Le sachez tu !? :o Chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Le sachez tu !? :o Petite chronique étymologique et culturelle par Laurence Chalon

Les articles classés par dates :

mardi 16 février 2021

Le sachez tu !? 😮 Biscuit désignait au Moyen Âge des petits pains cuits de deux fois (bis cuit)

 Le sachez tu !?

😮 Biscuit désignait au Moyen Âge des petits pains cuits de deux à quatre fois au four.
Biscotte, emprunté à l'italien biscotto, est également composé du préfixe bis- et de cotto, participe passé de cuocere, cuire, et signifie donc cuit deux fois.
Cuire est issu du participe passé latin coctus (cuit) du verbe coquo, coquere (je cuis) et a donné l'oeuf à la coque, qui n'est donc pas un oeuf de coq, comme le croyait mon fils. 😉
Une cocotte est donc une petite marmite pour cuire et un maître-queux est un maitre dans l'art de cuire et non de tenir le manche de la casserole, ou encore tout autre signification salace que l'on pourrait imaginer !... 😃
Le pain 🍞 bis aurait une autre origine : fait à partir de farine bise, non raffinée et des grains de blé ayant gardé leur enveloppe, le "son".
L'art culinaire vient du latin culina, cuisine, issu également de la même racine coquo.
Sucre, lui, est un mot qui a beaucoup voyagé, et vient d'Inde :
il est issu de l’italien zucchero, lui-même issu de l’arabe سُكّر, sukkar, issu du persan شکر, šekar, issu du sanskrit शर्करा, śárkarā et s'est décliné en sugar en anglais et Zucker en allemand...
George Flegel est né en 1566 et il est mort en 1638, à Frankfort sur le Main, où est exposé cette peinture.
Dans cette jolie nature "morte" sucrée et délicatement exécutée, le biscuit à une forme de coeur travaillé.
On remarque aussi quatre petits insectes, comme attirés par le sucre, les avez vous remarqués ?
Une petite coccinelle sur la table, une guêpe translucide sur le pain, un papillon jaune pâle sur le sucre et... un insecte est dessiné sur la coupe.
Il faut noter les petites touches de blanc qui donne le relief du verre travaillé, aux poires et beignets enrobés de sucre.
Huile sur panneau de bois,
Hauteur : 21,7 cm X Largeur : 17,0 cm
"Nature morte pain et sucreries"
Städelsches Kunstinstitut und Städtische Galerie (musée municipal)
Frankfurt am Main
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

Le sachez tu !? 😮 Mansarde vient par "antonomase" de l'architecte Jules Hardouin-Mansart,

  Le sachez tu !?

😮 Mansarde vient par "antonomase" (comme Poubelle, Silhouette, McAdam et autres Diesel...) de l'architecte Mansart.
Jules Hardouin-Mansart, anobli en comte de Sagonne, est né en 1646 à Paris et mort en 1708 et fut le premier architecte de Louis XIV.
Cependant, il semble que ce soit Pierre Lescot qui inventa le premier ce type de charpente à angle brisé puisque l'aile du palais du Louvre, construite par Pierre Lescot en 1546, soit cent ans naissance de François Mansart, avait déjà un comble brisé...
En réalité, pour rendre à César ce qui est à César et à Lescot sa trouvaille, on devrait dire une " lescotienne" pour qualifier les mansardes ! 🙂
Les dessus romantiques des toits parisiens mansardés au crépuscule dans un doux jeu d’éclairage.
Les toits de Paris de l'artiste russe Evgeny Lushpin, né en 1966 dans la région de Moscou, peuvent être achetés avec de nombreuses autres oeuvres charmantes sur son site :
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :
Peut être une image de route et ciel
Vous, Gérard Perraud, Chantal Guillaume et 16 autres personnes
11 partages
J’aime
Commenter
Partager

samedi 13 février 2021

Le sachez tu !? 😮 Mansuétude vient du latin mansuetus, de manus, main + suesco, "j'habitue".

