartenait à l’industriel Paul-Louis Weiller dont la collection a été dispersée chez Christie’s à Paris.
Cette autre version de La Belle Strasbourgeoise a établi un record pour l’artiste en vente publique.
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Le Sachez Tu !? 😮 nosocomiale du grec νοσοκομεῖον, nosokomeîon, (infirmerie, dispensaire)

 Le Sachez Tu !?

😮 nosocomiale
(et non "nocosomiale", comme on le voit, parfois)
est l'adjectif désignant les infections contractées à l'hôpital, et vient du latin nosocomium, calqué sur le grec νοσοκομεῖον, nosokomeîon, (infirmerie, dispensaire)
lui même issu du grec νοσοκόμος, nosokómos (infirmier) que l'on peut encore décomposer en νόσος, nóSos (maladie, moyen mnémotechnique pour le S !) + κομέω, koméô (soigner).
En France, on estime que plus de 750 000 infections nosocomiales plus ou moins graves sont la cause directe de plus de 4 000 décès chaque année.
Certains traitements favorisent ces infections :
- les antibiotiques qui déséquilibrent la flore bactérienne des patients et sélectionnent les bactéries résistantes,
- les traitements immunosuppresseurs,
- les actes invasifs comme les sondages urinaires, les poses de cathéter, les ventilations artificielles ou les interventions chirurgicales.
La pneumonie nosocomiale est une infection pulmonaire qui peut se développe chez les personnes hospitalisées, à partir de deux jours d’hospitalisation.
De nombreux virus, bactéries et même champignons peuvent provoquer une pneumonie chez les personnes hospitalisées.
Les symptômes les plus fréquents sont :
toux "productive" (grasse), douleur thoracique, frissons, fièvre, essoufflement.
La pneumonie acquise dans un hôpital est généralement plus grave que la pneumonie communautaire, car les micro-organismes infectieux ont tendance à être plus agressifs et aussi moins susceptibles de répondre aux antibiotiques :
ils développent une résistance et une adaptation qui résulte de mutations chromosomiques de ces bactéries, phénomène comparable aux mutations virales.
Ci-dessous :
Henri Gervex (1852-1929)
peintre et pastelliste :
L'Ambulance de la Gare de Poitiers, le 11 septembre 1915.
Sur cette gravure, on voit quatre infirmières et un médecin dispensant des soins d'urgence à plusieurs soldats, dans un milieu improvisé, non stérile, un sol jonché de saletés et de pansements jetés :
un milieu parfait pour le développement des infections nosocomiales...
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