 Le sachez tu !?

😮 Mansuétude vient du latin mansuetus, signifiant apprivoisé, issu du verbe latin mansuesco, apprivoiser, composé de manus, main + suesco, "j'habitue".
C'est logique : la main qui caresse et à laquelle on s'habitue, finit par vous apprivoiser, pour peu que l'on caresse "dans le sens du poil" 😉
Le verbe suesco est, selon toute vraisemblance, issu du pronom suus "sien" + le suffixe verbal -esco, donnant le sens "faire sien".
Le suffixe verbal -esco est apparenté au suffixe grec -σκω, sko.
Au sens figuré, mansuesco signifiait aussi apaiser, calmer.
Il y a eu donc un glissement sémantique de l'acte d'apprivoiser et d'apaiser, à celui de faire preuve de compassion et de bienveillance qui est la signification de mansuétude aujourd'hui.
Pour illustrer la notion délicate de "mansuétude", mon choix s'est porté sur : "Le Loup d'Aggubio" de Luc-Olivier Merson.
Ce joli tableau retrace la légende du Loup du village de Gubio, proche de Pérouse, qui terrorisait les habitants.
Un jour, St François d’Assise, qui parlait aux animaux, fit un signe de croix sur le front du Loup.
Devenu ainsi miraculeusement apprivoisé et plein de douceur, le loup fut nourri par les habitants de Gubbio jusqu'à sa mort.
Dans ce tableau de genre, la scène se passe dans les ruelles de Gubio enneigées : un loup, débonnaire, caressé par une fillette souriant à sa mère, est nourri avec bienveillance par le boucher du village.
Il vient littéralement lui "manger dans la main".
Le lion est devenu miraculeusement doux grâce à la bénédiction de St François ou Francesco est originaire d'Assise, à 50 Km de Gubio, (1181-1226) et le miracle est exprimé par une auréole, un nimbe esquissé au dessus de la tête du loup.
Le loup porte également de de nombreuses amulettes et des médailles autour du cou.
St François étant le patron des animaux et étant réputé pour parler aux oiseaux, de nombreux animaux figurent aussi sur ce tableau : un chat caressant, un chien endormi, des pigeons qui s'ébattent, une pie, un âne et un cheval qui se cabrent, apeurés par le loup...
Ce tableau riche, fouillé et coloré, peint en 1877, fut exposé pour la première fois au salon des artistes français de Paris de 1878.
Huile sur toile de 88 cm × 133 cm
visible au Palais des Beaux-Arts, Lille
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

mardi 9 février 2021

Le sachez tu !? :O "Métèque" de μετά, metá "changement" + οἶκος, "maison"

 Le sachez tu !? :O "Métèque" : "Avec ma gueule de métèque" chantait le grec Georges Moustaki en 1969.

Ce mot n'avait rien de réellement péjoratif à l'origine, alors que c'est devenu presque une injure dans le français courant.
Métèque vient du grec ancien μέτοικος, métoïkos, signifiant "qui a changé de résidence" composé de μετά, metá "changement" + οἶκος, "maison".
Le métèque était un ressortissant grec venant d'une autre cité et qui devait s'acquitter d'une taxe annuelle à Athènes, le μετοίκιον métoikion ainsi que d'une taxe pour pouvoir vendre sur l'agora, contrairement aux Athéniens.
En cas de problème, le métèque avait un interlocuteur à qui il pouvait s'adresser : le προξενητής, proxênetés ou "intermédiaire, courtier" qui a donné une profession encore courante de nos jours dans certains quartiers... ;)

Ainsi, considèrerez vous les proxénètes avec davantage d'indulgence, à présent que vous savez qu'ils ne sont que des courtiers nécessaires aux échanges entre particuliers. ;)

Comme il est devenu difficile de trouver de nos jours, un métèque acceptant volontiers d'illustrer ce mot, devenu par un glissement sémantique, très péjoratif, j'ai choisi de privilégier une belle reconstitution historique de l'Agora où s'échangeaient biens et idées à l'époque.
Aujourd'hui le quartier marchand d'Athènes, la Plaka, est plutôt au pied de l'acropole et on y trouve pour le plaisir des touristes du monde entier de splendides représentations d' Ἡρακλῆς Hēraklês (gloire à Héra)...made in China ;)

Leo von Klenze (1783–1864)
Reconstitution de l'Acropole et de l'Aéropage à Athènes
L' Acropole à Athènes : ce tableau fut acheté en 1852 par Louis I de Bavière, le père de Louis II, et accessoirement amant de Lola Montes, au peintre Leo von Klenze.
Il est exposé à la Nouvelle Pinakotek de Munich
1846
huile sur toile
Hauteur : 102,8 cm X Largeur : 147,7 cm
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
https://www.facebook.com/Le-Sachez-tu-O-Chronique-%C3%A9tymologique-et-culturelle-106236634209640
- et sur mon blog :
www.country-connection.fr





Le sachez tu !? 😮 Rastaquouère de arrastrar, "trainer" + cueros, "cuirs"

 Le sachez tu !?

😮 Rastaquouère "Lola rastaquouère, rasta..." chantait Serge Gainsbourg en 1979...
Rastaquouère vient de l'espagnol arrastrar, "trainer" + cueros, "cuirs" et désigne les tanneurs sud-américains ayant fait une fortune rapide et facile à la fin du XIX°.
Malgré ce que l'on pourrait penser, son étymologie n'a donc rien à voir avec les "Rastafaris".
Rasta ou rastafari, lui, vient du surnom du dernier empereur éthiopien Halié Sélassié, le "Negus"(1892-1975) : Ras (tête, leader en langue amharique éthiopienne) + Tafari (celui qui est craint).
Le modèle du rastaquouère est le brésilien de l'Opérette de 1866 "La Vie Parisienne" de Jacques Offenbach, ou le "Mexicain Basané" chanté par Marcel Amont, ou encore le "Tonton Cristobal" de Pierre Perret, qui revient de Buenos Aire le "cul cousu de pesos et lingots", sans oublier le méchant, fumeur de cigares, dans Tintin : Roberto Rastapopoulos 😉
Vers 1880 à Barcelonnette, dans les Alpes de haute Provence, revinrent de nombreux exilés qui avaient fait fortune au Mexique et firent construire des villas dont le clinquant devait mettre en évidence les richesses acquises en Amérique du Sud.
Le caricaturiste belge Jules Renard, connu sous le pseudonyme de
Draner, né en 1833 à Liège et mort en 1926 à Paris, créa les costumes de différents Opéras Bouffes d'Offenbach, dont le costume du " Brésilien" de la "Vie Parisienne" pour la première en 1866.
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :



samedi 6 février 2021

Le sachez tu !? 😮 Sarrasin, vient du latin Sarraceni, Arabes, issu du grec σαρακηνοί

 Le sachez tu !?

😮 "Sarrazin" ou Sarrasin, vient du latin Sarraceni, Arabes, issu du grec σαρακηνοί sarakinoí, issu lui-même du mot arabe signifiant oriental : sharqiyyin.
Le grec sarakinoí a pu être influencé par la toponymie :
- de la ville de Σάρακα, Saraka, citée par Ptolémée (peut-être un lien avec la nécropole de Saqqarah dédiée au dieu Sâkar ?)
- d’une région de la péninsule du Sinaï mentionnée au VIe siècle par le géographe byzantin Étienne de Byzance (528–535).
Ptolémée est un géographe gréco-romain né à Thébaïde, en Haute-Égypte, vers 100 après Jésus Christ et mort vers 168 à Canope, aujourd'hui Aboukir en Egypte.
L'arabe شرقيين sharqiyyin, signifiant orientaux au pluriel, ou شرقي, cherqy, oriental au singulier, dérive de الشرق el šarq, l'Est ou le levant en arabe.
Ptolémée mentionne dès le II° la population nomade arabe par l'expression "σαρακηνοί", sarakinoí, désignant d'abord les tribus du Sinaï puis celles de l'actuelle péninsule arabique.
Quant au blé dit "sarrasin" ou blé noir, ramené par les croisés au retour de leurs voyages en Orient, il est en réalité originaire du Népal.
A partir de 1843, date de la prise de la smala d'Abd el-Kader par le duc d'Aumale, fils de Louis-Philippe, la mode en peinture et en littérature est à l'orientalisme et les voyageurs romantiques ramènent de nombreuses évocations de ce monde exotique encore peu connu.
Ici, un jeune marchand du Caire, au visage noble et farouche, mais aux pieds nus, nous regarde, droit dans les yeux et nous propose une peau de tigre et un ancien casque de croisé.
A l'arrière plan, un colporteur chargé de gourdes, (ou de lampes à huile, comme dans Aladin ?! 🙂 ) déambule en appelant les clients, pendant qu'une femme voilée de mauve le hèle au fond de la ruelle et une autre l'observe de son balcon.
L'emploi des teintes chaudes : oranger, jaune, sable, contribue à évoquer la chaleur ambiante et l'on souffre pour ce jeune homme couvert d'une fourrure dans une ambiance étouffante.
Jean Léon Gérôme voyagea en Turquie et en Egypte en 1857 et y effectua de très jolies scènes de genre orientalistes.
Jean-Léon Gérôme (1824–1904)
Le marchand de fourrures du Caire
1869
huile sur toile
Hauteur : 61,5 cm X Largeur : 50,0 cm
Collection particulière
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :

Le sachez tu !? 😮 Quel est le lien entre Cupidon et la cupidité !? Le verbe latin cupio

 

Le sachez tu !?

😮 Quel est le lien entre Cupidon et la cupidité !? Comment deux mots aussi opposés peuvent-ils avoir la même racine ?
Cupidité, cupide vient du verbe latin cupio, cupere : désirer, convoiter.
Cupido, cupidinis signifie donc désir, amour, et a donné Cupidon, assimilé au dieu grec Eros, mot issu du verbe ἔραμαι, éramai, "j'aime", apparenté à ἐρωή, erôế, "précipitation", et ἐρωέω, erôéô , couler, désirer.
Eros, ou Cupidon, est souvent représenté avec des ailes d'ange, son arc et les flèches qu'il décoche dans le cœur des humains, faisant naître ainsi désirs et passions.
Caché par sa mère Venus dans la forêt pour le soustraire à l'ire de Jupiter, il essaye d'abord ses flèches sur les animaux, puis troque ses flèches de bois contre des flèches d'or pour le cœur des hommes (et des femmes !)
Devenu adulte, Cupidon est chargé par sa mère Vénus, jalouse, de rendre amoureuse la belle Psyché ("Âme") du mortel le plus laid possible.
Mais Cupidon se blesse avec l'une de ses propres flèches et tombe amoureux de Psyché...
Tout le drame des belles mères possessives est sans doute résumé là, dans cette maladresse de tir à l'arc...
William-Adolphe Bouguereau (1825–1905)
Cupid on the lookout ( Cupidon à l'affut )
Cupidon avec ses ailes et son visage d'ange est prêt à décocher sa flèche, l'air mutin et narquois, assis à côté de son carquois...
1890 signé et daté en majuscules en bas à droite
huile sur toile
Dimensions 117 cm X 77 cm
Collection of Fred and Sherry Ross
le A.R.C. (Art Renewal Center) est un musée en ligne fondé par Fred Ross, milliardaire et passionné de William-Adolphe Bouguereau.
TOUS DROITS RÉSERVÉS © Laurence Chalon 2019
Cet article, et plus de 300 autres, est à retrouver sur :
- ma page Face Book " Le sachez tu !? 📷 "
- et sur mon blog :